Maurice cité comme « le point de départ idéal » 

Trafic illégal du Bois de Rose 

Depuis des décennies maintenant, l’une des plus prestigieuses richesses de la Grande ile, Madagascar, est exploitée outrancièrement. Le Bois de Rose ! Ce nom n’est pas étranger aux Mauriciens. Qui ne se souvient pas de la saisie de six containeurs en provenance de Madagascar en juin 2011 ?  Cependant, le trafic illégal domine toujours la Grande ile devant la demande grandissante du marché asiatique pour ce bois rare et coûteux.  Même si les autorités gardent le silence radio sur cela, Maurice, selon une enquête de l’OCCRP, n’est pas innocent dans le parcours de ce bois de Madagascar à ses destinations finales…

Marwan Dawood

Madagascar, parfois appelé le «huitième continent », est un paradis naturaliste. 80% de la faune et de la flore de l’île ne se trouvent nulle part ailleurs dans le monde. Parmi les espèces rares, on trouve par exemple deux arbres en voie de disparition. Comme d’autres représentants du genre Dalbergia, les arbres rouges à croissance lente de Madagascar sont appréciés pour leur bois de chauffage parfumé, utilisé dans la fabrication de meubles coûteux. Les commerçants et les acheteurs de bois, ce qui est en grande demande et qui peut être vendu à un prix de 20 mille à 25 mille dollars par tonne. Ils n’ont également jamais vu le produit final – des meubles coûteux pour l’élite chinoise sont en pleine croissance.

Dans une enquête du Centre pour l’Étude de la corruption et du crime organisé (OCCRP) publiée ce mois-ci, l’île Maurice est montrée du doigt.  Tout ce qui est lié à cette activité – de la réduction à l’exportation – est contraire aux lois internationales en ce qui concerne les espèces en voie de disparition.  Les journalistes de l’OCCRP fustigent également le gouvernement de Madagascar qui, disent-ils, collabore à la dilapidation de cette ressource naturelle.

Le coût total est déterminé non seulement par la qualité du bois, mais aussi par les risques. Il peut être réduit de moitié ou même de quatre si l’acheteur a un client ou un ami influent qui peut fournir le matériel. Le bois d’exportation n’est pas envoyé immédiatement en Asie. D’abord, il est conduit à travers d’autres régions. C’est là que le nom de Maurice est mentionné pour la première fois, «une option consiste à utiliser de grands ports, par exemple à Maurice ou au Kenya Mombasa », dit le rapport.  Cependant une question reste posée, comment est-ce qu’un port aussi bien équipé pour l’inspection des navires, comme Port-Louis peut être sujet à critique ?  L’OCCRP parle alors de «contacts amicaux qui aident à détourner les inspections» entre certains dirigeants malgaches et certains à Maurice, sans pour autant nommer de nom ou d’institution.

«Environ 40% des négociants en bois enregistrés à Madagascar indiquent dans des documents que Maurice est la destination des marchandises », lit-on dans l’article de l’OCCRP.  Cependant, selon les données des Nations Unies sur les transactions sur les marchés des produits de base, il y a peu de preuves que le bois arrive effectivement à Maurice mais pour ceux qui ont mené l’enquête pour cette agence, il ne fait l’ombre d’un doute que «l’île sert de paradis fiscal et constitue donc un point de départ idéal pour la réexportation vers d’autres régions ».

Il est expliqué que, après le chargement du bois, « le contenu du récipient est marqué comme la vanille de haute qualité et des services de haute qualité sous forme douanière d’exportation », et qui peut avoir une certaine quantité de vanille qui est embarquée sur un bateau pour le camouflage. L’OCCRP affirme ainsi qu’il n’est donc pas surprenant que le principal lieu de transit présumé du bois contrefait soit Maurice  qui est également le principal point de transbordement de la vanille de Madagascar.

Après que la cargaison a quitté Madagascar, elle se rend dans les ports des petites îles pour ensuite être redirigée vers différentes régions de l’Asie du Sud-Est pour se retrouver éventuellement en Chine. Certains de ces pays, tels que Hong Kong et Singapour, sont des «paradis fiscaux ». D’autres, tels que le Myanmar, le Laos et le Vietnam, sont connus pour leur faible contrôle de la navigation.

Au niveau des institutions à Maurice, c’est motus et bouche cousue.  « Nous ne sommes pas au courant de ce rapport », disent-elles.