Le cirque se poursuit

Ce n’est pas les prévisions – ou imprévisions – de la station nationale de météorologie qui a contraint le gouvernement d’annuler le programme culturel prévu au Morne le 1er février écoulé. La Météo n’a fait que servir d’excuse au régime MSM. Un prétexte qui ne trompe personne. Le Premier ministre voulait tout simplement éviter de faire face à un public qui ne lui aurait probablement pas accueilli avec des fleurs. Surtout pas après l’affreux manque d’eau qui a contraint des habitants de Case Noyale et de Coteau-Raffin à manifester spontanément dans les rues en début de semaine. La crainte que ces derniers ne viennent au pied de la montagne hautement symbolique qu’est Le Morne pour faire entendre leurs peines a donc forcé le gouvernement de revoir ses plans. Ce qui explique aussi la haute surveillance policière lors de la cérémonie du dépôt de gerbes, mercredi. Tout comme cela avait été le cas quand Pravind Jugnauth s’était rendu à Vallée-Pitôt samedi dernier et lorsque des habitants qui voulaient rentrer chez eux après une sortie avaient été refoulés par des policiers qui avaient barricadé le lieu. Sans doute pour prévenir tout affrontement avec le chef du gouvernement.

Si l’on est arrivé à une telle situation, c’est que Pravind Jugnauth sait que ses jours au gouvernement sont comptés. Même dans sa circonscription au no. 8, des habitants mécontents, dont des résidents du complexe NHDC d’Upper Dagotière, n’hésitent plus à se faire entendre (voir pages 8-9). Sans compter les dénonciations d’un conseiller – de surcroit du MSM – du Conseil de district de Moka sur certaines pratiques irrégulières concernant l’allocation des contrats. Tout ceci n’est pas de bon augure ni pour le Premier ministre ni pour son gouvernement. Le pays est assis un volcan social, près de s’exploser à la moindre étincelle. Une étincelle qui peut provenir de l’angoisse qui paralyse les Mauriciens à cause du coût élevé de la vie. Ou elle peut découler de l’incompétence des autorités à gérer les catastrophes liées au changement climatique. Ou elle peut aussi résulter du manque d’eau dans plusieurs endroits. Ou elle peut encore être liée à la façon dont opère notre police, et plus précisément la ‘Special Striking Team’ (SST) d’Ashik Jagai.

Nous voulons, par exemple, savoir pourquoi la police objecte toujours à la remise en liberté conditionnelle de Bruneau Laurette, même en l’absence de preuves incriminantes contre lui, alors qu’un célèbre TikTokeur, a, lui, été relâché sur parole quelques heures suivant son arrestation mercredi, après que la poudre blanche retrouvée chez lui ait été analysée et identifiée comme n’étant pas de la drogue en un temps brisant tous les records, et digne de figurer dans le « Guinness Book of World Records ». D’ailleurs, le taser, arme illégale retrouvée chez ce dernier, était bien réel, comparé aux armes factices saisies chez Laurette. Mais cette différence de traitement réservé aux deux hommes s’expliquerait par le fait que l’un est un opposant acharné du gouvernement tandis que l’autre est qualifié comme étant un gros bras, connu pour sa proximité avec un ministre aboyeur en particulier. Ne nous étonnons donc pas, aussi incongru soit-il, que le dossier du TikTokeur se soit refermé aussi vite qu’il n’ait été ouvert.

Nous voulons, par contre, que l’Attorney General vienne nous éclairer sur les actions prises par son bureau suite à la demande de ‘Mutual Legal Assistance’ faite par les autorités réunionnaises pour pouvoir coffrer le dénommé Franklin. Pourquoi ce dernier est-il toujours en liberté à Maurice alors qu’il a été condamné à sept ans de prison à l’île sœur pour avoir facilité un trafic de zamal entre Maurice et La Réunion ? Il doit y avoir, quelque part, anguille sous roche. Autrement, le gouvernement aurait sauté sur l’occasion que lui a offerte les autorités réunionnaises pour montrer qu’il est intransigeant dans sa mission de « casse lerein trafiquants ». Certaines connexions reviennent ainsi à la surface, comme celles, prétendues, entre Franklin et l’ASP Jagai que celui-ci dément avec véhémence. Le cirque se poursuit, mais il ne nous fait plus rigoler…