Nos ministres ont-ils été à la hauteur ?

Performance ministérielle à la loupe

2016 tire à sa fin. L’heure du bilan de la seconde année du régime au pouvoir a donc sonné. En principe l’Alliance Lepep n’existe plus depuis que le PMSD a abandonné le navire gouvernemental, lundi. Mais puisque les anciens ministres bleus ont également fait partie du cabinet jusqu’à la deuxième semaine de décembre, nous avons cru bon de les juger au même titre que leurs ex-collègues du MSM et du ML. Ces ministres ont-ils été à la hauteur de leurs responsabilités alors qu’ils sont payés rubis sur l’ongle ? Qui sont ceux qui ont été performants ? Qui ont simplement fait office de figurants ? Qui sont les perturbateurs ? Petit tour d’horizon… 

Zahirah RADHA

 

Sir Anerood Jugnauth, Premier ministre

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Mis à part quelques déclarations véhémentes, insultantes, voire assassines, en diverses occasions, le Premier ministre a été très en retrait durant l’année écoulée. Il a, en sus de cela, fait montre d’une méconnaissance totale de plusieurs dossiers, allant même jusqu’à exprimer son étonnement sur certains sujets, dont les honoraires faramineux de Kailash Trilochun, ancien conseiller juridique de l’ICTA et beau-frère du ministre Nando Bodha. Outre d’avoir été souvent absent du pays, SAJ a aussi été très critiqué pour avoir annoncé que son fils Pravind lui succédera au ‘primeministership’. Une annonce qui a eu l’effet d’une douche froide sur la population qui lui avait fait confiance, en décembre 2014, pour diriger le pays. Le Premier ministre a également été discrédité pour avoir permis à Lady Sarojini de s’asseoir aux côtés des officiels lors de l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre dernier, alors qu’elle devait logiquement prendre place dans les travées des invités, comme c’était le cas pour les épouses des autres chefs de gouvernement. La planche de salut de sir Anerood Jugnauth demeure toutefois dans son intransigeance sur le dossier Chagos.

 

Xavier Luc Duval, ancien DPM et ministre du Tourisme

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Il a été très actif sur divers fronts tout au long de l’année, multipliant tantôt ses rencontres avec les principaux acteurs de l’industrie touristique et tantôt sa présence sur le terrain. Il a su donner un nouveau dynamisme au secteur touristique en prônant l’ouverture de l’espace aérien, faisant ainsi accroître le nombre d’arrivées de touristes, et en œuvrant pour la concrétisation du ‘bunkering hub’. Xavier Duval a toujours fait dans le politiquement correct. Quitte à encaisser des coups bas de ses alliés du MSM et du ML. Ce qui lui a quelque peu valu l’image d’un jouisseur invétéré. Mais il a gagné des points, cette semaine, en prenant position contre la création de la ‘Prosecution Commission’ et en démissionnant du gouvernement. Du coup, il passe du statut du no 2 du gouvernement pour prendre le flambeau du chef de l’opposition.

 

Showkutally Soodhun, VPM et ministre du Logement

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Il a été égal à lui-même. Les déclarations intempestives ont foisonné, comme celle voulant faire croire qu’il était traumatisé après qu’une explosion a eu lieu devant lui alors qu’il se trouvait en Arabie saoudite. Les réactions irréfléchies, voire exagérées, n’ont pas manqué non plus. À l’instar de la rencontre qu’il a eue avec des hauts gradés de la force policière après les incidents de Parisot, le mois dernier. Mais le ministre autoproclamé des affaires islamiques a surtout été blâmé pour sa mauvaise gestion du dossier hadj. En dépit de ses garanties et de ses assurances, les Hadjis ont eu toutes les peines du monde à accomplir le pèlerinage en Terre sainte dans de bonnes conditions. Les relations privilégiées qu’il dit détenir avec la famille royale saoudienne n’auront finalement servi à rien. Le désaveu est venu du Premier ministre lui-même. Le dossier Hadj lui a tout bonnement été enlevé. Le retour princier du Sheikh, pardon, Showkutally Soodhun en jet privé a aussi été diversement commenté. À son crédit cependant, il a réussi à activer les démarches en vue de l’ouverture d’une ambassade mauricienne à Riyadh et un consulat à Jeddah.

 

Ivan Collendavelloo, VPM et ministre de l’Énergie et des Utilités publiques

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Qualifié de « chihuahua » par son collègue du cabinet Roshi Bhadain, Ivan Collendavelloo a surtout déçu de par son attitude trop conciliante vis-à-vis du MSM. Le leader du ML est même l’un des plus grands avocats du parti soleil. Au niveau de son ministère, il n’y a pas eu de grandes réalisations cette année. L’approvisionnement en eau sur une base 24/7 demeure toujours au stade des promesses. Son règne a été quelque peu marqué par les diverses manifestations des habitants de Pailles contre l’installation de quatre turbines additionnelles à la centrale thermique de St Louis. Son ministère a été montré du doigt lundi dernier quand il y a eu un blackout général dans le pays, soit précisément au moment où le PMSD s’apprêtait à quitter le gouvernement. Une bien étrange coïncidence, disent certains.

