Dans le cadre de l’affaire des Moustass Leaks, qui secoue l’île Maurice depuis trois semaines maintenant, l’accusation de ‘Prohibition of Acts of Terrorism’ portée contre Sherry Singh, ancien CEO de Mauritius Telecom, et quatre autres prévenus a été levée samedi dernier, marquant un soulagement notable pour ces derniers, leurs défenseurs et leurs familles.
Arrêtés le 1er novembre 2024, Sherry Singh, Nadeem Reshade Varsally, Jamirouddin Mohammad Yeadally, Kaviraj Ramjhuria et Leevy Frivet ont d’abord été accusés de ‘Misuse of Fake Profile’ et de ‘Prohibition of Acts of Terrorism’ en lien avec les enregistrements controversés de Missie Moustass. Cependant, cette accusation de ‘Prohibition of Acts of Terrorism’ a rapidement été remise en question. En effet, Me Nataraj Muneesamy, assistant du Directeur des Poursuites Publiques (DPP), a souligné qu’elle reposait uniquement sur des suspicions sans preuves solides. Cette observation a été déterminante dans la décision finale du magistrat Prashant Bissoon. Le lundi 4 novembre, ce dernier, agissant de sa propre initiative (proprio motu), a décidé de rayer l’accusation provisoire de terrorisme. Cette décision a été prise après une analyse approfondie des explications fournies par les enquêteurs, que le magistrat a jugées insuffisantes pour maintenir une telle charge.
Me Urmila Boolell, Senior Counsel représentant Sherry Singh, a qualifié l’accusation initiale de « profondément regrettable », affirmant qu’il était inacceptable de brandir une telle charge sans preuves concrètes. Me Lovena Sowkhee, avocate de Nadeem Reshade Varsally, a réitéré l’importance de la décision du DPP de déclarer que « la nature des preuves ne correspond pas à l’accusation ». L’accusation d’utilisation de faux profils reste quant à elle maintenue, assortie de conditions strictes de libération : versement d’une caution de Rs 80 000, couvre-feu, interdiction de quitter le territoire, et présentation quotidienne au poste de police.
Sherry Singh a déclaré, à sa sortie du tribunal : « Mo remercier magistrate Zeenat Cassamally ki inn gard la cour ouvert ziska 20h dan lintere liberte ene dimoun. Zame pann arive sa. » Il a par également remercié le bureau du DPP, qui est selon lui un rempart contre l’injustice, et a souligné qu’au-delà de son cas personnel, ce sont quatre familles qui ont été durement impactées, et ce uniquement sur la base de la déposition d’une personne. « Mo remercier également tou ban avocats kinn présents malgré la pression, ek bizin dir kan dimoun fer ene bon travay, Magistrat Bissoon, par li mem, san ki nou ban avocats bizin intervenir, linn trouver ki pena evidences et linn strike out case la, chapo a lui », a-t-il ajouté. Concernant la charge de ‘Prohibition of Acts of Terrorism’, l’ancien CEO de Mauritius Telecom a assuré ne jamais avoir été inquiet parce que « li pa make sense », bien que fatigué car en période électorale, et étonné de voir à quel point le gouvernement sortant est prêt à tout pour arrêter les adversaires politiques.