Lovena Sowkhee : « La police est elle-même utilisée par le gouvernement pour terroriser les opposants »

‘Precautionary measures’ 

Dans le sillage de l’arrestation de Bruneau Laurette, et après qu’une mystérieuse ‘hit list’ ait commencé à circuler dans les medias et sur les réseaux sociaux, plusieurs personnes se trouvant sur cette liste ont consigné des ‘precautionary measures’ à la police. Quelle est l’efficacité de cette mesure ? Le point avec Lovena Sowkhee, avocate, et de Dev Jokhoo, ancien patron du National Security Service.

Après l’arrestation de Bruneau Laurette, plusieurs personnes se trouvant sur une ‘hit list’ du ‘PHQ Special Striking Team’ (SST) – dont l’authenticité a toutefois été mise en doute par l’inspecteur Shiva Coothen, le chef du ‘Police Press Office’ (PPO) – ont consigné des  ‘precautionary measures’ (PM) dans divers postes de police. Les personnes mentionnées dans cette liste sont des opposants bien connus au présent régime. Parmi, il y a l’activiste Ivann Bibi, qui avait consigné une PM le 7 novembre, soit le jour de la comparution de Bruneau Laurette en cour de Moka. Il avait expliqué aux medias que son arrestation par la SST serait « imminente » pour des délits qu’il n’aurait pas commis mais pour lesquels on pourrait le piéger.

Il a été suivi par Alain Malherbe et Percy Yip Tong, qui ont eux aussi consigné leur PM. Alain Malherbe, expert maritime, affirme qu’il avait reçu un appel anonyme le dimanche 6 novembre, où un homme lui a prévenu qu’il serait le prochain à être arrêté, ensemble avec Ivann Bibi et Percy Yip Tong. Puis, Rachel Laurette, la fille de Bruneau Laurette, leur a aussi emboîté le pas en consignant à son tour une PM, pour se prémunir contre toute descente de police dans la maison que louait Bruneau Laurette à Petit-Verger, où elle habite aussi.

Ces derniers craignent ainsi pour leur sécurité et veulent se prémunir de tout complot malveillant, où ils pourraient faire l’objet d’une perquisition, d’une arrestation, voire d’une fausse accusation de trafic de drogue. Dans ce contexte, la PM est vue comme un geste incontournable. Mais quelle est son efficacité ? « Tout citoyen a le droit de consigner une PM », fait ressortir d’emblée l’avocate Lovena Sowkhee.

Un citoyen effectue ainsi une entrée au poste de police pour rapporter un incident qui lui donne à penser qu’une personne pourra lui porter préjudice dans un proche avenir. C’est une précaution qu’une personne prend pour se protéger dans le futur, ou même au présent. Une PM est une façon d’avertir la police qu’un danger guette la personne. Il peut même déboucher dans certains cas par un ‘warning’ émis par les policiers à la personne incriminée.

Dev Jokhoo, l’ancien patron de la National Security Service (NSS), explique pour sa part qu’une PM permet à la police d’avoir un ‘record’ d’un évènement possible. Il souligne toutefois qu’une PM est une simple mesure de précaution et ne veut nullement dire que la police ne prendra une quelconque action contre la personne qui a consigné la PM si c’est elle-même qui est en infraction à la loi.

Lovena Sowkhee nous explique qu’une PM est utilisée pour plusieurs raisons. « Par exemple, si une personne soupçonne qu’il y aura un acte malveillant qui sera perpétré contre lui, à l’effet qu’il sera piégé avec de la drogue, celle-ci peut informer la police », nous informe Me Lovena Sowkhee. Néanmoins, dans les cas qui nous préoccupent, elle se pose certaines questions quant à la réelle efficacité de la PM vu que la police, qui est elle-même garante de la sécurité de toute personne consignant une PM, « est utilisée par le gouvernement pour terroriser les opposants ».