Le chancelier allemand Olaf Scholz demande à la Chine des relations commerciales “équitables”

Le chancelier allemand Olaf Scholz a atterri vendredi matin à Pékin, pour la première visite en Chine d’un dirigeant de l’Union européenne et du G7 depuis le début de la pandémie. Alors que ce voyage est vu d’un œil critique par les alliés de Berlin, il a plaidé pour “davantage” de coopération avec la Chine, mais aussi des relations commerciales “équitables”.

Le chancelier allemand Olaf Scholz a atterri vendredi 4 novembre à Pékin dans le cadre d’une visite très controversée en raison du contexte de défiance croissante de l’Occident face au régime autoritaire chinois.

“Nous ne sommes pas des partisans d’un découplage” des relations économiques avec la Chine, a déclaré le chancelier allemand avant un entretien avec son homologue Li Keqiang à Pékin.

“Mais il est aussi clair pour nous que cela est lié à des relations économiques équitables, avec une réciprocité, à la question d’une ouverture réciproque aux investissements”, a-t-il ajouté.

Très controversé, ce déplacement de quelques heures est le premier d’un dirigeant de l’UE et du G7 en Chine depuis le début de la pandémie il y a près de trois ans.

“Résultats gagnants-gagnants”

“Nous nous rencontrons à un moment de grandes tensions causées notamment par la guerre de la Russie en Ukraine”, a souligné Olaf Scholz, alors que la Chine revendique sa neutralité – vue par les Occidentaux comme un soutien tacite au Kremlin.

Le chancelier allemand a d’ailleurs demandé au président Xi de faire jouer “son influence” sur la Russie afin qu’elle mette fin à sa “guerre d’agression” contre l’Ukraine. 

“La Chine et l’Allemagne doivent se respecter mutuellement” et “résister conjointement aux interférences” dans leur relation, a pour sa part estimé Xi Jinping, selon des propos rapportés par la télévision publique chinoise.

“Nous espérons que l’Allemagne poursuivra une politique positive à l’égard de la Chine afin de parvenir à un bénéfice mutuel et à des résultats gagnant-gagnant entre les deux pays”, a-t-il dit.

À sa descente d’avion, la délégation allemande, qui compte une soixantaine de personnes, a été accueillie par la garde militaire et du personnel de santé en combinaison intégrale pour effectuer des tests de dépistage au Covid-19.

La stricte politique du zéro Covid a conduit Pékin à fermer ses frontières depuis 2020.

Renouant avec les visites en Chine de son prédécesseur, la démocrate-chrétienne Angela Merkel (12 voyages en 16 ans de pouvoir), le social-démocrate Scholz est accompagné d’une délégation d’industriels, dont les patrons de Volkswagen et BASF.

Or, la dépendance de la première économie de l’UE à cette autocratie, où les entreprises allemandes réalisent une part importante de leurs profits, est de plus en plus remise en question. 

Ne “plus dépendre” ?

La ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock s’est prononcée pour “ne plus dépendre d’un pays qui ne partage pas nos valeurs”, au risque de se rendre “politiquement vulnérables au chantage”.

Quelques jours avant le voyage, le chancelier allemand a cependant autorisé une prise de participation chinoise dans le terminal portuaire de Hambourg (nord).

“Malgré le ressentiment et la pression à l’encontre des politiques industrielles de la Chine”, Olaf Scholz “semble décider de passer outre pour le moment”, note le politologue Shi Yinhong, de l’université Renmin à Pékin.

Mais “la Chine, dans le contexte national et international actuel, a besoin de sa visite”, estime Shi Yinhong auprès de l’AFP