Naufrage du Sir Gaëtan : Un an après, la douleur des proches toujours aussi palpable

« Zot ine touye mo zenfant ! », pleure la mère de Moswadeck Bheenick

À Poudre d’Or ce lundi 30 août, une cérémonie a été tenue pour commémorer la tragédie du remorqueur Sir Gaëtan, qui avait fait quatre morts un an de cela. Les familles des défunts déplorent que la lumière n’ait pas été faite sur ce drame. Le capitaine du remorqueur, Moswadeck Bheenick, ne voulait pas prendre la mer pour cause de mauvais temps, mais une pression avait été exercée sur lui. Qui plus est, les familles des défunts attendent toujours la compensation qui leur avait été promise.

Sur la plage publique de Poudre d’Or ce lundi 30 août, une stèle dédiée à la mémoire des quatre marins morts lors de la tragédie du remorqueur Sir Gaëtan a été dévoilée. Une prière a été dite selon les rites de chaque communauté des morts pour que leurs âmes puissent reposer en paix. Étaient présents à la cérémonie : les familles et proches des disparus (les familles Plassan, Seewoo, Addison et Bheenick) et les rescapés du naufrage, entre autres.

Pour rappel, le remorqueur halait une barge remplie de fûts de déchets provenant du naufrage du Wakashio. Face à une mer indomptable, le bateau devait chavirer au large de Poudre d’Or dans la soirée du 31 août. Bilan : 4 morts. Le corps du capitaine Bheenick n’a jamais été retrouvé.

Yan Sun Fong, alias Jim, était l’un des marins sur le Sir Gaëtan. Il nous explique que la mer était démontée, et que la barge tractée par le Sir Gaëtan cognait violemment contre la coque du remorqueur. Quand il devenait apparent que le bateau allait sombrer, les marins devaient se jeter à l’eau.Au dernier moment, avant que Jim ne saute du bateau, il devait voir le capitaine Bheenick qui lançait un appel de détresse sur la radio. C’était la dernière fois qu’il voyait cet homme exceptionnel, qu’il connaissait depuis plusieurs années.  Jim sera secouru plus tard par des pêcheurs. “ Ce n’était pas des amis mais c’est ma famille que j’ai perdue”, lâche-t-il. Il nous confie que ce jour l’a marqué à vie, ainsi que les autres marins.Il tient à remercier les habitants et les pêcheurs de Poudre d’Or qui ont tout fait pour les secourir en mer.

Du côté des proches des marins : quelques larmes mais aussi une colère sourde contre ceux qui sont responsables de ce drame. Les familles des défunts nous font part de leur mécontentement face aux décisions prises avant, pendant et après le drame. « Zot ine touye mo zenfant ! », s’écrie la mère du capitaine Bheenick. Selon elle, il ne voulait pas prendre la mer pour cause de mauvais temps. Deux autres capitaines de remorqueur avaient refusé d’aller en mer.Selon le fils du capitaine Bheenick, son père avait déjà été suspendu pour 2 mois pour avoir refusé de naviguer une fois pour cause de mauvais temps. Le 31 août 2020, Bheenick hésitait de prendre la mer mais la peur d’être suspendu de nouveau avait forcé sa décision.

À noter qu’en juillet dernier, le ‘Superintendent Marine Engineer’, Narendra Kumar Raghobar, avait dévoilé en cour que le capitaine Bheenick avait pris contact avec lui par radio pour lui demander du secours avant que le drame ne survienne. « Captain Bheenick was crying over the phone and asked to come fast », devait-il dévoiler en cour.

La compensation toujours attendue

Alors que l’ancien ‘Executive Chairman’, de la Mauritius Ports Authority (MPA) avait promis un dédommagement équivalent à six ans de salaire aux familles des défunts, ces dernières disent n’avoir rien reçu à ce jour. Résultat : certaines de ces familles ont passé une année entière à vivre dans le manque.

Les députés du PTr présents à la cérémonie, Fabrice David et Mahend Gungaparsad, dénoncent le manque d’égards du gouvernement envers les familles des défunts. Ils comptent soulever la question à la rentrée parlementaire en ce qui concerne les promesses faites aux familles. Ils dénoncent aussi le fait que ces familles n’ont toujours pas compris comment et pourquoi ce drame n’a pu être évité.