Malgré les derniers chiffres du séquençage qui indiquent une prévalence du Delta Dr Shameem Jaumdally : « J’estime que c’est l’Omicron qui a pris le dessus. C’est bon signe »

Les chiffres enregistrés quotidiennement dans les hôpitaux, mais pas nécessairement communiqués par le ministère de la Santé, indiquent une hausse du nombre de cas de contaminations à la Covid-19. Une situation qui n’est guère surprenante, selon le Dr Shameem Jaumdally, sachant que l’Omicron, qu’il estime être le variant prédominant dans le pays, se manifeste avec une transmission plus rapide. Il se réjouit toutefois que le nombre d’admissions dans les hôpitaux, même s’il a augmenté, reste relativement bas. Ce qui est un bon signe, selon lui. Avec la campagne de ‘booster dose’ qui progresse, il prévoit le retour d’une certaine normalité dans le pays. Mais, prévient-il, la vigilance reste de mise.

Mais cette hausse de cas n’affectera-t-elle pas la rentrée scolaire ? Non, répond le virologue. Se basant sur des études scientifiques, il explique que les écoles ne sont généralement pas des foyers de contamination. D’autant que les enfants ne sont pas tellement à risque de développer des formes de la maladie sévère. « Cela ne devrait pas poser problème pour les plus grands contrairement aux plus petits », dit-il. Malheureusement, souligne le Dr Jaumdally, les élèves ne peuvent pas rester éternellement à la maison, d’autant que l’enseignement en ligne n’est pas accessible à tous. « Il se peut très bien qu’il y ait d’autres variants qui surgissent dans quelques mois. Il faut, à un certain moment, qu’on retrouve une certaine normalité dans le secteur éducatif », insiste-t-il.

Mais n’est-ce pas risquant pour les élèves puisque, selon les derniers chiffres de séquençage révélés par le ministère de la Santé, le Delta est toujours omniprésent à Maurice ? Le Dr Jaumdally nous confie qu’il ne se fie pas à ces résultats. « Ceux-ci dépeignent une situation datant de trois semaines de cela. Comme je l’ai dit plus tôt, j’estime personnellement que l’Omicron a déjà gagné du terrain et qu’il est désormais le variant prédominant à l’heure actuelle », dit-il. Et d’ajouter que c’est un bon signe. « Il ne faut pas oublier qu’avec l’Omicron, le nombre d’hospitalisation baisse par trois, le nombre de patients nécessitant une réanimation aux soins intensifs est réduit par deux fois et demi alors que le nombre de décès est inférieur par 3 ou 4 fois comparé au variant Delta », explique-t-il, tout en insistant que les précautions doivent rester de mise car des rassemblements peuvent donner lieu à une montée de cas, surtout à l’approche des fêtes religieuses.

Qui plus est, le Dr Shameem Jaumdally avance que Maurice pourra mettre plus de temps avant qu’on n’arrive à une situation endémique, comme c’est le cas actuellement en Afrique du sud, au Malawi, au Kenya et au Madagascar. « Maurice n’a connu qu’une seule vague de la Covid-19 jusqu’ici. De plus, seulement 15% de la population a été infecté », explique-t-il, bien qu’il admette que l’entrée en jeu de la ‘booster dose’ avec le Johnson & Johnson et le Pfizer pourrait jouer en notre faveur. « Je pense que d’ici fin février, la population sera suffisamment protégée », avoue-t-il.

Rodrigues

La situation clinique plus difficile à gérer, selon le Dr Jaumdally

S’agissant de Rodrigues qui a enregistré ses premiers cas de la Covid-19 cette semaine-ci, le Dr Shameem Jaumdally estime qu’aucune place dans le monde ne peut rester indéfiniment à l’abri du virus. Mais ce qui le préoccupe, c’est de savoir surtout si c’est le variant Delta ou celui d’Omicron qui y règne. « Si c’est le Delta, alors la population rodriguaise est plus à risque », prévient-il. En dépit du taux de vaccination à Rodrigues, soit environ 65%, la situation clinique, estime notre interlocuteur, est plus difficile à gérer en raison de la topologie et des ressources limitées. Il prévoit d’ailleurs une montée du nombre de contaminations dans les jours à venir. Toutefois, poursuit-il, les Rodriguais sont moins vulnérables, ayant moins de comorbidités.

Le hic, dit-il, c’est qu’un confinement total ne peut pas y être imposé en raison de la population qui gagne majoritaire leur vie grâce à l’agriculture. Il avertit donc aux autorités de prendre les dispositions nécessaires pour parer à toute éventualité. « Il serait souhaitable que des frontliners ayant de l’expérience dans la gestion de la Covid-19 ainsi que des officiers de la SMF s’y rendent pour soulager le personnel hospitalier et la population, sachant que les infrastructures et la topographie de Rodrigues sont différentes de Maurice. J’espère que les autorités ont pris tout cela en considération », ajoute le Dr Jaumdally.