« Minis Padayachy li couma ene marsan kalamindas. Line fer largesses. Li paret gros. Li goûte sirop, mais li fone dans ou labous. C’est exactement sa budget la ». C’est en ces termes que le Dr Navin Ramgoolam a donné le coup d’envoi de la conférence de presse du PTr-MMM-ND, hier, samedi 22 juin 2024. Rappelant que c’est le dernier exercice budgétaire du gouvernement sortant, il a rappelé que ce budget n’a réglé aucun problème de la population alors que son objectif était de l’amadouer à la veille des prochaines élections. Outre le manque de vision et de création de nouveaux piliers, il y aurait eu, selon le Dr Ramgoolam, une manipulation des chiffres. L’inflation, rappelle-t-il, entraîne des conséquences très graves, étant le « pire ennemi de la population, comme l’a souligné Rama Sithanen ».
« L’inflation pour les produits de première nécessité n’est pas de 7%, mais de l’ordre de 20%. Ce chiffre de 7% ne reflète pas les réalités économiques. Le pouvoir d’achat a baissé, le coût de la vie continue d’augmenter et il continue de déprécier délibérément la roupie. La roupie n’a plus la même valeur qu’elle avait. Veut dire sa kas ki li pe donne ou, bien bon li pe donne ou kas, mais c’est ene illusion parski la larzan ki li pe donne ou vaut selma la moitié ki li ti vaut en 2014 », a fait ressortir le leader du PTr.
Navin Ramgoolam a de nouveau rappelé que la roupie a déprécié par 48% vis-à-vis du dollar de 2014 à ce jour. Vis-à-vis de l’euro, la roupie a déprécié par 30% alors que vis-à-vis de la livre sterling, la dépréciation de la roupie est de l’ordre de 21%. Ce qui lui fait dire que le coût de la vie poursuivra sa tendance haussière. Il a ainsi cité plusieurs exemples, en se basant sur les chiffres de Statistics Mauritius (voir tableau). « Il peut vous donner Rs 20 000 ou Rs 30 000 mais dès que vous irez au supermarché dans deux semaines, vous ne pourrez pas remplir votre caddie comme c’était le cas en 2014 », insiste-t-il.
Chiffres faussés
Le leader du PTr a aussi déploré le manque de devises étrangères, dont le dollar, l’euro et le livre sterling, sur le marché. Ce qui provoque, selon lui, le ‘forward buying’ au marché noir. Il dénonce aussi le manque de clarté concernant le taux d’inflation, surtout pour les hommes d’affaires. « Tou sa la pe créer ene problème pou nou l’économie. Bane parent ki ena zenfant pe étudier dehors disons Angleterre pas pe gagne livre sterling. Le livre sterling se vend actuellement à Rs 63 au marché noir alors qu’elle était de Rs 47 en 2019. Les PME rencontrent également beaucoup de difficultés », déplore Navin Ramgoolam. Ce qui le pousse à dire que « ministre Padayachy ine zet pétrole lor difé inflation. Celle-ci continuera d’augmenter tandis que la roupie se dépréciera davantage. Résultat : le coût de la vie grimpera davantage », en se référant aussi aux prix des médicaments.
Évoquant la manipulation des chiffres, le leader du PTr souligne que même les fonctionnaires sont choqués par la façon dont ils sont en train d’être faussés. Parmi ces chiffres faussés figurent ceux du déficit budgétaire, de la dette publique, des export services, des réserves de la BoM et du PIB. « Ils dépensent plus en dehors du budget pour faire croire que le déficit budgétaire et la dette publique sont moindres. Sans compter qu’ils utilisent les ‘Special Purpose Vehicle’ (SPV) qui ne figurent pas dans le budget », poursuit Navin Ramgoolam. « Si ou guet budget, CWA, Waste Water, Metro Express, li pe donne kas sak l’année mais pena auken remboursement. Li appel sa Equity pou pas passe dans dettes. Kas ki line prend depi réserves BoM li pas pe compte dans dettes. Pourtant IMF a attiré son attention à l’effet que cet argent devrait être inclus dans la dette », précise-t-il.
Il cite aussi l’exemple des ‘Special Funds’ dont le montant est passé de plus de treize milliards de roupies le 30 juin 2024 à huit cent quatre-vingt-trois millions de roupies à ce jour. « Li pe nettoye partout ! ». Navin Ramgoolam a aussi abordé le dossier des énergies renouvelables, l’éducation, l’intelligence artificielle, et des artistes, entre autres. Il a également promis de venir avec des changements pour retenir, entre autres, la jeunesse mauricienne au pays. « Le plus tôt les élections vini, le mieux ce sera pou le pays ».
Hors-texte
« La fonction publique est politisée à outrance »
Navin Ramgoolam fustige la politisation à outrance de la fonction publique. Il évoque ainsi le mot d’ordre et les menaces lancés aux employés du service civil à travers le Secrétaire du Service civil, K. Conhye, pour forcer les fonctionnaires à être présents au ‘United Nations Public Service Day 2024’ qui se tiendra au SVICC ce dimanche et où seront présents le Premier minisre et le ministre Anjiv Ramdhany. « C’est révoltant et totalement inacceptable! Nous dénonçons cela avec force », tonne le leader du PTr, en saluant le courage du syndicaliste Narendranath Gopee qui a eu le courage de dénoncer ces abus et ces menaces. « Tou sala c’est bane preuves que Pravind Jugnauth koné so natte dans coup de vent », poursuit Navin Ramgoolam en prévenant qu’il y aura des sanctions en temps et lieu. Il rappelle, dans la foulée, les engagements pris en faveur des fonctionnaires.
