« Exécrable et honteux ! ». C’est en ces termes que le Dr Navin Ramgoolam a qualifié la situation au Parlement lors de la conférence de presse de l’alliance PTr-MMM-ND, hier. Revenant sur la légitimité de la nomination du Speaker, il a rappelé qu’on n’a pas vu la lettre de démission de l’ancien Speaker, Sooroojdev Phokeer, d’autant que ce dernier était lui-même surpris par l’annonce de sa démission. « Après sa communiqué la, li redire li pane démissionné », a réitéré le leader du PTr. Ce qui lui fait dire que ce qui s’est passé est « illogique ».
« C’est pour cela qu’on invoque la section 50. À deux reprises, il a soutenu n’avoir pas démissionné. Quand un Speaker est absent, pas en cas de poste vacant, mais en cas d’absence, c’est le Deputy Speaker qui doit le remplacer », a-t-il précisé, en ajoutant qu’il ne reste que quelques séances pour la fin des travaux. « Pareil kuma Pravind Jugnauth ine donne coup de pied so goalkeeper, line aussi humilié Nazurally, pa laisse li fonctionné. Nazurally ti bizin ena ene sursaut de dignité d’après moi », a-t-il affirmé.
Quant à l’élection d’Adrien Duval au Speakership, Navin Ramgoolam estime qu’il n’y a qu’à Maurice qu’un Premier ministre nomme quelqu’un à ce poste après l’avoir lui-même accusé d’acte criminel et de cover-up. « Zis à Maurice ki ou trouve sa. Dans auken pays démocratique pena sa. Lor la tou bane honorable membres applaudi, bien kontan tap la main », a-t-il ironisé, en qualifiant cette situation de « complot dans le dos du peuple ». C’est aussi une preuve, selon le Dr Ramgoolam, que Xavier Duval « pas ti sincère are nou ». « La nomination d’Adrien Duval n’est que l’aboutissement d’un complot papa-piti », a-t-il martelé.
Navin Ramgoolam a enfoncé le clou en affirmant que le PMSD a beaucoup de points en commun avec le MSM. À commencer par le « papa-piti ». Si le gouvernement avait vraiment voulu en finir avec la précédente pratique au Parlement, il aurait dû d’une part, lever la suspension injuste des trois députés, à savoir Eshan Juman, Rajesh Bhagwan et Joanna Bérenger, et de l’autre, revoir le ‘seating arrangements’ au Parlement. « La population nous soutient. Elle sait que nous cherchons des solutions pour pouvoir fonctionner », a ajouté Navin Ramgoolam, en rappelant que les députés de l’opposition ont également été élus par le peuple et qu’à ce titre, ils doivent pouvoir interpeller le gouvernement sur des questions importantes d’intérêt public.
Il a dénoncé, dans la même foulée, la longueur des réponses, le trucage du tirage au sort, les suspensions des députés de l’opposition, ainsi que les fausses réponses données par le gouvernement, à l’instar de l’interpellation sur les voitures officielles lorsqu’il était Premier ministre. Le Dr Ramgoolam a annoncé, dans le même souffle, avoir discuté avec son équipe légale pour qu’elle se penche sur la possibilité d’entamer une action juridique contre la suspension des trois députés. Mais le ‘seating arrangement’, a-t-il insisté, doit être résolu à l’intérieur du Parlement. Et d’ajouter que la nomination du Speaker et les ‘standing orders’ seront revus sous un nouveau gouvernement PTr-MMM-ND. D’autre part, les négociations avec Rezistance et Alternativ (ReA) se poursuivent. Une nouvelle rencontre est prévue jeudi prochain.
Richard Duval : « Pas normal qu’on discute sur mon ADN »
Pour sa part, le dirigeant du parti Nouveaux Démocrates, Richard Duval, a rappelé le « dominère » auxquels les députés de l’opposition ont été confrontés durant ces cinq dernières années. Et d’insister qu’ils ne se courberont pas sous ce gouvernement. Outre la suspension des trois députés, il a aussi dénoncé les attaques personnelles contre lui et d’autres membres de l’opposition. Ce qui lui fait dire que la vengeance politique n’a pas sa place dans la politique. « J’ai toujours été très conciliant. J’ai fait beaucoup de concessions que la population ne sait pas. Je ne trouve pas normal qu’on discute sur mon ADN. C’est du cheap politics », a-t-il regretté, en se disant extrêmement peiné par ce qui se passe.
Richard Duval a aussi réitéré la détermination de l’alliance PTr-MMM-ND à mettre de l’ordre dans la gestion et les affaires du pays. Dénonçant la reprise du terrain initialement alloué à la communauté tamoule à Réduit, il a qualifié de « bonne nouvelle » l’annonce de Navin Ramgoolam à l’effet que ce terrain leur sera restitué une fois au pouvoir. Il s’est aussi dit préoccupé par le coût de la vie et l’annonce de l’augmentation des prix de la viande de bœuf et des matériaux de construction, entre autres. Il a conclu en lançant un appel à la population d’être présente au meeting qui sera tenu le 11 août prochain à La Louise, Quatre-Bornes.
Paul Bérenger : « Piti Duval pe fer pareil kuma Phokeer »
Le ‘seating arrangement’ au Parlement a également été abordé par le leader du MMM, Paul Bérenger. Revenant sur cet arrangement fait par Sooroojdev Phokeer, il a expliqué que « kan caméra fixé lor l’opposition, le but purement communal, montré ki telle communauté pas dans l’opposition ». Et d’ajouter que c’est « machiavélique, malpropre ». « Nous demandons que cela retourne que cela comme c’était avant Phokeer. Partout dans le monde, on regroupe l’opposition selon leurs partis. Papa-piti pe refuse sa », a-t-il déploré. « Nouveau Speaker piti Duval pe fer pareil kuma Phokeer. Li pas différent », a-t-il insisté. Paul Bérenger a fustigé Steve Obeegadoo qui n’aurait même pas daigné, selon lui, répondre à la nouvelle lettre que lui a adressé le leader de l’Opposition, le Dr Arvin Boolell.
Quant aux modalités de l’alliance, Paul Bérenger a révélé qu’elles ont « bien progressé » et que les trois candidats ont déjà été finalisés pour 13 circonscriptions. Le programme électoral avance également. Le premier draft sera possiblement soumis la semaine prochaine avant qu’il ne soit finalisé par les leaders de l’alliance. Deux autres meetings sont prévus après celui de La Louise, un à Bambous et un autre dans le nord du pays, a renchéri le leader des mauves. Il a aussi demandé à la population de se tenir prête pour les élections municipales qui seront tenues après les élections générales. Quant au retour des députés de l’opposition au Parlement, une décision sera prise ce lundi, après consultation avec une équipe légale.
