[Maurice confrontée à un manque d’eau aigu] Patrick Assirvaden : « Un plan d’urgence en préparation »

Lors d’une conférence de presse tenue le mardi 14 janvier 2025, le ministre de l’Énergie et des Services publics, Patrick Assirvaden, a présenté un bilan alarmant sur l’état des réserves d’eau à Maurice. « L’idée, c’est de faire un point sur la situation concernant notre distribution d’eau et le stockage d’eau dans le pays », a-t-il expliqué. Le ministre a ensuite abordé les préoccupations liées au niveau des réservoirs, qui a fortement baissé en comparaison avec l’année précédente : « Nous réalisons que le niveau d’eau, hier, était de 44,1 %. L’année dernière, à la même époque, il était de 74,8 %. »

Le rapport révèle que tous les réservoirs de l’île affichent des taux de remplissage en baisse significative. Mare-aux-Vacoas, le plus grand réservoir, est à 49,1 % de sa capacité. La Nicolière et Piton du Milieu enregistrent respectivement des taux de 45,4 % et 45,8 %. La Ferme, gravement touché, est à seulement 27,3 %. Mare-Longue reste le mieux rempli avec 60,8 %, mais ce niveau reste préoccupant. Les réservoirs Midlands et Bagatelle affichent respectivement 42,4 % et 43,6 %. Ces chiffres traduisent une baisse globale des réserves hydriques d’environ 30 % par rapport à l’année précédente.

La situation découle principalement de la répartition inégale des précipitations en 2024. Bien que les pluies d’été (novembre 2023 à avril 2024) aient été supérieures à la normale, celles de l’hiver (mai à octobre 2024) ont été nettement insuffisantes. Les mois de juillet, août et septembre 2024 ont particulièrement été marqués par un déficit historique. En juillet, seulement 36 % des précipitations normales ont été enregistrées, faisant de ce mois le plus sec depuis 120 ans. En août, 56 % des normales ont été relevées, ce qui en fait le troisième mois d’août le plus sec en 20 ans. En septembre, 46 % des normales ont été enregistrées, le cinquième plus sec en 30 ans. Ce déficit pluviométrique a directement affecté la recharge des nappes phréatiques et le remplissage des réservoirs.

Le ministre a souligné l’importance de la gestion efficace de l’eau, non seulement pour assurer une distribution équitable à la population, mais aussi pour soutenir les secteurs économiques tels que l’agriculture, l’irrigation, les industries et le commerce. Il a rappelé que cette ressource essentielle joue un rôle central dans l’économie du pays. « La dernière fois que nous avons connu une situation similaire c’était en 2023, avec un niveau d’eau de 32,1 %. Aujourd’hui, nous sommes à une différence de 30 % par rapport à l’année précédente, ce qui illustre bien la gravité de la situation », a-t-il ajouté.

Face à cette crise, plusieurs initiatives ont été dévoilées pour atténuer l’impact et mieux gérer les ressources restantes. Les autorités prévoient de sensibiliser la population sur l’importance de préserver l’eau et d’adopter des pratiques responsables. Elles encouragent également la récolte des eaux pluviales pour les usages non essentiels, comme le nettoyage ou l’arrosage. Une révision des horaires de distribution d’eau est en cours de préparation par la Central Water Authority (CWA), tandis que les services de camions-citernes seront renforcés dans les régions les plus touchées. Une campagne nationale de communication sera mise en œuvre pour informer et éduquer le public sur la situation.

Patrick Assirvaden a insisté sur le fait que cette crise est exacerbée par des conditions climatiques exceptionnelles, notamment un mois de juillet 2024 considéré comme le plus sec depuis 120 ans, avec une pluviométrie réduite à 36 % de la moyenne habituelle. Les mois suivants ont également enregistré des niveaux de précipitations anormalement bas. « Si la situation persiste, nous pourrions atteindre un point critique d’ici la fin avril, à la fin de la saison des pluies », a-t-il averti. Et d’ajouter : « La sensibilisation de la population est essentielle pour que chacun joue son rôle dans la gestion de cette ressource. » Une campagne nationale de sensibilisation sera lancée pour encourager une utilisation plus rationnelle de l’eau.

Alors que les niveaux d’eau continuent de baisser et que les prévisions météorologiques restent incertaines, Maurice doit impérativement repenser sa gestion des ressources hydriques. La priorité est désormais de mettre en œuvre des solutions durables pour faire face aux impacts croissants du changement climatique et protéger cette ressource vitale. Le ministre a conclu en affirmant que « la priorité est d’assurer que le pays puisse continuer à fonctionner tout en gérant efficacement cette ressource précieuse. Nous espérons des précipitations dans les semaines à venir, mais nous devons être préparés à toutes les éventualités ». Il a exhorté la population à se mobiliser et à collaborer pour traverser cette période difficile.

Réservoirs de Cluny et Nouvelle-France : Un fiasco à Rs 122 millions

Alors que Maurice fait face à une période de fortes chaleurs et à un épisode de sécheresse en ce début d’année 2025, les déficits pluviométriques sont importants. Or, deux infrastructures censées améliorer l’approvisionnement en eau dans le Sud deviennent elles aussi le symbole d’une gestion publique défaillante de l’ancien régime de Pravind Jugnauth. Construits à coups de millions, les réservoirs de Cluny et Nouvelle-France s’avèrent être inexploitables, en raison de graves anomalies de construction.

Avec pas moins de 25 fissures recensées pour le seul réservoir de Cluny, ces projets, inaugurés en grande pompe, révèlent un gaspillage flagrant des ressources publiques. Les travaux, confiés à la société Sotravic, suscitent aujourd’hui de nombreuses interrogations, notamment sur la supervision et la qualité des matériaux utilisés.

Le ministre de l’Énergie et des Services publics, Patrick Assirvaden, lors d’une visite sur les lieux le jeudi 16 janvier 2025, s’est dit indigné face à ce fiasco et ce gaspillage inacceptable.

Réduction des heures de distribution d’eau dès lundi

La Central Water Authority (CWA) annonce de nouvelles restrictions sur la distribution d’eau à partir du lundi 20 janvier 2025, en réponse à une sécheresse prolongée et à des réserves critiques. Les heures de fourniture seront désormais réduites, variant entre 3 et 12 heures selon les régions, pour mieux gérer les ressources disponibles. Un comité de crise a été mis en place pour suivre l’évolution de la situation et garantir une répartition équitable. La CWA invite les abonnés à faire un usage conscient et responsable de l’eau.