 

Pravind Jugnauth, ministre des Finances

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2016 lui a porté bonheur. Puisque c’est l’année où il a été disculpé par la justice dans l’affaire Medpoint. Ce qui lui a permis non seulement de retrouver grâce aux yeux de la population, mais aussi de monter en grade dans la hiérarchie gouvernementale pour prendre le portefeuille des Finances. Outre d’avoir présenté un budget sans trop grande ambition, Pravind Jugnauth n’a démontré aucune réelle intention de vouloir s’attaquer aux défis économiques. Sans doute parce qu’il est trop pris à mettre de l’ordre au sein de son parti. Ou sinon à sillonner les quatre coins du pays pour la tenue des meetings. L’enjeu politique lui est probablement plus cher que l’économie. D’autant qu’il sera bientôt appelé à prendre les rênes du pouvoir.

 

Vishnu Lutchmeenaraidoo, ministre des Affaires étrangères

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Il devait être celui qui allait réaliser le deuxième miracle économique. Mais il a fait l’objet, en début d’année, d’une enquête de l’ICAC suivant des allégations de conflits d’intérêts ayant trait à un emprunt de 1,1 million d’euros, soit Rs 43,6 millions, à un taux d’intérêt compétitif de 1,5% par an qu’il avait contracté auprès de la SBM. Il sera ainsi parachuté du ministère des Finances à celui des Affaires étrangères. Cet épisode a été marqué par un duel à distance entre Vishnu Lutchmeenaraidoo et Roshi Bhadain. Après un long congé de maladie, il a tranquillement repris le chemin du Newton Tower où les dossiers lui sont tous étrangers.

 

Yogida Sawmynaden, ministre de la Jeunesse et des Sports

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L’année 2016 a été ponctuée par un faux départ pour le ministre de la Jeunesse et des Sports. D’abord il a été accusé, en avril dernier, d’avoir tenté d’étouffer une maldonne entourant l’allocation d’un contrat par le Mauritius Sports Council (MSC) à un ancien agent du MSM, Nawshad Khudurun. Et puis, il s’est retrouvé au centre d’une polémique pour avoir lu un discours plagié de Devanand Ritoo, ancien ministre travailliste. Yogida Sawmynaden a, par ailleurs, activé les choses quant à l’organisation des Jeux des Îles 2019 qui seront tenus à Maurice.

 

Nando Bodha, ministre des Infrastructures publiques

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Il a été l’un des ministres qui a su garder une certaine diplomatie jusqu’ici. Point de déclarations fracassantes. Point de bavures. Bien que le nombre d’accidents n’ait pas cessé de croître, le lancement des moto-écoles est plus ou moins apprécié. L’entrée en opération de trois centres de fitness figure également parmi ses plus grandes réalisations jusqu’ici.

 

Leela Devi Dookun-Luchoomun, ministre de l’Éducation

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Elle a tenu tête à ses détracteurs. Que ce soit par rapport aux protestations contre le taux de présence de 90 % pour être exempté des frais d’examens du SC et du HSC ou sur les contestations autour du Nine-Year Schooling. Cette nouvelle réforme éducative sera mise en pratique dès l’année prochaine. Son ministère vient tout juste de lancer une campagne d’explication pour la vulgariser. Une initiative qui intervient quelque peu sur le tard. Ce qui a provoqué pas mal d’appréhensions.

 

Anil Gayan, ministre de la Santé

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Il est complètement coupé de la réalité. Le ministre de la Santé a attiré le courroux des travailleurs sociaux et de la population en affirmant que la situation concernant la drogue synthétique n’était pas alarmante et qu’il n’y avait pas de quoi s’inquiéter. Il a davantage enfoncé le clou en soutenant qu’il n’y avait aucun mort lié aux drogues de synthèse. Cela dit, son ministère a pris quelques louables initiatives et compte plusieurs projets ‘in the pipeline’, dont la création d’un centre d’oncologie à Solferino.

 

Anwar Husnoo, ministre des Collectivités locales

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L’année n’a pas été de tout repos pour lui. C’est à lui qu’est revenue la délicate tâche d’appliquer les nouvelles mesures concernant les marchands ambulants. Et Anwar Husnoo s’y est mis avec intransigeance. Si bien qu’il a été pris à partie lors d’un congrès tenu par le MSM à Plaine-Verte tout récemment. Quoiqu’il est applaudi pour avoir pu libérer les artères de la capitale, il lui est reproché de n’avoir pu trouver une solution humaine aux problèmes des colporteurs.

 

Prithvirajsing Roopun, ministre de l’Intégration sociale

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Il est réveillé de sa torpeur, le temps de mettre en place le Plan Marshall, à travers l’enregistrement des familles vivant dans la pauvreté absolue. Ainsi, quelque 8 340 familles ont pu bénéficier, dès ce mois de décembre, d’une allocation variant entre Rs 2 720 et Rs 9 520 dépendant du nombre de personnes par famille.

