Dossier
Il faut dire que les touristes saoudiens sont parmi ceux qui voyagent le plus dans le monde et ont un grand pouvoir d’achat. Maurice mise beaucoup sur ce marché prometteur avec un énorme potentiel en termes d’arrivées touristiques. Les derniers chiffres de Statistics Mauritius sur les arrivées touristiques démontrent une nette progression du marché saoudien. Ainsi pour la période janvier-août 2018, les arrivées en provenance d’Arabie saoudite ont connu une hausse de 369.8%.
Le marché touristique arabe se porte bien. C’est du moins ce que disent les derniers chiffres concernant les arrivées touristiques pour le mois d’août. Parmi les pays de la péninsule arabique (entre mer rouge et golfe persique), c’est l’Arabie saoudite qui se taille la part du lion avec une hausse de 369.8% pour la période janvier-août 2018. Les arrivées en provenance de ce pays sont ainsi passées à 12 906 contre 2747 pour la même période en 2017. Pour le mois d’août cette année ils sont au nombre de 3716 touristes saoudiens qui ont foulé le sol mauricien, soit une hausse de 411.8% par rapport à août 2017 où le nombre d’arrivées était de 726. Une telle hausse est attribuée en grande partie à la venue de la compagnie nationale d’aviation de l’Arabie Saoudite, Saudi Airlines, à Maurice.
Par ailleurs, les autres pays se trouvant dans la péninsule arabique n’ont rien à envier au Royaume. Ils sont de plus en plus les touristes de ces pays qui ont visité l’île Maurice au cours de ces derniers mois. Ainsi, une hausse de 42.9% sur le nombre d’arrivées en provenance de Bahreïn pour la période janvier-août 2018 est notée. Ils sont 160 touristes qui sont venus à Maurice durant cette période contre 112 en 2017. Les autres pays affichent également une hausse dans le nombre d’arrivées pour la période janvier-août 2018 dont : Koweït (+24.1%), Liban (+9%), Oman (10.8%) et Qatar (1.1%). On note aussi une hausse des arrivées touristiques en provenance d’autres pays du Moyen-Orient. Une hausse de 37.5% est enregistrée pour la période janvier-août 2018. Par contre on note une légère régression du marché émirati. De janvier à août 2018, 8884 touristes des Émirats Arabes Unis sont venus à Maurice contre 9057 pour la même période en 2017.
Sur un plan plus large, le marché français demeure le leader incontesté des arrivées touristiques dans le pays. Elle occupe la première place avec une hausse de 20.3%. De janvier à août 2018, 177 222 touristes français sont venus à Maurice. S’en suivent : La Réunion (10.7% du marché), la Grande-Bretagne (10.3%), l’Allemagne (8.6%) et l’Afrique du Sud (8.5%). L’Arabie saoudite occupe la dixième place dans ce classement avec une part du marché de 1.5%.
Showkutally Soodhun : « Nous avons fourni beaucoup d’efforts »
Le député a beaucoup contribué pour faire de Maurice une destination touristique pour les Arabes. « Depuis quelque temps, nou pe fer buku zefforts pour promouvoir l’île Maurice comme enn destination touristique pou bane touristes Arabes. Mo fine gagne lokasion zwen le ministre du Tourisme de l’Arabie Saoudite et noune koze lor bane prospectives tourisme à Maurice et depi cela, fine ena bane billboards impé partou dans l’Arabie et bane lezot pays du Golfe pour fer la promotion de Maurice », explique Showkutally Soodhun. Ce dernier est d’avis que la hausse des arrivées touristiques de ces pays apportera un changement majeur à notre économie. Cependant, il invite les hôtels à mettre les facilités nécessaires à la disposition de ces touristes. « Pou bizin employe bane dimoune ki koz arabe dans lotel ek l’aéroport, donc pou ena bane répercussions positives kuma création d’emplois pour bane mauriciens », conclut-il.
Efforts inlassables
Depuis quelques années les autorités compétentes à Maurice font l’effort pour attirer les touristes de ce côté du globe. Une délégation mauricienne avait fait le déplacement en Arabie Saoudite dans le cadre d’un roadshow lancé le 7 avril dernier à Jeddah, au Crowne Plaza. La délégation menée par le ministre du Tourisme, Anil Gayan, et l’Office de Tourisme était composée d’une dizaine de représentants du secteur du tourisme à Maurice, dont Beachcomber Resorts & Hotels, Heritage Resorts, Veranda Resorts, YU Lounge, LUX* Resorts & Hotels ou encore Seaside Holidays, entre autres. Maurice a egalement participé à la Riyadh Travel Fair qui s’est tenue du 10 au 14 avril 2018, la délégation mauricienne s’est aussi rendue à Al-Khobar le 8 avril toujours dans le but de promouvoir la destination. Plusieurs activités, présentations et rencontres avec les professionnels du tourisme locaux étaient prévues durant cette tournée promotionnelle.
