Metro Express : Quelle sécurité ?

L’attente prend fin aujourd’hui, dimanche 22 décembre. Le public pourra désormais prendre le métro (ou plutôt tramway, si on veut appeler l’engin par son propre nom), et cela gratuitement, du moins jusqu’au 5 janvier 2020. Toutefois, certains couacs s’annoncent, dont l’aspect sécurité des passagers, qui a été soulevé par le Leader de l’Opposition, le Dr. Arvin Boolell, et un chamboulement important dans la circulation routière.

Pourquoi la firme italienne Italcertifer a-t-elle été écartée ?

Cependant, un fait remarquable est que le contrat de Metro Express Ltd avec la compagnie italienne qui devait soumettre le certificat de sécurité, Italcertifer, a été résilié. Comme quoi, le gouvernement doit lancer le Metro Express dans les délais promis. De ce fait, il fallait tout faire pour obtenir un certificat de sécurité.  C’est ce qu’a déploré le Leader de l’Opposition lors d’une conférence de presse le vendredi 20 décembre dernier. Il dit craindre pour la sécurité des passagers car le meilleur certificat de sécurité serait celui d’Italcertifer, qui est une compagnie italienne de renom et qui a certifié les métros des pays occidentaux. « Li ena enn reputation de fer sa compagnie la, » a fait ressortir Arvin Boolell, avant d’ajouter que si la compagnie italienne prenait son temps, c’est qu’elle faisait son travail correctement. Mais le gouvernement était pressé…

C’est désormais la compagnie singapourienne Metro Transit Solutions Ltd qui a octroyé le certificat de sécurité, en 23 jours seulement.  La question demeure cependant : comment, dans un délai si court, Metro Transit Solutions a pu certifier que l’aspect sécuritaire du Metro Express est à la hauteur alors que durant les travaux, nous n’étions pas en contrat avec elle ? La compagnie singapourienne n’était ainsi pas présente durant les travaux, c’était Italcertifer qui réunissait ses informations pour les besoins de son analyse. Dans cette optique, le Leader de l’Opposition demande que le rapport du certificat de sécurité sois rendu public car la sécurité des passagers est primordial, toutefois sans mettre en cause la compétence de Metro Transit Solutions. « La transparence doit primer », a fait ressortir Arvin Boolell.

Alan Ganoo, le ministre responsable du Metro Express, a pour sa part déclaré laconiquement qu’Italcertifer nous faisait perdre du temps alors que le gouvernement devait respecter les échéances. C’était lors d’une conférence de presse le mardi 17 décembre dernier.

Un danger pour les autres usagers de la route ?

D’autre part, avec l’avènement du Metro Express, plusieurs nouveaux panneaux de signalisation seront érigés. Le fait est que les usagers de la route mauriciens n’ont pas été formés à interpréter ces panneaux, et cela pourrait constituer un danger. Il est à souligner qu’une amende de Rs 25 000, pouvant aller jusqu’à Rs 100 000, est en vigueur pour les contrevenants au paragraphe (1) de la Light Rail Act. De plus, une peine d’emprisonnement est aussi prévue, ne dépassant pas deux ans.

En parlant d’infractions, le vendredi 20 décembre dernier, un flagrant délit a été noté. Un homme a été aperçu traversant devant une rame du Metro Express, qui faisait un essai. Dans une vidéo filmée par un habitant de la région et publiée sur les réseaux sociaux, on peut clairement voir l’homme traverser les rails, alors que la rame de métro klaxonnait.

Si c’est ainsi même avant le lancement, on peut imaginer le désordre qui s’installera en ce qui concerne le Code de la Route dans les jours qui suivront le lancement, sans jouer aux prophètes de malheur. Alors qu’il est interdit d’approcher les voies du Metro Express, rien n’est fait pour sécuriser les lieux. Les passants peuvent librement accéder aux rails, surtout dans les régions comme Barkly, où les enfants ont l’habitude de jouer sur les rues. Cela peut s’avérer dangereux. Avis donc aux autorités car il vaut toujours mieux prévenir que guérir.

La gratuité… et la pagaille

Alors que le ministre du Transport d’alors, Nando Bodha, et le Premier ministre lui-même, avaient annoncé que le Metro Express sera gratuit au public pendant au moins un mois, cette gratuité ne sera valable que du 22 décembre 2019 au 5 janvier 2020, soit pour 15 jours seulement.

En marge de cet événement, les gens se sont dépêchés de toutes parts pour aller prendre leurs billets pour le trajet gratuit. Là-encore, c’est la pagaille ! Ce dont nous avons malheureusement été témoins dans les divers lieux où la distribution de billets se faisait.

Alors que la distribution devait commencer à 9 h le mercredi 18 décembre, bon nombre de personnes étaient déjà en file indienne pour s’en procurer. Cependant, à leur étonnement, les billets n’étaient pas encore arrivés. Le CEO du  Metro Express Ltd devait par la suite expliquer que cela était dû à un retard dans l’impression des billets mais que le problème avait déjà été résolue dans l’après-midi.

300 personnes au maximum pourraient être accommodées à l’intérieur d’une rame. Beaucoup ont été déçus de ne pouvoir prendre le tout premier trajet officiel du Metro. Toutefois, en un seul jour, plus de 60 000 billets ont déjà été écoulés. Encore plus de billets devraient être distribués pour les trajet la veille de Noël.

La déviation routière causée par la phase II suspendue sur l’ordre d’un ministre

La deuxième phase du projet Metro Express, qui devait transiter par Curepipe, a été chamboulée. En effet, une déviation routière était prévue à la rue Swami Sivananda. Cependant, selon un ministre, cela causera d’énormes embouteillages. Il a ainsi demandé que cette déviation soit suspendue. Ce ministre a insisté que pendant la période festive, ce ne sera pas viable de dévier la circulation de la rue Swami Sivananda à Curepipe. C’était lors d’une réunion du Steering Committee, le jeudi 19 décembre, qui a la tâche de superviser les travaux.

C’était le même jour que cette déviation devait être en vigueur. La rue Swami  Sivananda devait être fermée dans les deux sens, incluant sa jonction avec Phoenix-Plaisance Road et celle avec Floréal Road.