Les habitants : « Nous craignons le pire »

Incendie à Mare Chicose

  • Adi Teelock : « Que les autorités viennent de l’avant avec des informations détaillées sur les composants de cette fumée »

Un violent incendie s’est déclaré au dépotoir de Mare Chicose le mercredi 23 novembre 2022. L’équipe de Sunday Times a été sur les lieux pour un constat. Ashok Ramdhean, ‘Assistant Chief Fire Officer’ (ACFO), nous indique que le feu est en train d’être circonscrit par les éléments de la ‘Mauritius Fire and Rescue Services’ (MFRS). Mais vu l’ampleur de l’incendie, il ne sera pas éteint avant au moins une semaine.

À l’heure actuelle, les pompiers multiplient leurs efforts pour ramener la situation sous contrôle. Depuis l’éclatement du sinistre, les pompiers de différentes casernes ont été mobilisés et se relayent pour empêcher la propagation des flammes. Ce qui rend leur travail plus difficile, c’est le manque d’eau dû à la sécheresse qui sévit dans le pays. Toutefois, les soldats du feu sont en train de pomper l’eau de rivière pour maitriser le feu. Notons que la cause de l’incendie n’a toujours pas été déterminée et que l’enquête est toujours en cours.

Les habitants : « Ce n’est pas la première fois »

Les habitants aux alentours de Mare Chicose connaissent un véritable calvaire. De la fumée et une odeur pestilentielle continue d’envahir leurs cours et leurs maisons. L’inquiétude est de mise, surtout en ce qui concerne les enfants, les personnes âgées et celles ayant des troubles de santé. Ils espèrent ardemment que l’incendie soit maitrisé au plus vite.

Mala, une habitante d’Union Park, nous explique que lorsque l’incendie s’est déclenché, l’air était devenu quasiment irrespirable. Selon elle, ce n’est pas la première fois que cela arrive. Il y avait un autre problème de ce genre en 2013, et les habitants ne pouvaient plus rester chez eux. « Nous avions cru que les autorités avaient pris les mesures qu’il fallait pour empêcher que cela ne se reproduise », dénonce cette mère de famille. Elle ajoute que cette fois-ci, une odeur âcre et nauséabonde envahit partout. « Je ne laisse pas mes enfants sortir de la maison car ils peuvent avoir des problèmes de santé », nous lance-t-elle. « Je ne sais pas ce qui va se passer dans les jours à venir. Je crains le pire. Je me demande pendant combien de temps les habitants devront attendre avant que la situation ne s’améliore. »

Nirmal, un habitant de Nouvelle-France, nous explique qu’il est asthmatique, entre autres problèmes de santé, et qu’il connait un véritable calvaire. « Je ne peux plus respirer avec cette fumée omniprésente. Je crains toujours pour mon état de santé. Même si les autorités prétendent que la fumée n’est pas toxique, nous ne pouvons plus respirer le soir », nous dit-il. « Le dépotoir de Mare Chicose a toujours causé beaucoup de problèmes aux habitants. Dans le passé, nous avons déposé plusieurs plaintes au niveau des autorités mais elles continuent de faire la sourde oreille face à nos doléances. J’espère que cette fois-ci, le gouvernement prendra les actions qui s’imposent au plus vite pour remédier à la situation », ajoute-t-il.

Quel impact sur notre environnement ?

Ce désastre peut avoir un impact négatif sur notre environnement, selon les écologistes. Adi Teelock, écologiste militante, membre de ‘Platform Moris pou l’Environnement’, prend ainsi à contrepied le ministre de l’Environnement, Kavy Ramano, qui maintient qu’il n’y a aucun danger pour les habitants, en ce qui concerne la toxicité de l’air.

Notre interlocutrice nous indique qu’il n’y a pas un seul type de déchet à Mare Chicose, et que plusieurs des déchets enfouis contiennent toutes sortes de produits toxiques. À titre d’exemple, il y a des déchets comme des piles électriques, des ampoules et divers produits en plastique. Selon elle, lorsque ces types de déchets brûlent, il y a environ 2 000 composants chimiques qui polluent l’atmosphère, ce qui ne peut être que toxique à toute personne qui respirerait cet air. « Cela aura bel et bien un impact sur les habitants aux alentours. Si ce n’est pas le cas, que les autorités viennent de l’avant avec des informations détaillées sur les composants de cette fumée », lance l’écologiste. « Il faudrait s’assurer que ce problème ne cause davantage d’ennuis aux habitants ou à notre environnement. »

En ce qui concerne cette pratique d’enfouissement de déchets, la militante plaide pour une stratégie pour réduire notre production de déchets, notamment à travers le recyclage. « On se retrouve avec une montagne de déchets, et même s’il n’y a pas d’incendie, cela constitue un problème environnemental grave pour le pays. Il y a des solutions concrètes face à de telles situations mais on a préféré se tourner vers de fausses solutions. Il faudrait maintenant trouver une solution durable qui s’accorde mieux à la protection de notre environnement », constate-t-elle. En 2006, on avait bien proposé l’incinération des déchets mais cela nécessitait des investissements importants. Mais à se demander si l’enfouissement des déchets ne reviendra pas plus cher au final, comme on peut le constater actuellement… Pour conclure, Adi Teelock devait dénoncer le fait que le projet Maurice Ile Durable (MID) ait été mis dans un tiroir après le changement de gouvernement en 2014.