L’enquête sur le meurtre de Mark Yeung Shi Yin, propriétaire de Marks Aquarium à Baie-du-Tombeau, a connu un tournant décisif ce jeudi matin. Les enquêteurs de la Major Crime Investigation Team (MCIT) ont retrouvé un couteau, une cagoule et une paire de gants dissimulés dans un buisson à Coromandel. Ces objets, considérés comme des pièces maîtresses du crime, ont été découverts grâce aux aveux de deux suspects, qui ont conduit les policiers sur les lieux où ils les avaient cachés après le drame. Le matériel saisi a immédiatement été envoyé au Forensic Science Laboratory pour analyses scientifiques. C’est une avancée cruciale dans une affaire qui, depuis une semaine, bouleverse l’opinion publique par son caractère familial et tragique.
Mark Yeung Shi Yin a été tué dans la nuit il y a une semaine, avant que sa maison ne soit incendiée à Baie-du-Tombeau. L’incendie, d’abord perçu comme un moyen de dissimuler un cambriolage ayant mal tourné, s’avère aujourd’hui être la dernière étape d’un plan mûrement réfléchi. Cinq suspects sont actuellement en détention, parmi lesquels le fils aîné de la victime, Alan Yeung Shi Yin. L’arrestation de ce dernier, rapidement suivie de celle de ses complices présumés, a jeté une lumière sombre sur une rivalité familiale aux racines profondes.
C’est l’interpellation de Cédric Carré, lundi dernier, qui a permis de relancer l’enquête. Face aux enquêteurs, l’homme a fini par craquer. Mercredi, il est passé aux aveux. Il a reconnu avoir poignardé Mark Yeung Shi Yin à plusieurs reprises, tout en affirmant ne pas avoir agi seul. Il a désigné un autre suspect, Wayne Barry, qu’il accuse d’avoir lui aussi porté des coups de couteau à la victime. Ses déclarations ont permis de retracer le scénario macabre de cette nuit tragique. Selon ses dires, le groupe s’était rendu chez Mark Yeung Shi Yin avec un plan bien précis. Ils avaient emporté avec eux de l’essence, destinée à incendier la maison après le meurtre, effaçant ainsi toute trace de leur passage. Ces révélations orientent désormais les enquêteurs vers la thèse d’un acte prémédité, mettant de côté celle d’un cambriolage improvisé.
Les aveux de Cédric Carré ont aussi levé le voile sur la nature des liens entre les protagonistes. Derrière cette affaire se dessine une histoire de rancunes familiales et de tensions anciennes. Le fils de la victime, Alan, est soupçonné d’avoir joué un rôle déterminant dans la préparation du meurtre. Les enquêteurs cherchent à savoir s’il a incité les autres à passer à l’acte ou s’il a lui-même pris part à l’agression. Selon certaines sources proches de l’enquête, des différends financiers et des conflits liés à la gestion de l’entreprise familiale pourraient être à l’origine du drame. La relation entre Mark et son fils s’était fortement détériorée ces derniers mois. Des querelles fréquentes, des disputes autour de l’argent et de la succession auraient progressivement creusé un fossé infranchissable.
Pour les voisins du quartier de Baie-du-Tombeau, la nouvelle du meurtre a été un choc. Mark Yeung Shi Yin, décrit comme un homme discret, travailleur et passionné par son commerce, ne laissait rien paraître des tensions qui régnaient au sein de sa famille. Beaucoup peinent encore à croire que son propre fils puisse être impliqué dans un crime aussi atroce. L’image d’un père aimant, souvent vu s’occuper de ses poissons exotiques, contraste avec la violence du drame qui s’est joué dans sa maison, aujourd’hui réduite à des cendres.
Les enquêteurs poursuivent désormais leurs analyses pour établir la chronologie exacte des faits. Les résultats des examens scientifiques sur le couteau, la cagoule et les gants retrouvés à Coromandel pourraient apporter des preuves déterminantes. Si l’ADN ou des empreintes des suspects y sont retrouvés, cela viendrait consolider le dossier du parquet et confirmer la participation directe de chacun. En parallèle, la MCIT tente de reconstituer le parcours des suspects avant et après le meurtre. Des images de caméras de surveillance, des relevés téléphoniques et des témoignages sont en cours d’exploitation pour préciser le degré d’implication de chacun.
Au-delà de la violence du crime, c’est la dimension humaine de cette affaire qui bouleverse. Le meurtre d’un père par ceux qui auraient dû être les plus proches de lui révèle la profondeur des fractures familiales, parfois invisibles, qui peuvent mener à l’irréparable. Ce drame rappelle que les rancunes nourries au fil du temps, les querelles d’héritage et les non-dits peuvent se transformer en un poison lent, jusqu’à faire exploser le lien du sang lui-même.
Pour l’instant, les cinq suspects restent en détention, le temps que la MCIT finalise son dossier avant de le transmettre au Bureau du Directeur des poursuites publiques. La reconstitution du crime devrait avoir lieu prochainement, afin d’éclaircir les zones d’ombre restantes. L’attente est lourde, tant pour les proches du défunt que pour les habitants de la région, encore sous le choc.
À Baie-du-Tombeau, le silence s’est installé autour de la demeure calcinée. Là où vivaient autrefois les Yeung Shi Yin, il ne reste que des murs noirs et des souvenirs dévastés. L’enquête suit son cours, mais une vérité, déjà, s’impose : la mort de Mark Yeung Shi Yin n’est pas seulement le fruit d’un crime, mais celui d’un éclatement familial, d’une tragédie où l’amour et la haine se sont confondus, jusqu’à ne plus faire qu’un.
