L’esclave suiveur du maître

C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Ce qui était censé être une rassurance à quelques contestataires d’un projet gouvernemental a fini par l’envoyer à l’abattoir. En voulant jouer au pompier, Showkutally Soodhun aurait pu mettre le pays à feu et à sang. Outre de révéler au grand jour une politique discriminatoire dans l’allocation des maisons sociales, ce qui est déjà inadmissible dans toute démocratie puisque violant les principes sacro-saints des chances égales à tous les citoyens indistinctement, le no 4 du gouvernement a clairement blessé, pas une, mais deux communautés spécifiques. La première parce qu’elle devait tout bonnement être mise sur la touche au moment de l’allocation de ces logements, et la deuxième aurait, elle, été marginalisée parce qu’elle aurait entraîné la prostitution. Dans un pays multiracial que le nôtre, de tels comportements, venant surtout de la part d’un membre jusque-là influent du gouvernement, ne pouvaient en aucun cas être tolérés. Il devait déjà être sanctionné depuis qu’il avait proféré des menaces de mort contre le leader de l’Opposition. Mais, comme dit l’adage, mieux vaut tard que jamais.

Il convient toutefois de souligner que Showkutally Soodhun n’est pas le seul pyromane patenté du présent gouvernement. L’esclave autoproclamé de sir Anerood Jugnauth ne fait que suivre dans les pas de son maître. Dans l’art d’insulter et d’humilier certaines communautés, le fondateur du MSM et du Sun Trust détient la palme d’or. Outre d’avoir traité une communauté de « démon », SAJ avait également traumatisé une autre communauté ciblée, surtout durant la période de 1983 à 1990. Le soutien des musulmans au MMM au lieu du MSM leur avait coûté très cher. Entre le refus de nommer Kader Bhayat au poste de VPM, et ce en dépit d’une promesse électorale en ce sens, l’expulsion manu militari de l’ancien ambassadeur libyen Al-Jaddi et l’abrogation de la ‘Muslim Personal Law’, SAJ n’avait épargné aucun effort pour dénigrer la communauté musulmane, allant même jusqu’à traiter le Coran d’insanités. Cette section de la population fut persécutée jusqu’au point qu’aucun musulman ne fut ni nommé ministre dans son gouvernement ni recruté dans la fonction publique. Et que dire de cette fouille corporelle des Hadjis à leur retour au pays en 1983 ? Qu’aurait dit Soodhun s’il avait été fouillé comme le fut ces Hadjis, lui qui soutient avoir été « blessé dans sa foi » simplement parce que la presse a fait état du nombre de ses valises en rentrant d’un voyage en Arabie Saoudite ?

En cautionnant toutes ces dérapages communautaristes de SAJ, Showkutally Soodhun avait été également partie prenante de ces décisions arbitraires et humiliantes. L’exemple venant d’en haut, quel genre de comportement pouvait-on donc s’attendre de celui qui s’estime plus Jugnauth que Jugnauth lui-même ? Heureusement que le fils n’a pas le même tempérament que son père. Pravind Jugnauth aura compris que les erreurs du passé ne doivent pas être répétées et qu’en tant que chef de gouvernement responsable, il lui incombe de préserver l’harmonie sociale qui fait justement la beauté et la fierté de notre île. En demandant à son VPM de ‘step down’, quoique quelque peu tardivement, Pravind Jugnauth a aussi donné une gifle aux membres de son gouvernement, surtout Ivan Collendavelloo et Etienne Sinatambou, qui s’en prenaient plutôt à ceux qui avaient fuité la vidéo au lieu de celui qui avait formulé ces propos puant le communalisme. Cette affaire doit servir de leçon à tout le monde, y compris ceux de l’opposition qui, au lieu d’appeler au calme, incitait la population à « lever do mo pep ».  Quand on joue avec le feu, on finit par se brûler…