« Motion of privilege » d’Ivan Collendavelloo : Tactiques désespérées pour faire traîner les pétitions électorales

Pourquoi le Deputy Prime Minister, Ivan Collendavelloo, est-il venu de l’avant avec une ‘motion of privilege’ à l’Assemblée nationale réclamant que l’huissier Saoud Saumtally soit déféré au bureau du Directeur des Poursuites Publiques (DPP) pour outrage alors que l’affaire des pétitions électorales est actuellement en cour et peut donc être subjudice ? Le DPM, étant lui-même un Senior Counsel, n’en est-il pas au courant ? Et si cette motion n’est en fait qu’une tactique dilatoire, avec la complicité du Speaker, destinée à retarder le processus des pétitions électorales en cour ? Une petite manœuvre qui est devenue plus qu’évidente lorsque le Speaker a laissé échapper que  le DPM « will take his responsibility ».

Voyons d’abord les faits. Trois élus du gouvernement, en l’occurrence le Premier ministre lui-même, son adjoint et Dorine Chukowry, avaient protesté, le 13 janvier dernier en cour, contre la façon dont la pétition électorale leur avait été servie en décembre 2019. Depuis le 13 janvier, le Parlement a siégé en quatre occasions. Mais ce n’est qu’au cinquième ‘sitting’ qu’Ivan Collendavelloo est venu avec cette motion, prenant à contre-pied l’opposition. Pourquoi a-t-il attendu autant de temps, d’autant qu’une « motion of privilege » est exemptée d’une ‘notice’ au préalable en vertu du ‘standing order’ 29(1)(a) ?

Paul Bérenger semble avoir trouvé la réponse. « C’est ène tentative pou faire traîne les choses à la cour suprême », a-t-il dit en conférence de presse, hier, alors que d’autres députés de l’opposition, de tous les trois bords confondus, parlent de la « crainte » d’Ivan Collendavelloo, et du gouvernement, concernant un éventuel ‘recount’. L’enjeu serait en effet bien trop grand pour le pouvoir en place si jamais un des leurs ne ‘tombe’. Ce qui confirmerait alors le doute que les dernières élections générales n’ont pas été libres et transparents et qui pourrait accentuer la pression populaire pour que de nouvelles élections soient organisées le plus vite possible. D’où les manœuvres désespérées d’abord de Pravind Jugnauth en cour, et maintenant de son adjoint et partenaire de l’alliance gouvernementale à l’Assemblée nationale pour gagner du temps. Comme quoi, tous les moyens sont bons pour s’agripper au pouvoir.