Pravind Jugnauth et son gouvernement représentent une réelle menace pour notre démocratie. Le chef du gouvernement se plaît de se la jouer Kim Jong-un en nous privant de certains de nos droits et libertés fondamentaux. Après avoir interdit deux médias – trois si l’on compte aussi Sunday Times qui n’était pas invité comme d’habitude – à sa conférence de presse, un de ses fidèles goalkeeper, en la personne du Speaker, a refusé l’accès des journalistes au bureau de leader de l’Opposition. Une dérive presque totalitaire comme on n’en a pas vu auparavant.
Quand un chef de gouvernement confond son rôle avec celui d’un chef de parti en essayant de bâillonner ses adversaires, de surcroit des élus du peuple, l’on ne peut que craindre le pire. Il en est de même quand un Premier ministre choisit de museler la presse en utilisant des méthodes répressives au lieu de répondre aux questions d’intérêt national. Ce genre de comportement est encore plus toxique pour notre démocratie et notre réputation au niveau international que la marée noire elle-même. Les organismes, ainsi que la presse étrangère, veillent au grain, et n’hésitent pas à dénoncer les abus, comme l’a déjà fait Reporters Sans Frontières.
Malheureusement, au lieu de remettre ses propres méthodes en cause, le gouvernement a de nouveau jeté blâme sur Navin Ramgoolam en l’accusant d’avoir terni l’image du pays en parlant sur la BBC. Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir, dit-on. Le régime actuel peut donc persister à croire que la situation est sous contrôle, mais le navire gouvernemental finira par faire naufrage bien avant la prochaine échéance électorale. Il se repose déjà sur les récifs, tel le Wakashio il y a encore une semaine.
Pravind Jugnauth ne le voit peut-être pas encore, aveuglé par l’arrogance du pouvoir et conforté sans doute par les rassurances de ses « experts » en com. Mais ce naufrage viendra certainement, probablement plus tôt que tard. Car le ras-le-bol de la population est palpable. Il est même de plus en plus visible et vociférant, comme le montre désormais le nouveau slogan qui inondent les réseaux sociaux : « Nou pays lor la liste noire. Nou la mer dans marée noire. Nou lepep dans misère noire. Nou gouvernement grand noir ! ».
Des groupes germant sur ces mêmes réseaux sociaux sont tout aussi criants et « speak volumes ». À l’instar de celui se prénommant « Sel Solution Revolution » qui regroupe des adhérents atypiques issus de toutes les couches sociales indépendamment de leurs religions. Ce qui démontre clairement le sursaut qu’il y a au sein de ce peuple, plus que jamais uni, qui n’a pas hésité, malgré les menaces, de prendre les choses en main « as one people, as one nation » dès qu’il a réalisé la catastrophe qui frôlait son île. Un réveil de conscience salutaire face à un Premier ministre et un gouvernement qui perdent les pédales. L’espoir est de mise. Osons croire que le peuple pourra enfin renverser ce gouvernement.