Les représentants de la société civile montent au créneau

« Le Premier ministre a accordé un cachet de Rs 400 M pour le combat contre la drogue dans son récent budget. Toutefois, aucune provision n’a été faite pour la prévention et la réhabilitation des toxicomanes, surtout les mineurs ». C’est en ces termes que des représentants du Conseil des religions, en l’occurrence Mgr Ian Ernest, les Révérends Gérard Mongelard et Eddy Cheong See, de même que Danny Philippe de l’ONG LEAD et Kunal Naik du Collectif Urgence Toxida (CUT) se sont adressés à la presse ce jeudi 22 juin à l’hôtel St. Georges à Port-Louis.
Danny Philippe, le coordinateur de l’ONG LEAD affirme que l’heure est grave étant donné que le nombre de décès lié à la consommation des stupéfiants s’élève à cinq par mois.
Le coordonnateur de LEAD déplore aussi le fait qu’il n’y ait aucune structure pour accueillir les mineurs qui sont sous l’emprise de la drogue. « Le Rehabilitation Youth Centre (RYC) et le Correctional Youth Centre (CYC) ne sont pas les endroits appropriés pour accueillir les jeunes toxicomanes, car il n’existe aucun traitement là-bas », affirme-t-il. Danny Philippe salue la démarche du gouvernement dans son combat contre la drogue mais selon lui, sans l’éducation et la prévention, la répression n’aura aucun effet.
Quand la prison victimise les toxicomanes
Abondant dans le même sens, Kunal Naik de l’ONG CUT affirme pour sa part que les autorités doivent faire la différence entre un trafiquant de drogue et un simple consommateur, car dans la plupart du temps, ce sont les consommateurs qui sont arrêtés puis jetés en prison. Il tire la sonnette d’alarme : quand ces derniers atterrissent en prison, ils finissent par contracter le sida ou l’hépatite.
Il est d’avis que les autorités doivent travailler de concert avec les ONG et la société civile afin de trouver une solution durable face à ce problème d’envergure national.
Le gouvernement ne collabore pas avec la société civile
Le père Gérard Mongelard se dit outré que l’avis des travailleurs sociaux n’ait pas été pris en considération par le gouvernement. L’ecclésiastique en profite pour rappeler qu’en 2002, grâce à l’étroite collaboration entre le gouvernement et les travailleurs sociaux, le nombre de toxicomanes et des personnes atteintes du VIH sida avait accusé une baisse. « Je lance un appel au gouvernement : prenez comme exemple le travail accompli en 2002 et collaborez avec les travailleurs sociaux, les responsables religieux et avec la société civile dans son ensemble afin d’attaquer ce problème de front », poursuit-il.
Mgr Ian Ernest, l’Évêque de Maurice, estime pour sa part qu’il faut la collaboration de tout un chacun pour résoudre ce problème. Il a d’ailleurs énuméré trois axes pour combattre ce fléau : la mobilisation de chaque citoyen, l’orientation des jeunes loin de la drogue et la solidarité avec les victimes de ce fléau.
Par ailleurs, un atelier de travail sous le thème The Social and Health Impact of Drug Policies aura lieu le 27 juin prochain au Centre Bahaï à Belle-Rose. Les membres du Conseil des religions, de même que les représentants de LEAD et de CUT se concerteront pour faire des plaidoyers aux autorités afin de mener un réel combat contre le trafic des stupéfiants à Maurice.

Ashley Jacques