« Le gouvernement attend-il qu’il y ait mort d’homme avant d’agir ?»

Effondrement d’une maison à Tranquebar

La nuit du 24 janvier. L’île est arrosée par les averses. Les éclairs zèbrent le ciel et le grondement du tonnerre semblent se rapprocher. Un bruit infernal retentit avec soudaineté, faisant craindre le pire. La maison des Seewoochurn à Camp Manna, Tranquebar, s’effondre alors que ces derniers dorment à poings fermés.

Les Seewoochurn vont échapper à la mort de justesse. Trois membres de cette famille sont évacués à l’aube du 25 janvier par les éléments de la Special Supporting Unit (SSU) avec l’aide des voisins. Cet effondrement spectaculaire met à l’avant plan la sécurité des habitants de plusieurs endroits de l’île en cas de pluies torrentielles.

La maison a été prise sous le déluge des eaux provenant de la montagne toute proche. La cause de cet effondrement serait l’absence d’une canalisation adéquate pour l’évacuation de l’eau provenant de la montagne et des multiples rivières aux alentours.

« Cette situation ne date pas d’hier. C’est le résultat de l’eau qui dévale de la montagne qui aurait provoqué ce glissement de terrain », s’insurge Navin Seewoochurn, qui a vécu une nuit qu’il n’est pas près d’oublier. Ce dernier affirme qu’il a fait des nombreuses requêtes auprès de la municipalité de Port-Louis pour l’aménagement des drains dans la localité, ce qui n’a rien donné, « sauf de fausses promesses ». « Est-ce que le gouvernement attend qu’il y ait mort d’homme avant d’agir ? », fulmine Navin Seewoochurn. Il en a plus que marre de cette situation à laquelle sa famille fait face depuis toutes ces années. La même peur resurgit à chaque fois qu’il y a des grosses pluies. Cette fois-ci, la famille Seewoochurn a vécu son plus grand cauchemar.

Certains habitants ont dû construire des drains de fortune par leurs propres moyens dans leurs cours afin d’éviter l’accumulation de l’eau. Toutefois, face aux intempéries intenses, la saturation du sol et la vitesse à laquelle l’eau se déversait des canaux et des rivières, les systèmes d’évacuation que les habitants ont construits n’ont pas résisté. Une partie de ces édifices a été emportée par les eaux en furie. Dans certains cas, les habitants se sont vus obligés de détruire eux-mêmes leurs digues de fortune pour empêcher l’eau de s’accumuler.

Plus loin, au lieu dit Gaston Martin, ce n’est que le 25 janvier que la municipalité a placé des dalles sur la rue pour que les habitants n’empruntent plus la ruelle boueuse durant les inondations. Ces familles qui expliquent qu’ils sont au  bout du rouleau, éprouve le plus grand mal à empêcher l’eau d’envahir leurs cours et leurs maisons lors des grosses pluies.

« Quand il pleut, la maison entière est  inondée et de mauvaises odeurs se dégagent », nous explique Anjani Bageeruth, qui est venue rendre visite à sa fille dans ce quartier. Effectivement, de cette ruelle à Gaston Martin se dégage une odeur nauséabonde. Les habitants craignent être les victimes des maladies.

Le manque de drains est bel et bien visible dans cette localité. Selon Jaman, un autre habitant, l’eau provenant de la montagne se répand en passant par plusieurs ruelles pour venir submerger les maisons se trouvant au bas de la colline.

Situation presque similaire chez un autre habitant, Ramasamy, qui a eu la malchance de construire sa maison sur le lit d’une ancienne rivière. « J’ai tout construit avec mes propres moyens, j’ai mis un châlit mais à chaque fois qu’il y a des grosses pluies et des inondations, c’est un grand courant d’eau qui descend, emportant tout sur son passage », dit-il.

Le cercle vicieux des squatters de Camp Manna

Les squatters craignent pour leur vie depuis l’effondrement de la maison des Seewoochurn à Camp Manna. Ils soulignent avoir frappé à plusieurs portes afin que le gouvernement et la National Housing Development Corporation (NHDC) leur offre une facilité de relogement. Ils expriment leur ras-le-bol vu qu’ils sont toujours sur la ‘waiting list’ depuis plusieurs années, cela  bien qu’ils aient déjà la somme  requise pour le dépôt.

À chaque intempérie, les squatters perdent tous leurs effets personnels et se voient contraints de dépenser l’argent durement acquis pour le dépôt pour tout recommencer à zéro. Ces squatters en ont marre de cette situation qui ne fait qu’empirer de jour en jour. Ils lancent un appel aux autorités de trouver une solution au plus vite pour assurer leur sécurité.

La ministre de l’Égalité des genres et du bien-être de la Famille, Roubina Jadoo-Jaunbaucus a visité les lieux suite à l’effondrement de la maison des Seewoochurn et a expliqué que le projet pour l’aménagement des drains à Tranquebar a été à l’étude ces derniers temps, et qu’il sera lancé très prochainement.  Les appels d’offres ont déjà été lancés.