« Li bon zot ine viole twa ! », lançait-elle aux victimes d’abus sexuels

Un enregistrement audio envoyé à la rédaction le 13 juillet par la directrice de Shelter Heaven Children Centre, Asha Guness, laisse entendre le témoignage d’une ex-résidente du centre, qui dément les rumeurs de maltraitance. « Ceki la direction fer pou nou dan shelter, li extra bon ! », laisse-t-elle entendre dans cette bande sonore. Toutefois, nous avons interrogé deux ex-résidentes, qui expliquent avec force détails ce qui se passait vraiment dans le centre.

Emilie*, qui a passé 6 ans au shelter, décrit son calvaire comme étant ‘inhumain’. « Mo kontan shelter la ine fermé, trop bouku dominer zot ti pe fer. Au moins, ban lezot zenfan pas pou passe par mem l’enfer ki nou finne passé ! », lâche-t-elle, soulagée d’avoir quitté le centre.

Selon elle, la directrice ainsi que sa fille donnait aux enfants des surnoms de nature offensive. Mère et fille les obligeraient à travailler dans le potager le soir et punissaient celles qui ne se pliaient pas à leurs exigences.

Un témoignage confirmé par Joanne*, une autre ex-résidente qui a vécu 5 ans dans ce foyer. Ayant atteint l’âge de la majorité, elle a été autorisée à quitter le shelter en début d’année. Selon elle, les filles n’avaient d’autre choix que d’endurer les brimades. « Ti pe batte nou, fer nou marse lor makadam aswar, gagn batté avek baton longane », déclare Joanne.

Quand les officiers de la Child Development Unit (CDU) se rendaient sur place pour une inspection, les enfants étaient obligées de mentir et devaient raconter que les choses se passaient à merveille au centre. Gare à celles qui disaient le contraire ! Elles pouvaient s’attendre à une punition dont elles se souviendraient longtemps !

Pire encore, elles relatent que les victimes d’abus sexuels étaient stigmatisées par la directrice. On leur disait : « Li bon zot ine viole twa ! To merite sa mem ! »

La fermeture des deux shelters est vue comme une bénédiction par ces deux jeunes filles. « Dan ène sens, nou koné kapav par nou ban erreurs nou fine retrouve nou dan sa centre la, mais personne pa koné kantité misère bann zanfan passé labas », dit Joanne.

Nous avons essayé de joindre la directrice au téléphone, mais sans succès.

Le vendredi 22 juillet, Asha Guness a porté plainte à la police contre la mineure que nous avons prénommée fictivement Emilie*. Selon la directrice, elle a reçu trois messages sur son portable par WhatsApp entre le lundi 16 juillet et le vendredi 20 juillet.

Elle affirme dans sa déposition qu’elle reconnaît le numéro comme appartenant à la jeune fille et que ces messages lui porteraient préjudice, notamment sur le plan professionnel. Elle allègue qu’elle est moralement perturbée par la suite des évènements récents, vu que son image a été ternie dans les médias.

Emilie* nous explique pour sa part qu’Asha Guness l’accuserait d’être celle qui l’a dénoncée aux autorités et que ce serait elle qui serait derrière sa chute et la fermeture du shelter.

*Prénoms fictifs.