Meurtre d’Ayaan Ramdoo Les proches : « Ti bizin arrete mama et papa Ashar la si ! »

« Mama la kot ti eter letan Ashar pe batte li ? Li pa ti dan lacaz la ? Dans sa lacaz la, ena trois dimounes, mais personne pas denoncer ? Zot ti bizin konner qui sa zenfant la pe gagn bater. Kifer zot in cachette ? Ti bizin arrete mama et papa Ashar. Zot bizin au courant tousala. Parski pa en bater en jour sa. Kifer tousa letan la, zot pas ti dire ki zenfant la ti pe gagn bater ? Aster kan zenfant la ine fini mort ki mama Ashar ine tire foto kadavre ? »

Ce sont là les mots des proches du petit Ayaan Ramdoo, sauvagement agressé par le compagnon de sa mère, Ashar Soobrattee, 22 ans, le jeudi 12 novembre à son domicile à Midlands. La mort de cet enfant a provoqué la stupeur dans toute l’île Maurice depuis le samedi 14 novembre. C’est également l’incompréhension et la colère chez la famille du petit Ayaan. Personne ne sait depuis quand le petit subissait les coups, les agressions, et les actes de violence de la part d’Ashar Ramdoo.

Selon eux, Nawsheen Beeharry était une mère parfaite qui aimait bien son fils, et ils ont peine à croire que derrière ce visage de mère aimante se cachait une personne qui aurait pu couvrir la mort de son fils. La question sur toutes les lèvres : quel est le degré de complicité de la mère ?  La grand-mère paternelle d’Ayaan, Fazila Ramdoo, âgée de 64 ans, veut que justice soit faite dans cette affaire. Elle dit qu’elle était au travail lorsqu’elle a reçu un appel téléphonique l’informant de la mort de son petit-fils. En rentrant à Midlands, Fazila Ramdoo devait découvrir à travers la sœur de Nawsheen, Noushreen, que son petit-fils avait été battu.

« C’est mama Ashar, li reste ensam ar zot, ki ine tire en foto. Line avoye sa sœur Nawsheen et li pe dire ki sa zenfant la depi lontan pe martyriser. Dernier zour ki zenfant la pe gagn bater, li ti pe extra crier. Voisin tou in tender, mais zot pa ine capav fer narien ». Fazila Ramdoo ne mâche pas ses mots à l’encontre de la mère et le père d’Ashar Soobrattee. S’ils étaient vraiment au courant de la maltraitance du petit garçon, pourquoi n’ont-ils rien dit ? Selon cette dernière, c’est un ramassis de mensonges quand Nawsheen maintient qu’elle n’a rien entendu le jour du drame. « Met ou dans so place, si ou missier ine pran ou zenfant in ale baigne li dan salle de bain 1 hr temps. Ou pa questionne li pour demander ki li pe fer tousa letan la ? Ou pa tape la porte narien ? Li pe tire so canette dans zouer ! »

Fazila Ramdoo sort aussi de ses gonds envers une voisine qui a donné le bain funéraire (‘ghusl’) à Ayaan : « Saki ine baigne li la, line trouve tousa marque la mais li pane dire personne. » Selon la sexagénaire, Nawsheen avait l’habitude de déserter le toit familial avec le petit Ayaan, sous prétexte de partir chez des proches. Elle soutient que Nawsheen, comme mère, prenait bien soin d’Ayaan : « Mais depi ki line ale ar sa boug la, ki ine arrive li ? ».  Elle se montre aussi très dur envers Nawsheen Beeharry et Ashar Soobrattee. « Bizin ferme zot à vie. Dan prison, bizin martyrise li pareil kuma line martyrise sa zenfant la ». Elle ne cesse de dire : « Si li pa ti capave get zenfant la, li ti capave amene li. Zenfant la pas lourd pour nous. Zenfant la ti abitier kot so chacha ek so ban cousin. Li ti pe reste laba avant. Li ti dan bien laba. So chachi ti pe get li kuma zot zenfant ».

À leur première comparution devant le tribunal de Curepipe, Nawsheen devait même s’évanouir à un moment donné. Fazila n’a pu se rendre à la Cour de Curepipe, et c’est son fils qui l’a informé de l’épanouissement de Nawsheen. «Aster li pe faire cinéma. Ene mama pas capave fer sa avek so zenfant. Ki kaliter le cœur to ti capave ena letan sa garçon la pe fer sa avec to zenfant ? Tone prend en mari juste pour dormi et tone neglige piti la net. Papa la, mem kuma li eter, jamais li ti pour neglige so piti », assène Fazila.

Pour sa part, l’oncle et la tante d’Ayaan, qui ont trois enfants âgés entre 6 mois et 6 ans sont aussi révoltés depuis ce drame. Ces derniers ne comprennent toujours pas comment Nawsheen n’a pu protéger Ayaan alors que cette mère se montrait toujours tendre et affectueuse envers le petit à chaque fois qu’elle était chez eux avec Ayaan. Il habitait chez un de ses oncles pendant trois mois avant que sa mère ne vienne le prendre. Ses proches regrettent d’avoir laissé Ayaan partir avec sa mère. Ils disent ignorer par ailleurs si la mère avait un autre homme dans sa vie et s’ils avaient su cela, ils n’auraient jamais laissé Ayaan partir avec Nawsheen.

Quant au père biologique d’Ayaan, Adil, il purge actuellement une peine d’emprisonnement pour une affaire d’agression et devrait être libéré, selon sa mère, d’ici fin 2021. Depuis l’emprisonnement d’Adil, personne n’avait de nouvelles de Nawsheen et du petit garçon. Par ailleurs, Adil a été admis à l’hôpital Brown-Séquard depuis mardi.

 

La dernière fois que Noushreen voyait le petit en vie

La sœur de Nawsheen, Noushreen, nous confie que le 7 novembre, Ashar, Nawsheen et le petit Ayaaan étaient venus lui rendre visite à St. Pierre. Elle dit avoir remarqué que le petit avait l’air traumatisé et elle alors posé des questions à sa mère. Mais Ashar devait lui répondre que le petit avait sommeil. C’était la dernière fois que Noushreen le voyait en vie.

 

MDeena Bhoyroo, avocate 

« Il faudrait des personnes qui dénoncent les actes de violence sur les enfants »

Pour MDeena Bhoyroo, avocate, il y a déjà plusieurs provisions légales pour la protection des enfants, contenues dans le Code civil, le Code pénal, la ‘Protection Against Domestic Violence Act’ et la ‘Child Protection Act’. « Ce qu’il faut avoir, ce sont des personnes qui dénoncent les actes de violence sur les enfants, comme la tante d’Ayaan l’a fait dans le cas présent. Sinon les cas de maltraitance ou de violences sur les enfants passeront inaperçus et impunis. Ce n’est que quand nous dénonçons ces cas que la loi et les sanctions pourront être appliquées », avance notre interlocutrice.

L’avocate pense aussi qu’il faudrait des pénalités plus sévères, comme par exemple des ‘mandatory prison sentences’ au lieu d’amendes, même pour un premier délit, dans les cas de maltraitance d’enfants. « Un délit, c’est déjà un délit de trop », dit-elle.

Selon elle, il faut envoyer un signal fort pour dissuader d’autres personnes de commettre des actes de maltraitance ou de violence sur leurs propres enfants ou sur l’enfant de leur compagnon, ou envers n’importe quel enfant qui est sous leur garde.

Sarah Khodadin