On dit souvent que la femme est le sexe faible. Mais une femme, Nazma Auladin, a fait de sa faiblesse sa force. Plus précisément, celle-ci, qui ne pouvait voir d’autres personnes en détresse, a fait de cette faiblesse une arme en s’engageant à corps perdu dans le travail social. Comme elle le dit si justement dans ce contexte, que la force des femmes soit reconnue à sa juste valeur.
Nazma Auladin est une retraitée dans la soixantaine. Cette habitante de Port-Louis est mariée et est la mère de deux enfants. Elle est aussi l’heureuse grand-mère de cinq petits-enfants, qui sont « la prunelle de mes yeux », nous confie-t-elle.
Elle a travaillé plusieurs années comme ‘Confidential Secretary’ au sein du ministère de l’Égalité des genres. Mais ce qui la caractérise le plus sur le plan vocationnel, c’est qu’elle a passé plus de quarante ans dans le domaine du bénévolat. Neuf ans de cela, elle a rejoint la ‘Muslim Ladies Association’, où elle continue à œuvrer sur le plan social.
En ce qui concerne le monde du travail, elle a toujours maintenu de bonnes relations professionnelles avec ses collègues, y compris avec ses collègues masculins. Il y avait un respect mutuel entre Nazma Auladin et ses derniers. Il faut dire que la bienséance importe beaucoup pour Nazma Auladin. Pour elle, une femme doit savoir se comporter dans la société, et pareillement pour l’homme. « Se comporter bien en public et en privé implique des restrictions. Cependant, les restrictions sont importantes pour avoir une vie saine et disciplinée », nous dit-elle.
Selon Nazma Auladin, elle n’a pas rencontré d’obstacles majeurs dans sa jeunesse. Elle se sent très chanceuse d’avoir grandi au sein d’une famille qui l’a bien entourée, y compris au niveau académique et en ce qui concerne son choix de carrière. « Mes parents et les autres membres de ma famille m’ont toujours soutenue, durant toutes les étapes de ma vie », nous dit-elle.
Ce sont là des valeurs qu’elle essaie de transmettre à ses propres enfants. En tant que mère, elle les a toujours encadrés et encouragés à chaque moment de leur vie, que ce soit dans leurs études ou sur le plan social. Qui plus est, elle ne leur a jamais imposé quoi que ce soit mais leur à donné l’opportunité de choisir librement leur carrière.
Pourquoi cet engouement pour le travail social ? Il faut savoir que Nazma Auladin a une faiblesse de taille. Elle ne peut pas voir les gens souffrir. Les personnes qui sont dans le besoin, impuissantes et désespérées, lui donnent toujours un gros pincement au cœur. « Je ne peux pas voir une personne en détresse. Je ressens alors le besoin d’agir », nous dit-elle.
C’est ainsi qu’elle a fait de cette faiblesse devenir une force en quelque sorte : elle s’est dévouée corps et âme dans le bénévolat, et cela pendant plusieurs longues années. Elle a été présente sur le terrain, pour aider les gens vulnérables du mieux qu’elle le pouvait. « J’ai fait de l’aide sociale un outil et une arme, pour pouvoir maitriser ma faiblesse et pour changer la vie des personnes en difficulté, en leur apportant son soutien », nous dit-elle.
Elle sera décorée par le Président de la République, Prithvirajsingh Roopun, en mars 2021. Elle recevra en effet le President’s Badge of Honour, pour services rendus à la société mauricienne.
Son point de vue sur les femmes mauriciennes
Selon Nazma Auladin, chaque femme a une contribution à apporter dans la société. Son souhait en tant que femme, c’est que la force des femmes soit reconnue à sa juste valeur. « Les femmes doivent pouvoir s’émanciper dans tous les corps de métiers existants dans le monde », nous dit-elle.
Ferait-on moins confiance aux femmes ? « Si je veux qu’on me fasse confiance, je dois donner aux gens une bonne raison de le faire », maintient-elle.
Un aspect qui la préoccupe : c’est que dans le monde moderne, surtout dans les familles asiatiques, c’est la femme qui doit assumer seule tout le fardeau de la maison. « Bien que les femmes puissent gérer beaucoup de choses à la fois, il est important qu’elles soient soutenues par la famille entière, que ce soit par le papa ou par les enfants, voire par les proches, entre autres », nous dit-elle.
Selon elle, nous devons accepter que la vie ne sera pas toujours en rose et qu’il y aura toujours des hauts et des bas. « Nous devons toujours savoir faire face à la situation qui prévaut actuellement », dit-elle. Toutefois, on observe que même les femmes fortes ne peuvent faire face à certaines situations délicates. « C’est là que je veux leur dire de ne pas baisser les bras et de continuer à lutter pour avoir une vie meilleure. Les femmes ne doivent pas hésiter à aller trouver de l’aide », souligne-t-elle.
« La femme a souvent été vue comme étant inférieure à l’homme, mais la femme de 2021 a appris à montrer son intelligence, sa sagesse, ses compétences, ainsi qu’à se faire belle… La femme d’aujourd’hui continue de persévérer afin de se faire une place au sein de la société, une place bien méritée vu ses efforts constants et assidus », conclut-elle.