 

Étienne Sinatambou, ministre des TIC

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Que dire de lui sinon qu’il a été très sage comparé à son précédent passage au ministère des TIC de 2005 à 2010 ? Alors que les technologies informatiques se développent à vitesse grand V, le ministère d’Étienne Sinatambou arrive, lui, difficilement à innover. Hormis le ‘National Innovation Framework’ et l’installation de 350 sites WiFi à travers le pays, il n’y a pas vraiment eu de coup d’éclat. À la plus grande déception de la jeunesse mauricienne.

 

Ravi Yerrigadoo, Attorney General

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L’extradition de Nandanee Soornack revêt une importance particulière pour le gouvernement. Il s’y est donc donné à fond pour la faire aboutir. Mais c’était sans compter avec le tribunal de Bologne qui a décidé de donner gain de cause à la femme d’affaires.  Au niveau des 57 projets de loi présentés, certains ont été vivement décriés, à l’instar de la  POTA 2016 ou encore du ‘Prosecution Commission Bill’.

 

Mahen Seeruttun, ministre de l’Agro-industrie

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Entre l’épizootie de la fièvre aphteuse et l’épidémie de la salmonellose ainsi que la pénurie de thé, Mahen Seeruttun a eu fort à faire. Mais il a lamentablement failli dans sa tâche, son ministère ayant agi avec amateurisme. S’il avait pris le taureau par les cornes dès le début de l’apparition de la fièvre aphteuse, le pire aurait pu être évité.

 

Dan Baboo, ancien ministre des Arts et de la Culture

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Il a beaucoup amusé la galerie durant ces deux dernières années. Mais avant de quitter le gouvernement, Dan Baboo a marqué son passage au ministère des Arts et de la Culture d’une pierre blanche. Il a, en effet, eu le mérite d’avoir fait inscrire le ‘geet gawai’ au patrimoine culturel immatériel de l’humanité en ce début de décembre. L’ouverture de l’accès au Morne est tout aussi à son honneur.

 

Ashit Gungah, ministre de l’Industrie et du Commerce

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Il a énormément déçu par son laxisme. Sa seule réalisation majeure, semble-t-il, a été la baisse des prix des produits pétroliers. Autre aboutissement : le début des travaux pour la mise en place d’un terminal de stockage de pétrole à Mer Rouge.

 

Aurore Perraud, ancienne ministre de l’Égalité des Genres

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Elle s’est fait plutôt discrète et n’a pas vraiment laissé ses empreintes au ministère de l’Égalité des Genres. Outre le lancement du Child Protection Register, aucune des mesures prises durant 2016 n’a marqué les esprits. Souhaitons-lui plus de succès la prochaine fois qu’elle sera ministre.

 

Roshi Bhadain, ministre de la Bonne Gouvernance

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Il a été sous les feux des projecteurs pour diverses raisons. Ses négociations sur le traité de non double imposition (DTAA) avec l’Inde ont soulevé un tollé dans le monde des affaires. Et puis, il a été accusé de fonctionner à la manière du KGB par Vishnu Lutchmeenaraidoo. Il s’en est ensuite pris à Gérard Sanspeur qui a fait capoter Heritage City, ce projet qui lui était si cher. Le ministre des Finances s’étant publiquement rangé du côté de son conseiller, Roshi Bhadain n’a eu d’autre choix que de se taire. Depuis, il s’est fait plutôt discret. Trop discret même. Ce qui fait dire à certains qu’il serait en train de planifier son prochain coup…

 

Sunil Bholah, ministre du Business, de l’Entreprise et des Coopératives

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La création du MyBiz, censé être le one-stop shop des PME, n’a pas eu l’effet escompté. Le ministre n’a pas caché son mécontentement sur la léthargie de la SMEDA et de la MauBank, entre autres. Il n’est pas parvenu à y activer les choses. Au grand dam des petits et moyens entrepreneurs.

 

 Fazila Jeewa-Daureeawoo, ministre de la Sécurité sociale

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Des mesures salutaires ont été prises en faveur des enfants en situation d’handicap. Elle doit cependant veiller à ce que les centres récréatifs destinés aux personnes âgées soient régulièrement nettoyés pour éviter tout désagrément. Le centre de Pointe-aux-Piments, rappelons-le, a dû être fermé ces derniers temps, ayant été infesté de punaises.

 

Prem Koonjoo, ministre de l’Économie bleue

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Hormis la création du parc marin de Blue Bay, rien n’a été fait pour exploiter les potentiels de l’économie bleue.

 

Alain Wong, ancien ministre du Service civil et de l’Environnement

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Son prédécesseur au ministère de l’Environnement n’hésitait jamais à prendre l’hélico. Il ne pouvait donc pas être en reste. Dès que l’opportunité s’est présentée suivant l’échouage du MV Benita à Le Bouchon, il a enfilé son maillot et a plongé pour faire un constat de la situation et rapporter des images. Il en conservera certainement les souvenirs, maintenant qu’il ne fait plus partie du gouvernement.

 

Soodesh Callichurn, ministre du Travail et des Relations industrielles

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Aucune réalisation notable. L’introduction du salaire minimal se fait toujours attendre deux ans après l’installation du gouvernement au pouvoir