Une initiative qui date de 2014
En février 2014, le ministre du Tourisme et des Loisirs d’alors, Michael Sik Yen, accompagné des représentants de l’Office du Tourisme dont l’ex-Directeur de la MTPA, le Dr. Karl Mootoosamy et d’une dizaine de représentants hôteliers et de tour-opérateurs locaux, avait fait le déplacement au Moyen Orient pour un Roadshow. Le but de ce voyage était alors de promouvoir l’île Maurice comme destination touristique pour les Arabes. Une initiative qui porte ses fruits.
Le tourisme halal une réalité
Au-delà des considérations religieuses, il faut dire que c’est un marché florissant. Selon le World Halal Forum, ce marché pesait 2300 milliards de dollars en 2013, marché où le secteur de la nourriture ne représentait que 700 milliards. C’est donc un terreau fertile pour le business et il n’y a pas de raisons pour que le tourisme y échappe. Parmi les pays pionniers, on compte la Malaisie, l’Indonésie ou encore les Émirats Arabes Unis. La Turquie a également su tirer son épingle du jeu dans ce domaine. En parcourant les sites de réservations pour les voyages halals, les établissements turcs sont légions.
Vers l’adaptation du model turc ?
Selon Le Monde, c’est en l’an 2000 que remonte l’ouverture du Shahinn Paradise, un des plus anciens clubs du genre. Si «à l’époque ce type d’établissement était observé avec curiosité », écrit le journal, «l’arrivée au pouvoir du parti conservateur AKP » et «l’émergence d’une nouvelle classe moyenne conservatrice » ont permis aux mœurs d’évoluer. Aujourd’hui, plusieurs dizaines d’établissements offrent des prestations halal sur les côtes turques. Mais concrètement, un hôtel halal, c’est quoi? Prenons l’Adenya Beach à Alanya en Turquie. Le site Halalbooking.com détaille tous les aménagements mis en place.
Evidemment, la nourriture y est halal et de fait l’alcool est exclu. Une mosquée est à la disposition des clients et toutes les chambres, où la direction de la Mecque est indiquée, contiennent Corans et tapis de prière. L’hôtel propose des piscines ainsi que des spas séparés pour les hommes et les femmes, garantissant une intimité totale dans les zones réservées aux femmes.
L’établissement dispose également de deux plages réservées à chacun des deux sexes. Il existe aussi des hôtels possédants des piscines familiales, que hommes et femmes peuvent partager à condition d’afficher une «tenue correcte ». Au-delà de l’aspect loisir, certains hôtels proposent des excursions et des visites culturelles pour mieux découvrir l’histoire de la religion musulmane et son héritage. Les clients de ces complexes viennent principalement du Moyen-Orient. Selon une étude , l’Arabie Saoudite, l’Iran et les Emirats Arabes Unis sont en tête des pays d’où viennent ces touristes.
Maurice fait la promotion du tourisme Halal !
Il ne fait pas l’ombre d’un doute du potentiel remarquable du tourisme halal à travers le monde. En effet, en s’intéressant à l’organisation à Melbourne, en Australie, en 2015 d’une conférence sur le tourisme et les produits halal, l’article confirme à quel point le marché du halal se mondialise, révélant ainsi de belles perspectives économiques pour toute entreprise à vocation internationale.
L’entreprise Fireworks Group, d’origine mauricienne, avait en effet été chargée d’organiser le premier Halal Expo And Conference de Melbourne. Une belle victoire pour cette société de l’Île Maurice, qui doit s’occuper de recevoir désormais plus de 350 délégations venues des quatre coins de la planète. Mais c’est surtout la preuve que le marché halal s’internationalise facilement : hormis des règles parfois bien différentes d’un pays à l’autre, voire dans un même pays (les « halalgates » français de ces dernières années en sont l’illustration cruelle), le halal concerne malgré tout une population qui se retrouve autour des mêmes valeurs, quel que soit le pays.
Car, faut-il le rappeler, le halal ne concerne pas que la nourriture, mais également chaque aspect de la vie au quotidien : vêtements, jouets, produits bancaires et financiers, cosmétiques, etc. Pour une entreprise qui se destinerait à investir le marché halal, les perspectives sont donc à la fois très vastes, et en pleine croissance.
