Machine à sous

Soit le Très Haut est extrêmement clément envers lui, soit il a une chance de cocu. Ou sinon il excellerait dans l’art de se faire des sous – à coups de millions de roupies, svp ! – sur nos têtes. Tel une sangsue, Pravind Jugnauth nous colle à la peau, en nous l’imposant comme Premier ministre alors qu’il n’a pas été élu à ce poste, avant de nous sucer notre sang.  À chaque fois que les Jugnauths occupent l’hôtel du gouvernement, ils s’assurent de ne pas s’en sortir les mains vides. Ce qui peut donner l’impression qu’ils ne règnent que pour leurs propres intérêts, voire pour se servir de la plus généreuse façon que soit. Ce qui les démarque des autres Premier ministres que ce pays a eus jusqu’ici.

Souvenez-vous comment les Jugnauths avaient empoché Rs 45 millions en janvier 2004 suite à un jugement de la Cour suprême ? Il s’agissait en fait d’une ruse bien calculée qui avait permis au Sun Trust, dont les trustees sont la famille Jugnauth, d’encaisser ce pactole.  En négociant un contrat en béton avec le gouvernement dirigé par son père, sir Anerood Jugnauth, pour la location d’au moins six étages au Sun Trust en 1995, soit peu avant les élections générales, Pravind Jugnauth s’était assuré d’obtenir une compensation royale en cas de résiliation. Le gouvernement PTr-MMM ayant effectivement mis fin à ce contrat en 1996, la Cour suprême a finalement ordonné à ce que l’État offre un dédommagement de Rs 45 millions, représentant la somme des loyers que le gouvernement aurait dû lui verser pour la période restante du bail, au Sun Trust.   

Nous éviterons d’évoquer le rachat de la clinique Medpoint, dont les principaux actionnaires sont la fille et le gendre de sir Anerood Jugnauth, et de ses équipements surévalués alors que Pravind Jugnauth était ministre des Finances sous le précédent gouvernement, l’affaire étant toujours sujette à un jugement du Privy Council. Venons-en plutôt à la réclamation de Rs 100 millions faite par Pravind Jugnauth pour son « arrestation arbitraire » dans l’affaire MITD. Pourquoi le bureau de l’Attorney General a-t-il subitement décidé de trouver un accord à l’amiable avec le plaignant, qui se trouve être le Premier ministre, alors que l’État s’était engagé à se défendre, selon une enquête menée par notre confrère l’Express ? Quelles sont les motivations derrière cet accord ? Vise-t-il à s’assurer, encore une fois, que Pravind Jugnauth n’en sorte pas perdant ? Cela semble bien être le cas, au vu du déroulement de cette affaire.

Le mécanisme des Jugnauths est bien huilé, semble-t-il. Ils savent exactement comment tirer les ficelles en leur faveur en empochant des dizaines de millions de roupies au détriment des contribuables qui triment, eux, jour et nuit pour faire joindre les deux bouts. Ces derniers sont littéralement des machines à sous que les Jugnauths utilisent pour remporter le gros lot. Et dire qu’ils osent toujours nous pisser dessus !