Le manuel d’anglais du Grade 7 rempli de fautes et d’inexactitudes

À un jour de la grande rentrée

Plusieurs mois de travail, plusieurs enseignants engagés, de multiples changements apportés. Si 2017 a été l’année du Primary School Achievement Certificate, cette année-ci marque le début du nouveau cycle qui débouchera par la suite sur le National Certificate of Education dont les premiers candidats prendront part en 2020. Mais déjà au départ, une polémique surgit. Les manuels préparés par le Mauritius Institute of Education (MIE) ne sont pas à la hauteur des espérances.  Cette semaine, Sunday Times, prend les taureaux par les cornes et avec l’aide d’un parent, elle-même enseignante d’anglais au secondaire, nous allons passer aux cribles le manuel ; A Fun Learning Experience.

Marwan Dawood

Depuis quelques temps déjà, le Mauritius Institute of Education (MIE) s’était mis au travail pour la préparation de nouveaux manuels scolaires pour les élèves de Grade 7 l’équivalent de la Form 1. Des manuels qui ont été conçus en fonction du National Curriculum Framework qui prend en considération le National Certificate of Education (NCE) dont les premiers candidats prendront part en 2020 en remplacement du National Form III Assessment.

Pour la préparation des manuels, le ministère de l’Éducation et le MIE avaient fait appel à des enseignants des State Secondary Schools et des collèges privés pour contribuer à l’élaboration des nouveaux manuels scolaires. Après plusieurs mois de travail, les premiers exemplaires sont actuellement sur le marché pour la grande rentrée de 2018. Et contrairement aux manuels du primaire fournis gratuitement par le MIE, ceux du secondaire sont payants et se vendent dans les diverses librairies du pays.

Ils sont au total 13 165 enfants qui utiliseront ces manuels. Contrairement aux années précédentes, la nouvelle réforme oblige une standardisation des livres dans tous les collèges.  Le point positif est que le prix des livres est raisonnable.  Vendu dans la fourchette de Rs 50 à Rs 100 les prix varient dépendant du manuel. Mais qui dit bon marché, se questionne également sur la qualité du produit.  Les livres sont d’une dimension réduites en termes de pagination mais également en termes de matière et de ressources. Ce qui pousse les professionnels de ce domaine à affirmer que le niveau de l’éducation sera en baisse avec les nouveaux manuels du MIE.

Nous allons prendre par exemple le manuel d’anglais : A fun learning experience.  Ce livre adopte une approche communicative qui est bien pour l’élève mais le manuel en lui-même contient plus d’activités que d’exercices pour aider l’enfant à apprendre.  Dans un monde où les étudiants jonglent avec les téléphones et autres tablettes tactiles, les pratiques écrites sont importantes.  Le manuel enseigne l’anglais de façon amusante mais est-ce suffisant pour que les étudiants préparent les examens nationaux ?  Quid des examens de Cambridge ? Où est le niveau ? Telles sont les questions que se posent les professionnels du domaine.

Ajouté au «faible niveau » du manuel, plusieurs pour ne pas dire des dizaines et des dizaines d’erreurs flagrantes sont présentes dans le livre.  Ces erreurs sont accompagnées d’autre part par des inexactitudes et instructions incomplètes qui ne facilitent pas la tâche des étudiants.   Nous avons relevé quelques-unes des fautes du livre :

  • À la page 149 : (‘honors in recognition’ au lieu de ‘honours’ ) Ce qui pourrait paraitre minime est en effet une grosse faute. À Maurice, les enfants apprennent l’anglais British et non l’American English.
  • À la page 154 : ( ‘What you do to cheer up ?’ à la place de ‘What do you do to cheer up’ ou ‘What you do to cheer up’ sans le point d’interrogation). Ici c’est une faute dans la structure de la phrase.
  • À la page 9 et à la page 3 : À la fin de certaines phrases l’absence des points est flagrante.
  • À la page 46 : ( ‘What did you go there ?’ au lieu de ‘why did you go there ?’)

Ce ne sont ici que quelques exemples des fautes laissées dans le manuel d’anglais. Il y en a plusieurs autres…  Ces inexactitudes et la baisse de niveau suscitent alors plusieurs interrogations des professionnels du domaine.  «Le MIE est-elle bien équipé pour faire ce genre de travail ? », «Est-ce son rôle en tant qu’instance régulatrice ? », «à qui profitent les recettes rapportées par la vente de ces livres ? ».  Leela Devi Dookun-Luchoomun, la ministre de l’Éducation a elle dit dans un entretien à un confrère qu’elle était «satisfaite » des manuels.