Le pic prévu pour cette semaine : Dr Shameem Jaumdally plaide pour un traitement rapide et efficace : « Des ”regional field hospitals ” capitaux pour éviter des morts en auto-isolement »

« Nou pe exploite tou possibilités ki kapave pou traite bane patients ». C’est ce qu’a dit le ministre de la Santé Kailesh Jagutpal, vendredi. Or, des lacunes existent bel et bien. On ne les mettra jamais assez en exergue, dans l’espoir qu’il rectifie le tir. Le plus gros manquement, insiste le Dr Shameem Jaumdally, se situe au niveau du contrôle de la transmission de la Covid-19 et du réajustement des stratégies concernant le traitement à domicile et les soins dispensés dans les hôpitaux. Le manque d’un protocole et d’un suivi régulier, rapide et efficace des patients positifs en auto-isolement est déploré. Le problème, nous explique le Dr Jaumdally, survient quand la personne éprouve des difficultés respiratoires. Le traitement survient, selon lui, trop tard dans ce genre de cas.

« Très souvent, cette personne, si elle est traitée à domicile, est mise sous oxygène. Ce qui peut régler le problème de saturation temporairement. Sauf que l’oxygène ne résoud pas l’inflammation pulmonaire ou la pneumonie provoquée par le virus. Au moment où ce support d’oxygène est enlevé du patient, son état de santé risque de s’aggraver. D’où l’importance pour qu’un patient souffrant de détresse respiratoire soit hospitalisé pour un traitement approprié à base de stéroïdes et de dexamethasone. Sans cela, leur condition ne s’améliorera pas », soutient-il. L’utilisation des anticoagulants est aussi importante dans la prévention de la formation des caillots sanguins. Un traitement qui n’est malheureusement pas disponible aux patients en auto-isolement, d’autant que de plus en plus d’entre eux sont refoulés par manque de places dans les hôpitaux.

Raison pour laquelle, insiste le Dr Jaumdally, pour que des « field hospitals » régionalisés soient mis sur place en toute urgence, comme cela a été fait ailleurs dans le monde pour une prise en charge rapide des cas sévères. Il maintient que des dispensaires auraient pu être utilisés à cette fin. Il dit, dans la même foulée, ne pas comprendre pourquoi les patients positifs ne peuvent pas se rendre dans les facilités hospitalières en cas d’aggravation de leur cas. « C’est inadmissible que des personnes n’arrivant pas à respirer doivent attendre l’arrivée du SAMU pour avoir un support d’oxygène ! » De plus, le virologue met de nouveau en garde contre la prise de certains médicaments comme le Fabiflu. « Les patients auront tendance à croire qu’ils se rétablissent alors qu’en réalité, leur état s’aggrave dangereusement », poursuit-il.

La communication, martèle le Dr Shameem Jaumdally, est primordiale. « Il faut éduquer la population, en leur donnant toutes les informations possibles. Ce qui permet aussi de sauver des vies. Or, le gouvernement n’a jusqu’ici revu aucune de ses stratégies, résultant lamentablement en une dégradation de la situation alors qu’elle aurait pu être contrôlée et gérée de façon plus efficace. »

Le pic prévu cette semaine

85 morts cette semaine. Soit une moyenne de 12 morts par jour. Un chiffre assez élevé, selon le Dr Jaumdally, surtout que le nombre réel devrait être supérieur si on y ajoute le décès de patients positifs qui ne sont pas attribués à la Covid-19. Une compilation de chiffres encore une fois dénoncée par le virologue.

Le pic en termes de morts, nous dit-il, sera probablement atteint cette semaine. Faute de places dans les hôpitaux, les services de santé ayant déjà été saturés comme souligné par la Nurses Union, le nombre de morts en auto-isolement augmentera dans la foulée. « Nous sommes littéralement en guerre. Il y a une urgence pour que les stratégies et les protocoles soient revus. Des restrictions sont plus que jamais importantes », tonne le Dr Jaumdally qui préconise, entre autres, un couvre-feu et une interdiction des rassemblements.

La courbe épidémiologique connaîtra par la suite, soit durant la première semaine de décembre, une baisse sensible du nombre de cas de contamination avant d’enregistrer un ‘rebound’ durant les deux premières semaines de janvier 2022, suivant les festivités de fin d’année.

La vigilance reste toutefois de mise. Et les autorités ne devront pas baisser les bras, car il faudra impérativement se préparer à affronter une nouvelle vague.

Pfizer : Le booster dose au personnel médical en priorité

Personnel médical submergé, manque de staff, infirmiers contaminés… Afin d’assainir la situation, le Dr Shameem Jaumdally estime que le Pfizer aurait dû être administré en priorité au personnel médical, plus précisément aux infirmiers qui sont souvent en première ligne quand il s’agit du suivi des patients. Ils auraient ainsi été davantage immunisés contre une éventuelle contamination, en diminuant le taux d’absentéisme lié à l’auto-isolement d’un nombre élevé du personnel.