MIC : Le favoritisme prend-il le dessus ?L’opacité entourant les décaissements d’un demi-milliard de roupies à Avinash Gopee intrigue

Les révélations émanent du leader de l’Opposition. Xavier Luc Duval voulait soulever, lors de sa PNQ de mardi, les largesses accordées à Avinash Gopee par la « Mauritius Investment Corporation » (MIC). Mais il est resté sur sa faim, le ministre des Finances ne voulant rien divulguer sur la MIC en prétextant qu’il s’agit d’une compagnie privée. Peu importe si c’est l’argent des contribuables qu’elle utilise pour financer des compagnies censées être en difficulté. Raison pour laquelle les divulgations du leader de l’Opposition dérangent et ne peuvent être prises à la légère. Y a-t-il eu ingérence pour qu’Avinash Gopee, connu pour être un proche du pouvoir, obtienne Rs 300 millions de la MIC pour compléter son projet de « Luxury Retirement Village » à Moka ? Pourquoi le board a-t-il renversé le refus initial de l’‘Investment Committee’ d’approuver ce prêt ? Ce sont les questions auxquelles les contribuables exigent des réponses.  

Le projet de « luxury homes », baptisé Royal Green et se trouvant dans la circonscription du Premier ministre au no. 8, ne tombe pas, selon des observateurs avertis, dans la catégorie des secteurs systémiques. Ce projet est-il donc considéré comme étant stratégique visant à faire de Maurice une « innovation-driven and self-sufficient economy » qui fait également partie de la mission que s’est fixée la MIC ? Pas vraiment, insistent certains opérateurs économiques qui insistent pour garder l’anonymat. Le Royal Green, dont les « senior residences » comprenant une chambre et une piscine commune se vendent à partir de Rs 7 millions selon des publicités en ligne, était-il néanmoins viable dans le contexte économique actuel pour pouvoir obtenir un financement de la MIC ? Là encore, rien n’est sûr.

Mais si, comme le dit Xavier Duval, la demande initiale d’Avinash Gopee avait été rejetée par l’‘Investment Committee’, chargé d’évaluer les propositions d’investissements, il devait bien y avoir une raison. Laquelle ? Pourquoi la MIC, qui dit vouloir prôner la transparence, ne la révèle pas ? Et pourquoi la MIC ne communique-t-elle pas les raisons et les critères sur lesquels elle s’est basée pour renverser la décision de l’‘Investment Commitee’ et d’approuver ce financement de Rs 300 millions, si effectivement elle l’a fait ? Pourquoi plusieurs jours après les révélations faites par le leader de l’Opposition, la MIC n’a toujours pas réagi, quitte à se discréditer aux yeux du public et des instances internationales, dont le FMI, qui nous veille au grain ?

Est-ce parce qu’il se doutait de la portée de la PNQ de Xavier Duval que Renganaden Padayachy a refusé de donner des réponses précises à l’Assemblée Nationale, mardi ? Cette affaire sent bien le roussi, d’autant qu’Avinash Gopee a bénéficié, pas une fois, mais à deux reprises, des largesses de la MIC. En effet, toujours selon le leader de l’Opposition, une autre compagnie de ce proche du pouvoir, PHS Investment, aurait aussi obtenu Rs 200 millions de la MIC, cela après un prêt de Rs 600 millions contracté auprès de la SBM, pour un projet de construction sur un terrain de 3 arpents obtenu grâce à Landscope à Ébène et qui sera ensuite loué à l’‘Economic Development Board’ (EDB).

L’opacité qui prime entourant ces financements de la MIC à ce privilégié de Lakwizinn intrigue. Est-ce cela qui a poussé Lord Meghnad Desai à prendre la porte de sortie ? La question est bien entendu sur toutes les lèvres…

Un privilégié du pouvoir

Avinash Gopee, on le sait, est un privilégié du gouvernement en place. Il avait, dans un premier temps, été nommé comme chairman de « Mauritius Multisports Infrastructure Ltd » (MMIL) où il avait été associé de près à la construction du complexe sportif de Côte d’Or qu’il qualifie d’ailleurs comme son « bébé », même s’il n’est qu’un éléphant blanc qui a bouffé presque cinq milliards de roupies. Il a ensuite été parachuté à la présidence de la « Tourism Authority » (TA) où il est toujours en poste. Entretemps, ses compagnies poursuivent leur petit bonhomme de chemin, avec le soutien financier de la MIC, financée par les contribuables.