Le projet d’immobilier de la MIC soulève des interrogations

La demande de permis EIA faite par la ‘Mauritius Investment Corporation’ (MIC) pour le développement résidentiel d’un terrain à Flic-en-Flac soulève des interrogations dans le milieu des services financiers. D’autant que c’est la deuxième demande de permis EIA recherchée par la MIC. Celle-ci explique dans un article paru dans un quotidien cette semaine qu’elle « soutient la stratégie du gouvernement en matière d’amélioration du parc de logements et que le développement proposé aura un impact socio-économique positif ». Et d’ajouter que le projet « favorisera la création d’emploi dans les industries suivantes : bâtiment et génie civil, conception, construction, entretien, et favorisera un effet multiplicateur ».

Le hic, c’est que la MIC, une compagnie privée, est aussi une filiale de la Banque de Maurice. Ce qui pose problème puisque la banque centrale n’est pas habilitée à gérer une entité privée. « C’est une relation infecte », lance l’économiste Vinaye Ancharaz qui rappelle que le Fonds Monétaire International (FMI) a, à plusieurs reprises, demandé à la BoM de renoncer à la titularité et à la supervision de la MIC. « Celle-ci aurait dû devenir une entité à part entière, soit étatique ou paraétatique », réitère l’économiste. Mais là où le bât blesse davantage, c’est que la MIC a maintenant choisi de faire du développement immobilier alors que cela va carrément à l’encontre de son mandat, selon Vinaye Ancharaz.

« Je ne comprends pas ce qui se passe. On se souviendra que la MIC avait été créée, à ma connaissance, pour venir en aide aux compagnies systémiques pendant la pandémie de Covid-19 à travers des ‘equity injections’ ou des prêts. Or, elle va maintenant au-delà de ce mandat. Il n’y a aucune logique à cela, d’autant qu’il y a déjà deux entités qui s’occupent des terres, propriétés et investissements pour le gouvernement, soit Landscope et la SIC. Ce qui crée un problème de duplication », dit-il. L’économiste se demande aussi si c’est le rôle de la MIC d’investir dans des propriétés privés ‘from scratch’ alors qu’elle est mandatée, selon lui, pour aider les compagnies en difficulté mais qui ont un potentiel de croissance.

Un acteur du secteur des services financiers, qui a choisi de garder l’anonymat pour des raisons évidentes, se dit étonné de la démarche de la MIC. « Qui va gérer le projet ? Qui construira ces 298 unités de logement dont il est question ? Qui les vendra ensuite ? À quel prix seront-elles vendues ? Qui fera le Project Management ? Eski pas pe alle ranze sa pou donne bane ti copains ? Un tel projet nécessite une gestion solide, puisque le coût s’élèvera à des milliards de roupies et qu’on voit mal la MIC le piloter, d’autant qu’elle n’a aucune expérience en ce domaine. D’ailleurs, légalement parlant, la BoM n’est pas supposée être une entité qui fait des placements », confie-t-il.