L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré mercredi que l’épidémie de mpox, qui touche plusieurs pays africains, constitue une urgence de santé publique de portée internationale. Cette décision a été prise à l’unanimité par un comité d’urgence de l’OMS qui craint qu’une souche plus mortelle et transmissible du virus ait atteint des régions africaines jusque-là épargnées. Des cas ont déjà été enregistrés en Suède, en Europe, et au Pakistan, entre autres. La Chine a, pour sa part, déjà commencé à renforcer ses contrôles aux arrivées sur son territoire. Doit-on s’en inquiéter à Maurice ? Le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, a annoncé, vendredi, la mise sur pied d’un protocole couvrant tous les aspects, allant des symptômes aux modes de transmission en passant par le diagnostic et le traitement. À ce jour, a-t-il précisé, aucun cas de mpox n’a été détecté sur le sol mauricien.
Le Dr Shameem Jaumdally, virologue basé en Afrique du sud, estime que des précautions sont de mise, puisqu’une urgence sanitaire a été déclarée au niveau international. Et ce, même si les risques de propagation sont « extrêmement minimes ». Il estime que l’OMS a tiré des leçons de la Covid-19, d’où sa stratégie visant à contenir l’infection dans l’épicentre, soit dans certains endroits spécifiques au Congo où 97% des cas ont été détectés. Évoquant le taux de mortalité de 3% associé au nouveau variant, il estime néanmoins que ce chiffre a pu être gonflé. « Le système de santé congolais est assez précaire, que ce soit en termes d’hôpitaux, de dépistage, ou d’isolement entre autres. Il se peut que le nombre réel de cas infectés ne soit pas connu. Ce qui fait que le taux de mortalité par rapport au nombre de cas infectés semble plus conséquent. D’ailleurs, il n’y a presque pas eu de mort durant les précédentes épidémies dans des pays développés où il y a un système de santé développé », explique-t-il, en appelant la population à ne pas céder à la psychose bien que la vigilance soit conseillée.
Le virologue regrette qu’il n’y ait pas eu suffisamment de mesures de confinement au Congo, qui a conduit à la propagation des cas à l’extérieur. « La meilleure solution aurait été de fermer les frontières du Congo », dit-il. Il ajoute néanmoins que Maurice n’est pas tellement à risque, puisqu’il n’y a pas de flux de visiteurs entre Maurice et le Congo. Par contre, le protocole doit être appliqué rigoureusement s’il y a des passagers qui foulent le sol mauricien après avoir visité des pays où des cas de mpox sont présents ou qui prennent de l’ampleur. « Il faudra alors un screening et un suivi rigoureux », préconise-t-il. Quant à la transmission du virus, Shameem Jaumdally est d’avis que le mpox ne peut être comparé à la covid-19. « La covid-19 était transmise par l’infection respiratoire même en état asymptomatique. Par contre, le mpox est, lui, transmis par un contact physique prolongé », explique-t-il, en ajoutant que, selon l’OMS, la transmission sexuelle était plus élevée chez des homosexuels et des travailleuses de sexe durant la précédente épidémie. Ceux qui sont immuno-compromis, comme ceux atteints du VIH, ou qui présentent un état de santé précaire sont parmi les plus à risque d’une infection sévère, conclut-il.