Navin Ramgoolam : « C’est ene cascade de mauvaises décisions kine amen nou la »

« L’heure est grave », a d’emblée dit Navin Ramgoolam lors d’une conférence de presse, hier. Il estime que cette situation dangereuse est le résultat de la sourde oreille faite par le gouvernement face à la sonnette d’alarme tirée par le PTr depuis 2015, mais aussi par les autres partis de l’Opposition, des ONGs et des observateurs indépendants. « Les indicateurs économiques étaient déjà au rouge et on avait prévenu que le pays est au bord du précipice », a rappelé le leader du PTr. « Mais zot fine continué avec zot politique de vengeance », a-t-il poursuivi, en soutenant qu’il avait prédit, lors de sa dernière conférence de presse, que « nou pe prend direction cimetière et ki nou pe vine kuma Sri Lanka ». Les parallèles avec le Sri Lanka sautent aux yeux, selon Navin Ramgoolam qui note les « même incompétence et même clan familial ».

Selon l’ancien Premier ministre, les débordements ont été provoqués par un élément catalyseur : celui de la flambée de prix. Sauf que le gouvernement, de leur tour d’ivoire, a fermé les yeux sur cette situation. L’arrestation de l’activiste Darren a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, a renchéri Navin Ramgoolam. D’où les protestations répandues dans divers endroits du pays. Il a aussi dénoncé l’arrogance du pouvoir qui, outre d’avoir réduit l’Opposition au silence au Parlement, n’hésite pas à « koz menti dan Parlement ». Le gouvernement, malgré son 37% incluant « so coquin tou ladans », fait comme s’il n’a aucun compte à rendre à la population. Il lance un appel au gouvernement pour qu’il se ressaisisse.

Dilapidation des fonds publics

Le leader des rouges s’est, par ailleurs, dit choqué par la déclaration du Premier ministre faite en Inde à l’effet qu’il ne compte pas dilapider les fonds publics pour donner satisfaction à la population à court terme. « Li pas tendé seki li pe dire parski c’est exactement seki sa gouvernement la ine fer. Line dilapide fonds publics ! », a martelé le Dr Ramgoolam. Et il cite pluieurs exemples : les Rs 5, 6 milliards payés à Betamax en raison de la politique de vengeance du gouvernement, provoquant dans la foulée une perte d’un milliard de roupies à la STC ; les Rs 158 milliards puisés des réserves de la Banque centrale ; les 18 milliards dépensés sur les caméras de Safe City et qui n’ont pas donné des résultats dans le cas Kistnen, les Rs 700 millions dépensées sur les délégations ministérielles au Dubaï Expo, les Rs 80 milliards de la MIC octroyés aux « oligarches locaux ». « C’est ene cascade de mauvaises décisions économiques ki fine amen nou la », a martelé Navin Ramgoolam, en insistant que c’est la mauvaise gestion économique du gouvernement, et non pas la Covid-19 ou la guerre en Ukraine, qui a conduit le pays à la situation actuelle.

Mise en garde au CP

Le Dr Navin Ramgoolam a, dans la même foulée, fait une série de propositions, dont une révision de la structure de prix des carburants, une hausse du salaire minimum, la stabilisation de la roupie, la recapitalisation de la Banque centrale, la hausse de la pension de vieillesse, la suspension des gros projets inutiles et la nomination des personnes compétentes à la tête des institutions clés du pays. Il estime également qu’il faut mettre un frein aux arrestations arbitraires. « Le gouvernement doit prendre un engagement pour revoir sa politique », a-t-il prévenu. Répondant à une question de la presse. Le leader du PTr a lancé une mise en garde au Commissaire de police. « Mo dire li alle reguet Constitution bien, pa nek écoute sa bane-là, ou ena malheur sinon ». Le Commissaire de police doit agir avec indépendance, a soutenu le Dr Navin Ramgoolam. « Lor gopia arrête dimoune aster. Si mo dire toi, to ene cholo, alors bizin arrête moi, be ena plein cholo la dans gouvernement », a-t-il ironisé. 

Le leader du PTr a dénoncé la méthode répressive utilisée par la police, surtout après qu’un manifestant ait été atteint d’une balle. « Pa ti bizin fer sa », déplore-t-il. Et de rappeler que le peuple a le droit de protester pacifiquement. « Ou gagne droit protester dans ene démocratie. Mo pas pe dire fer dezord, fer préjudice ou met en danger l’intérêt public », a affirmé Navin Ramgoolam.