Est-ce que les dortoirs des travailleurs étrangers, mal entretenus par les employeurs, et depuis longtemps décriés pour leur manque d’hygiène, seraient les principaux ‘clusters’ à la base de l’augmentation de cas de covid-19 à travers le pays ? Le point sur une situation plus qu’urgente.
Deux jours ont retenu l’attention durant la semaine écoulée : le mardi 13 juillet et le jeudi 15 juillet. Le mardi 13 juillet 2021, un total de 70 cas de covid-19 avaient été recensés en une seule journée. 44 des personnes infectées sont des employés de l’usine de Princes Tuna à Triolet. Ils vivaient dans un dortoir qui faisait déjà l’objet d’une surveillance sanitaire. Qui plus est, ils auraient déjà été vaccinés contre la covid-19. Le jeudi 15 juillet, 119 nouveaux cas de covid-19 ont été recensés. De ces 119 cas, cent ont été détectés dans des dortoirs. Il est vraisemblable que plusieurs employés étrangers aient été porteurs du coronavirus, mais qu’ils étaient asymptomatiques.
Les conditions de vie, souvent inhumaines et dégradantes, des dortoirs à Maurice, ne sont un secret pour personne. Bien souvent mal entretenus, ils ne sont pas conformes aux normes hygiéniques, que ce soit en ce qui concerne le nombre de personnes par chambrées, l’état des WC et de la cuisine, entre autres. Le syndicaliste Faizal Ally Beegun devait nous indiquer que « 90 % des dortoirs du pays sont dans un piteux état. »
Nous avons sollicité le Dr. Luvesh Mooloo, médecin généraliste, qui nous confirme que les conditions dans lesquelles vivent les travailleurs dans les dortoirs pourraient être la source des contaminations de covid-19. « Il y a tant de problèmes d’ordre sanitaire dans les dortoirs que c’est peut-être pour cette raison que les cas de covid-19 ne cessent d’augmenter à travers le pays », maintient-il.
Il préconise que les ‘Health and Safety Officers’ du ministère de la Santé effectuent des contrôles-surprise dans les dortoirs régulièrement pour s’assurer que le protocole sanitaire est bien observé. En cas de non-respect, les ‘Health and Safety Officers’ devraient immédiatement sanctionner l’employeur.
Comment expliquer la propagation du virus alors que plusieurs employés avaient déjà été vaccinés ? Le médecin maintient que le vaccin est efficace chez la personne vaccinée car il permet au système immunitaire de combattre la maladie, mais que dans un premier temps, cela n’empêche pas la transmission du virus.
Des actions urgentes réclamées
Le syndicaliste Reaz Chuttoo de la CTSP (Confédération des travailleurs du secteur privé) tire la sonnette d’alarme. « Si cela continue dans les dortoirs, nous ne savons pas ce qui arrivera », lance Reaz Chuttoo. Il avertit que si la situation n’est pas contrôlée maintenant, il sera trop tard dans les jours à venir. Selon lui, les officiers du ministère de la Santé et des autorités concernées doivent intervenir au plus vite pour voir ce problème de près.
C’est un fait indéniable que les conditions dans lesquelles vivent les travailleurs étrangers dans les dortoirs sont épouvantables, nous dit-il. Il souligne que les règlements régissant les dortoirs sont bien là, mais que ces règlements ne sont pas respectés par de nombreux employeurs. Il nous explique que la CTSP avait déjà évoqué les conditions de vie dans les dortoirs dans le passé, mais que presque rien n’a changé.
Dans ce contexte, le syndicaliste devait faire ressortir que le nombre de personnes vivant dans une chambre de dortoir doit être revu, car le surnombre de personnes dans une seule chambre est un vecteur sûr de contamination.
Il lance un appel urgent au gouvernement d’implémenter une stratégie ferme pour remettre ces dortoirs en bon état. Il demande aussi que le gouvernement durcisse les lois pour les employeurs indélicats.