Mohammad Dookun, spécialiste de la course de demi-fond

L’un des meilleurs espoirs de Maurice au JIOI

Vous avez surement remarqué ce jeune homme plusieurs fois à la télé ou dans des publicités dans tous les coins de l’île, plus précisément sur les publicités des Jeux des îles de l’océan Indien. Eh bien oui, c’est le favori des course de demi-fond des JIOI : Mohammad Dookun. Un jeune homme de principe, un battant, un homme discipliné, responsable et humble.

Né le 20 juillet 1993 dans une cité de Curepipe, connu comme Cité Labrasserie, Mohammad Dookun a grandi avec sa maman, dont il est l’unique enfant, et sa grand-mère. Il a fréquenté la Cité Atlee Government School, puis il a fait ses études secondaires au Curepipe College. Enfant, il avait été exposé à plusieurs fléaux sociaux. D’ailleurs, il se décrit comme « ene zenfant la ri », qui a beaucoup appris en dehors de l’école.

Mohammad est reconnaissant envers ses parents qui ont travaillé dur pour qu’il puisse avoir une bonne éducation. Comme tous les jeunes de son âge, il voulait s’offrir aussi les chaussures ou les vêtements de marque, même s’il avoue qu’il ne savait pas grand chose sur les grandes marques.

Après ses études secondaires, débute le point tournant de sa vie. C’est là où tout commence à changer. Il effectue des petits boulots et réalise que gagner de l’argent n’est pas une chose facile. Il commence dès lors à être plus responsable. À l’âge de 18 ans, il tente sa chance dans l’athlétisme. « J’étais déjà habitué à pratiquer du sport, par exemple le football. Je me suis alors dit, un peu en plaisantant, pourquoi ne pas m’essayer à la course ?» Un essai qui sera couronné de succès : il va remporter sa première médaille de bronze au championnat de cross-country de Maurice en 2011, alors qu’il n’avait que 18 ans à cette époque.

C’est à ce moment-là qu’il prend conscience de son habileté dans la course, car sans aucune connaissance particulière et sans entraînement, il a pu décrocher une médaille. Mohammad commence alors à s’entraîner d’arrache-pied. C’était assez difficile au début pour lui car il devait compléter ses études et trouver du temps pour s’entraîner. « C’est Dieu qui m’a insufflé la force d’arriver là où je suis aujourd’hui », nous confie-t-il. Il faut dire que la religion tient une place préponderante dans sa vie.

Un beau jour, il est approché par Frankie Lebon, l’entraîneur du club athlétique Curepipe Warriors. Avec l’aide de ce dernier, Mohammad a commencé à apprendre les techniques de base de l’athlétisme, y compris comment consommer une nourriture appropriée pour un athlète. À partir de là, il a fait son entrée dans la cour des grands, pour ainsi dire.

Plusieurs compétitions internationales à son actif

En 2012, il prend son premier vol pour La Réunion. En souriant, il nous confie, « Zenfant cité ine resi prend avion ! » C’est là qu’il commence à prendre part dans plusieurs compétitions internationales se déplaçant au Kenya et en Côte d’Ivoire. Il va se spécialiser dans les courses de demi-fond (entre 800 et 3 000 mètres) et fera son entrée dans les JIOI de 2015, où il décrochera des médailles d’argent et de bronze.

Tel un battant qui ne lâche pas ses rêves et ses ambitions, il continue de s’entraîner. Il connaît la consécration en 2016, aux Championnats d’Afrique, où il bat le record du 1 500 mètres. Pour qu’un Mauricien réussisse à participer au Championnat d’Afrique, c’est déjà assez difficile, mais Mohammad Dookun a prouvé que c’était dans le domaine du possible.

Il se lance ensuite dans les Jeux de la Francophonie en 2017, juste après son retour triomphal de la Côte d’Ivoire. Hélas, le malheur devait frapper. Il est victime d’un accident de motocyclette résultant en une fracture à la tête, et avait sombré quelques jours dans le coma. Il a dû arrêter ses préparatifs pour une compétition au Kenya.

Une fois rétabli, il participe à nouveau en 2018 au Championnat d’Afrique au Nigéria et aux Jeux du Commonwealth en Australie. Sa dernière participation internationale remonte à cette année-ci au Championnat du monde de cross-country au Denmark. Après cette compétition, il se prépare activement pour les Jeux des îles. Concernant son entraînement ces jours-ci, Mohammad est souvent en stage en France.

Pour Mohammad, tout ce qu’il a gagné dans sa vie, c’est parce qu’il le mérite. Il ajoute qu’il ne prend rien qu’il ne mérite pas. Il a rencontré beaucoup de gens qui l’ont toujours aidé, donc il essaie d’aider en retour sans hésitation, car il pense fermement que l’aide mutuelle constitue une chaîne. En outre, la courtoisie est pour lui une des choses les plus importantes. « Un bonjour, un merci et un sourire sont importants dans tous les domaines », nous dit-il. Il affirme aussi avoir le courage par la prière et la religion : « Mo ena ene devoir envers mo Createur. Mo fair ceki bon ek mo delaise le mal. » Pour les Jeux des îles, il a le plein support de sa famille et de ses amis, sans oublier sa copine avec qui il compte faire sa vie.