Les Ford Raptor, l’or ambulant des trafiquants de drogue

Blanchiment d’argent

  • Une quarantaine de véhicules toujours dans la nature

Investir dans des véhicules de luxe à travers des prête-noms est devenu une véritable astuce pour les trafiquants de drogue. Depuis l’éclatement de l’affaire Franklin, pas moins d’une quinzaine de véhicules ont été mis sous scellés au quartier-général de l’ICAC au Réduit Triangle, transformé depuis peu en un véritable showroom automobile. Les enquêteurs sont quotidiennement à la traque des véhicules soupçonnés d’avoir été achetés avec de l’argent sale. La majorité sont des Ford Raptor, ou encore des BMW. À ce jour, la valeur des véhicules saisis dépasse les Rs 100 millions. Mais cette affaire ne s’arrête pas là, puisqu’il n’y a pas moins d’une quarantaine de véhicules qui sont encore dans la nature, apprenons-nous. Certains ont tout simplement disparu depuis que l’ICAC enquête sur l’affaire Franklin. Mais comment des trafiquants parviennent-ils à acheter des véhicules, sans se faire repérer par les autorités ? Ils créent tout simplement des compagnies de location de véhicules pour que les transactions se font plus facilement.

Mécanisme bien huilé

Les enquêteurs de l’ICAC sont actuellement en présence d’un mécanisme bien huilé, mis en place par les trafiquants pour ne pas se faire prendre par les autorités. Dans le passé, parait-il, des vérifications avaient été faites sur certains de ces véhicules, mais aucun d’entre eux n’était enregistré au nom de ceux qui les utilisaient. Les vérifications ont démontré que ces véhicules avaient été enregistrés au nom des compagnies. Les paiements ont été faits par virement bancaire, avec l’aide d’une compagnie de ‘leasing’. Ce mécanisme facilite ainsi toutes les transactions, et de ce fait, certains trafiquants circulaient librement, sans être inquiétés. C’est du moins ce qu’expliquent nos sources à l’ICAC.

Vendredi dernier, de gros développements sont intervenus dans le cadre de cette enquête à l’ICAC. Le directeur d’une compagnie qui gère plusieurs Ford Raptor et BMW a été convoqué au Réduit Triangle. Il s’agit d’un dénommé R. qui est arrivé dans les locaux de l’ICAC à bord d’une BMW M8. Ce qui a fait sourciller plusieurs enquêteurs, au moment de son arrivée. Cuisiné pendant plusieurs heures, le directeur n’a pas tardé à cracher la vérité. Il explique avoir été forcé par plusieurs personnes pour enregistrer des véhicules au nom de sa compagnie. Pour l’heure, l’identité de ce dénommé R. n’a pas été révélée, l’ICAC soutenant que plusieurs interrogatoires, voire des arrestations, sont à prévoir dans les jours ou les semaines à venir. 

Par ailleurs, le nom de Chandradeepsingh Banee, alias Robert, est cité avec insistance dans cette enquête. Mercredi dernier, il a été arrêté et traduit devant la cour de district de Port-Louis sous une accusation provisoire de blanchiment d’argent. Et le même jour, il a été relâché sous caution. Mais qui est cet homme ? Ce concessionnaire de voitures des hautes Plaines-Wilhems est celui qui aurait fait plusieurs transactions concernant l’achat et la vente de plusieurs véhicules, dont des Ford Raptors. À ce jour, six des neuf Ford Raptor saisis sont passés par sa compagnie. Il a été de nouveau entendu par les enquêteurs de l’ICAC vendredi après-midi avant d’être autorisé à partir. Mais il devra retourner au Réduit Triangle pour la suite de cette affaire. 

Des développements majeurs attendus

Le volet des véhicules demeure un aspect majeur dans cette enquête, selon une source proche de l’ICAC. Des trafiquants de drogue ne lésinent pas sur les moyens pour s’offrir des bolides ou autres 4×4 de luxe. Certains, comme mentionné plus haut, ont tout simplement disparu depuis l’éclatement de l’affaire Franklin. Un acte délibéré pour ne pas se faire prendre. Mais l’identité de plusieurs prête-noms et compagnies est déjà connue des enquêteurs. Certains concessionnaires de voitures devront ainsi s’expliquer face aux enquêteurs au courant de la semaine prochaine.