« Nous vaporisons de l’herbicide sans aucune protection »

Des employés de la municipalité de Port-Louis :

Douze sprayer men de la municipalité de Port-Louis, qui sont exposés quotidiennement durant leur travail aux substances toxiques et nocives comme la gramoxone, nous affirment que leur état de santé s’est détérioré. Ils imputent la responsabilité à la municipalité de Port-Louis, qui n’a pas jugé utile de leur fournir les équipements adéquats pour se protéger lors des manipulations de ces substances dangereuses.

« Nous sommes exposés tous les jours aux substances toxiques. La municipalité ne nous fournit pas les équipements adéquats pour qu’on puisse  protéger nos mains, nos yeux et nos bouches. Quand nous vaporisons de l’herbicide, nos yeux deviennent rouges ».

C’est un sentiment de colère qui anime ces salariés de la mairie de Port-Louis qui exercent comme sprayer men. Leur job consiste à pulvériser de l’herbicide sur les mauvaises herbes qui poussent dans les fêlures des trottoirs et des canaux. Selon les dires des sprayer men, certains d’entre eux ont vu leur état de santé se détériorer, et auraient des problèmes respiratoires. Il y a même un employé qui a eu des cloques et des boursouflures à la main après avoir manipulé ces produits toxiques.

La mairie réagit-elle tardivement ?

Selon les employés, ils ont adressé des doléances à leur chef de section mais il n’y a eu aucune réaction. Exaspérés par cette situation, ils se sont alors tournés vers le Dr Rajah Madhewoo du Regroupma Travayer Sosyal dans l’ultime but de trouver une solution à ce problème. « Apres avoir écouté les griefs de ces employés, j’ai tout de suite pris un rendez-vous avec un responsable de la mairie. Celui-ci m’a annoncé que la mairie procédera au remplacement de 15 sprayer tank et que les employés seront désormais équipés d’appareils respiratoires, de même que d’équipements pour la protection des yeux », explique Rajah Madhewoo.

Cependant, le responsable du Regroupma Travayer Sosyal n’y va pas de main morte pour critiquer sévèrement les responsables municipaux qui ont accepté que ces pulvérisateurs travaillent sans équipements de protection. Selon Rajah Madhewoo, l’herbicide qu’utilisent ces pulvérisateurs pour asperger les mauvaises herbes contiennent du gramoxone, substance hautement toxique qui peut causer diverses complications de santé, comme l’asthme et les maladies bronchiales, voire la leucémie. « Un cadre de la mairie m’a confirmé que ces employés passeront des tests médicaux ce mardi 25 juillet à la Clinique du Nord. J’espère qu’il y aura un rapport de santé qui établira si la santé des employés a été affectée ou pas avec la manipulation de ces substances dangereuses », affirme Rajah Madhewoo.

Les employés d’autres municipalités subissent-ils le même sort ?

Ces employés font aussi face à quelques autres problèmes. Étant donné qu’ils travaillent dans la rue, ils n’ont pas accès à des WC ou à des salles d’eau. Rajah Madhewoo réclame que leurs heures de travail soient limitées afin qu’ils puissent prendre une douche rapidement et qu’ils ne soient pas être exposés à ces substances dangereuses pendant trop longtemps. Il se demande aussi si les employés d’autres municipalités ou des propriétés sucrières de l’île subissent le même sort que celui des employés de la mairie de Port-Louis.

Sollicité pour une réaction, le lord-maire Daniel Laurent affirme ne pas être au courant de cette affaire et demande aux employés qui ont un problème de venir lui adresser leurs doléances directement.