Mauritius Investment Corporation Ltd : Les membres du board controversables?

Outre les premier et deuxième Vice gouverneurs de la Bom,le 'board' est aussi composé de Louis Rivalland et Yousouf Ismael alors que la présidence est assurée par Lord Meghnad Desai

Alors que la ‘Mauritius Investment Corporation’ (MIC) est censée venir en aide aux secteurs en difficulté, des voix discordantes se font entendre par rapport à la constitution de son conseil d’administration. D’aucuns se posent des questions quant à l’intégrité et l’objectivité de certains des ‘board members’. Outre les premier et deuxième vice-gouverneurs de la Banque de Maurice, nommément Kona Yerukunondu Mardayah et Sadhna Hemlata Sewraj-Gopal respectivement, le ‘board’, est aussi composé de Louis Rivalland et de Yousouf Ismael alors que la présidence est assurée par Lord Meghnad Desai.

Le fait même que cet organisme soit présidé par un étranger n’est guère réconfortant, selon certains opérateurs économiques. L’ancien ministre MSM de la Bonne gouvernance, Sudhir Sesungkur, l’a d’ailleurs dénoncé dans un entretien accordé à Sunday Times dimanche dernier. « Ce sera un étranger qui traitera des dossiers prioritaires sur lesquels dépend l’économie mauricienne, et cela sans qu’il ne soit présent à Maurice ! » avait-il affirmé.

Personne ne met en doute les capacités de cet économiste de renom et membre de la Chambre des Lords du Royaume-Uni, bien qu’il avait était été égratigné pour avoir signé la thèse, soupçonnée d’être un plagiat, de Saif Kadhafi, le fils de l’ancien chef libyen. Cependant, des opérateurs soutiennent qu’ils auraient souhaité que ce soit un Mauricien de calibre qui soit en charge de cet organisme dans ce moment de crise sans précédent, d’autant qu’il y va de l’avenir de nos secteurs économiques. « Ce n’est pas par visio-conférence ou par courriels qu’on va maintenant décider de la destinée économique du pays ! », argue-t-on.

Temasek à la mauricienne

Néanmoins, celui qui attire le plus de critiques n’est autre que Louis Rivalland. Ce dernier, rappelons-le, est CEO de ‘Swan Group’, directeur de ‘New Mauritius Hotels’ (NMH) qui gère le groupe hôtelier Beachcomber, et ancien chairman d’ENL, entre autres. ‘Beachcomber Resorts & Hotels’ fait partie des compagnies systémiques et peut donc chercher de l’aide auprès de la MIC. Quelle sera donc la position de Louis Rivalland dans ce cas ? Comment pourra-t-il, en tant que membre du board de la MIC, prendre une décision qui concerne un des groupes dont il est le directeur ? N’y aura-t-il pas un conflit d’intérêts ? D’ailleurs, personne n’a oublié l’affaire NMH où l’intégrité de Louis Rivalland avait été mise à rude épreuve. On évoquait aussi, outre un cas de conflit d’intérêts, un possible délit d’initié à la lumière de la composition des conseils d’administrations des compagnies concernées.

Le gouvernement n’en a-t-il donc tiré aucune leçon ? Est-ce ainsi que la MIC deviendrait le « nouveau Temasek de Singapour », pour reprendre les propres termes utilisés par un autre membre de la MIC, Yousouf Ismaël, qui est lui-même pris dans les filets d’une enquête de l’ICAC dans le sillage d’une allocation de contrat pour le remplacement de tuyaux au coût de Rs 120 millions au moment où il était le directeur général de la CWA 2017 ?

À un moment où Maurice est vu d’un mauvais œil en raison de son inclusion sur la liste noire de l’Union Européenne (UE), surtout quand on fait face à des défis sans précédent, le gouvernement aurait dû s’assurer que la bonne gouvernance devienne enfin la ‘new norm’. Comment les décideurs peuvent-ils s’attendre à ce que les opérateurs et les investisseurs fassent confiance aux autorités mauriciennes quand des organismes aussi importants tels que la MIC, qui a bénéficié d’une enveloppe de Rs 80 milliards de la BoM pour secourir des entreprises systémiques, sont dirigés par des personnes dont l’intégrité fait l’objet de doutes ?

Pour l’heure, on ne peut que croiser les doigts avant que le bal ne commence.