Le DPP prend à contrepied le PM

Déportation du Slovaque Peter Uricek

C’est aujourd’hui, lundi 25 juillet, que la cheffe-juge, Bibi Rehana Mungly-Gulbul, entendra si un officier du ‘Passport and Immigration Office’ (PIO), ainsi que le directeur de l’aviation civile, auraient commis un outrage à la Cour suprême en faisant fi d’une injonction d’un juge de cette instance, qui interdisait la déportation du Slovaque Peter Uricek.  

Cette injonction intérimaire avait été émise par le juge Iqbal Maghooa le 26 avril, aux alentours de 14h15. Il avait été servi au PIO mais aussi au Prime Minister’s Office (PMO), entre autres entités. Cet ordre interdisait formellement à ces entités de déporter Peter Uricek ou de l’extrader avant la conclusion de la procédure d’extradition engagée contre lui. Le Slovaque devait ainsi comparaitre de nouveau en cour le 28 avril.

Or, le même jour, Peter Uricek avait été déporté manu militari, malgré les objections de son homme de loi, Me Yatin Varma. Les officiers du PIO devait même lui dire qu’ils avaient « gagn lord depi la haut ». L’avocat avait été malmené par ces officiers et avait même été projeté par terre. Un comportement qui avait entraîné un mécontentement généralisé parmi les hommes en noir, et qui avait même débouché sur une marche de protestation le 13 mai dernier dans les rues de la capitale.

Une motion pour outrage à la Cour suprême a ainsi été déposée le 18 juillet dernier par le Directeur des poursuites publiques (DPP) devant cette instance, par voie d’un affidavit juré par le ‘Legal Support Officer’ du bureau du DPP, Tharenduth Kissensing. Selon l’affidavit, c’était le sergent Mootoosamy, du PIO, qui avait accompagné Peter Uricek à l’aéroport le 26 avril dernier pour le livrer aux autorités slovaques. Cela malgré l’injonction qui interdisait sa déportation, commettant ainsi un outrage à la Cour suprême. Cet outrage concerne aussi le directeur de l’aviation civile, qui était aussi au courant de l’injonction du juge Maghooa.

Dans son affidavit, le DPP considère que cette déportation a entravé la bonne marche de la justice étant donné que le Slovaque, qui contestait sa déportation, était sous la juridiction des cours de justice mauriciennes. Il devait ainsi comparaître à nouveau devant la Cour de district de Port-Louis en mai dernier. Selon le DPP, rien ne donne le droit au directeur de l’aviation civile d’agir comme bon lui semble dans une affaire de ce genre. Il lui incombait, ainsi qu’au sergent Mootoosamy, de se porter garants de la sécurité du Slovaque.

Cette motion du DPP prend à contrepied la position du Premier ministre, qui a toujours soutenu que l’extradition de Peter Uricek était légalement justifiée.