Nomination d’un ‘Senior Lecturer’ : La MIE a-t-elle fait fi de la Cour suprême ?

Six ‘lecturers’ du Mauritius Institute of Education (MIE) demandent une ‘judicial review’ contre cette institution pour un cas de favoritisme apparent.
Les faits remontent au 10 avril 2018 : un appel interne à candidatures est lancé pour le poste de ‘Senior Lecturer’. Après le dépôt de candidatures, un exercice d’entretien a lieu. Le 31 août 2018, le ‘Council’ du MIE tranche : les demandeurs n’ont pas été retenus. Ils ont fait une première demande de ‘judicial review’ contre des candidats qui ont été retenus et l’affaire sera appelée le 14 novembre.
Or, malgré le fait qu’ils ont obtenu le ‘leave’ de la Cour suprême, et que l’affaire est en cour, un dénommé A. A. est nommé ‘Senior Lecturer’ suivant la démission d’un titulaire de ce poste. Ce n’est que durant une récente question parlementaire du député Veda Baloomoody, et à travers la réponse de la ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun, le 30 juillet 2019, qu’ils vont apprendre que le dénommé A. A. a été nommé comme ‘Senior Lecturer’ le 8 juillet 2019.
Les six lecturers vont alors faire une deuxième demande de ‘judicial review’, toujours contre le MIE mais cette fois le dénommé A. A. est assigné comme co-défendeur.
Or, selon eux, le dénommé A. A. ne remplit pas les critères pour ce poste. Ainsi, selon le formulaire d’application, cinq années d’expérience au sein du MIE sont requises tandis que A. A. n’en a que quatre. Les demandeurs ont eux entre sept à onze ans comme ‘lecturer’ au sein du MIE. Ils affirment en outre qu’ils remplissent tous les critères (sauf les critères additionnels mentionnées ci-dessous) pour ce poste et en général seraient bien mieux qualifiés que A. A. Ils soutiennent aussi que ce dernier ne remplit pas les critères en termes de « teaching, research and curriculum development. » Il aurait été interviewé en solo tandis que les autres candidats s’étaient déplacés en groupe.
D’autres ‘grounds for judicial review’ ont été mis en avant par les six ‘lecturers’. En postulant, ils seront ainsi surpris de découvrir que le MIE avait aussi inclus d’autres critères additionnels, dérivées d’un ‘scheme of service’ proposé, qui n’a pas été approuvé, notamment en termes de ‘outreach’ et de ‘community service’ et qui de façon générale, qui forment pas partie des critères auxquelles des ‘lecturers’ peuvent s’attendre.
En outre, les requérants s’attaquent à la composition de l’Appointments Committee, vu que deux de ses trois membres étaient moins qualifiés que les postulants eux-mêmes, dont un recteur et un enseignant au niveau secondaire ! La ‘chairperson’ de l’Appointments Committee ne serait nul autre que la cousine de Kobita Jugnauth, l’épouse du Premier ministre, Pravind Jugnauth.
Ils demandent ainsi à la cour de rendre nul et non avenu la décision de nommer A. A. comme ‘Senior Lecturer’. Les deux demandes de ‘judicial review’ ont été appelées en Cour suprême le 14 novembre.