Maintien du Repo rate à 3, 5% : Une flambée de l’inflation pas à écarter, selon Kevin Teeroovengadum

Le « Monetary Policy Commitee » s’est finalement réuni cette semaine. La dernière réunion de ce comité remonte en février, soit six mois de cela alors qu’il doit normalement se réunir chaque trois mois. Une situation qui attire les critiques acerbes des opérateurs économiques. Selon l’économiste Kevin Teeroovengadum, le comité avait trois choix concernant le taux directeur (Repo rate) : 1) l’augmenter ; 2) le baisser et ; 3) le maintenir au taux actuel. « Vu que le taux d’intérêt est très bas, une baisse du taux directeur n’aurait eu aucun impact, ou sinon elle aurait pu décourager l’épargne et favoriser ainsi l’inflation. Ce qui fait qu’une baisse du taux directeur était de facto éliminée », nous explique-t-il.

Le « Monetary Policy Committee » devait alors trancher entre maintenir le taux directeur ou l’augmenter. « Puisque le taux d’inflation monte en flèche, tournant autour de 5 % en juin selon les chiffres officiels, le comité aurait dû logiquement augmenter les intérêts. Ce qui aurait soulagé la population. Mais elle ne pouvait néanmoins pas le faire car il y a trop de personnes et de compagnies qui sont endettées jusqu’au cou. Une hausse du taux d’intérêt aurait mis ceux endettés dans un étau puisqu’il leur aurait été difficile de s’acquitter de leurs dettes », soutient notre interlocuteur. Toutefois, le maintien du repo rate privilégierait, selon Kevin Teeroovengadum, la flambée du taux d’inflation. Conséquence : le peuple continuera à en payer les frais au détriment des entreprises fortement endettées.

L’économiste affirme ne pas être sur la même longueur d’onde avec le Gouverneur de la Banque centrale quand il dit que l’inflation est transitoire, donc à court terme. « Dans plusieurs pays à travers le monde, dont les États-Unis et l’Europe, l’inflation ne cesse de grimper. Le mois dernier, le taux aux États-Unis a franchi la barre de 5%, la Grande Bretagne a atteint 3% alors que l’Europe a dépassé les 2%. La tendance est plus vers la hausse. Le risque aussi, c’est que l’inflation durera pendant une plus longue période que celle prévue », renchérit-il. En sus de la hausse des prix et des coûts au niveau international que la population mauricienne est appelée à casquer, elle est davantage déplumée par la dépréciation significative de la roupie. Une dépréciation qui va encore perdurer d’ailleurs.

« Dans ce contexte, je pense que la Banque centrale est coincée, d’autant qu’elle devra, selon moi, maintenir cette décision jusqu’à la fin de cette année », dit Kevin Teeroovengadum. La répercussion sera donc lourde pour la population durant les prochains mois.