Commodités de base | Prix en 2019 | Prix en 2024 | % d’augmentation |
Fromage Kraft | Rs 68.04 | Rs 94.19 | 95% |
Tuna | Rs 45.10 | Rs 67.75 | 52% |
Tomate Pilchards | Rs 72.85 | Rs 111.48 | 90% |
Pomme de terre | Rs 37.40/kilo | Rs 50/ kilo | Environ 50% |
Nestum | Rs 125 (prix de la semaine dernière) | Rs 147 |
Tableau : Navin Ramgoolam a cité ces exemples pour montrer l’augmentation des prix, en se basant sur les chiffres de Statistics Mauritius
Richard Duval : « 10 000 applications pour l’émigration en 6 mois »
Le dirigeant du parti Nouveaux Démocrates, Richard Duval, a également fait état du mécontentement de la population à travers le pays. Il soutient que celle-ci est extrêmement déçue par les prix des aliments de base qui n’ont pas connu de baisse. Il cite l’exemple du prix de la Margarine qui était Rs 80 à la veille du budget pour devenir Rs 140 le lendemain. Le plus grand problème auquel la population est confrontée est celui de la cherté de la vie, renchérit-il, en fustigeant le gouvernement pour son manque de compassion. « Pourquoi n’entend-il pas le cri de souffrance de la population ? », s’interroge-t-il, en faisant référence à une précédente déclaration faite par le Cardinal Piat par rapport au coût de la vie. Richard Duval se dit aussi particulièrement préoccupé par l’appauvrissement de la classe moyenne et l’exode la jeunesse mauricienne. « Une agence de recrutement que j’ai contactée m’a avoué avoir reçu 10 000 applications de la part des jeunes voulant émigrer en six mois. C’est inquiétant. Nous ne pouvons pas rester insensible à ce problème. Nous devons arrêter cet exode », dit-il.
Paul Bérenger : « Ziska sa profession notaire la zot pena ene respect »
Qualifiant le budget de « flop » et de « dangereux », Paul Bérenger déplore que rien n’a été fait pour revoir la hausse du coût de la vie. « Pena auken feel-good factor », dit-il en rappelant que les cinq derniers orateurs pour les discours budgétaires étaient ceux du gouvernement. Il rejoint ainsi Navin Ramgoolam à l’effet que plus tôt les élections se tiennent, le mieux ce sera pour le pays et l’économie. Quant à la célébration du ‘Public Service Day’ au SVICC aujourd’hui, le leader du MMM rappelle que cette journée est commémorée annuellement depuis plus de 20 ans. « Tous les ans, ce jour est commémoré sans grand fla-fla. Mais l’année dernière, elle était célébrée avec grand fla-fla à travers le monde puisque c’était la vingtième année. Mais pas à Maurice, zéro malgré 20e anniversaire. Par contre, cette année, en raison des élections, moment grand zafer ! », ironise-t-il, en dénonçant cette manipulation électorale éhontée et inacceptable du gouvernement. Il se dit ainsi solidaire des fonctionnaires qui font l’objet de menaces et de pressions.
Quant au projet de loi sur le financement des partis politiques, Paul Bérenger soutient que le gouvernement de l’Alliance Lepep avait dormi sur le rapport soumis par Xavier Duval, alors DPM, à ce sujet en avril 2016. « C’est à la veille des élections de 2019 que le gouvernement était venu avec un projet de loi qui était totalement différent de celui présenté par le comité présidé par Xavier Duval. Complètement inacceptable et naturellement, l’opposition, incluant Xavier Duval qui avait entretemps démissionné du gouvernement, l’avait rejeté. Nous avions alors proposé la mise sur pied d’un Select Committee parce que nous sommes tous en faveur d’une loi sur le financement des partis politiques. Depi sa pane tane nanrien. Là à la veille élections 2024 revini ek mem tralala et ki nécessite bane amendements à la Constitution alors ki zot bien koné zot pena majorité trois-quarts pou amende la Constitution », fait-il ressortir.
Quant au scandale impliquant Kavy Ramano, Paul Bérenger réclame que la lettre que ce dernier avait envoyée à la Chambre des Notaires après sa nomination comme ministre soit rendue publique sans plus tarder. « Pire, il (ndlr : Maneesh Gobin qui répondait à une PNQ le 12 juin) dit que le nom et le sceau de Ramano comme notaire étaient utilisés illégalement. Illégalement ! Tone alle la police ? Ziska zordi chup chap ! », martèle-t-il. Il fait aussi référence à une question parlementaire de Joanna Bérenger à ce sujet qui a été « fou dehors par le Speaker et so complice Jugnauth, etc. Zot koné zot pe alle fini. Ziska sa profession notaire la zot pena ene respect ».