Nousrat Hosenally contracte l’hépatite B suite à une transfusion sanguine à l’hôpital Candos

Négligence médicale alléguée

 

  • « A l’hôpital, zotte fine dire moi pas bizin faire sa vine ène scandale», confie cette mère de quatre enfants

 

« Ou fine gagne hépatite B, Madame ». Ces mots résonnent toujours aux oreilles de Nousrat Hosenally. Depuis, le monde de cette jeune femme de 41 ans s’est écroulé. Mère de quatre enfants, elle souffrait déjà de plusieurs complications de santé. Elle essayait toutefois de garder le moral. Mais la nouvelle de sa contamination à l’hépatite B a chamboulé sa vie. Ce virus, elle l’aurait eu, souligne-t-elle, suite à une transfusion sanguine qu’elle a subie à l’hôpital Candos, juste avant qu’elle ne subisse une intervention chirurgicale au genou, dit-elle.

Zahirah Radha

 

« Mo nek reste ploré kan mo pense sa. Mo pas koné ki pou faire. Mo pas mérite sa moi !», ne cesse-t-elle de clamer. Le calvaire de Nousrat a commencé en 2004. Ayant eu des problèmes au patella (un os du genou), elle se voit contrainte de subir une première opération au centre hospitalier de Candos. Malheureusement, elle développera plusieurs complications. Conséquence : elle doit de nouveau se faire opérer. Une fois de plus, les choses ne se passent pas comme prévu pour cette habitante de Phoenix. Ses ennuis de santé se poursuivent et ses visites à l’hôpital Victoria ne se comptent plus. Résultat: elle subira, de 2004 à 2015, huit opérations au total: deux au genou gauche, cinq au genou droit et une à la hanche.

Préalablement à sa dernière intervention chirurgicale, qui remonte à décembre 2015, Nousrat apprend qu’elle doit subir une transfusion sanguine. « Le 5 décembre, zotte fine mette ène pinte du sang ek moi et tou ti passe bien. Mais le 6 décembre kan zotte ine mette deuxième pinte là, mo pa ti pé senti moi bien ditou. Mo ti pé gagne vertige et mo latet ti pé extra virer. Kan mone dire nurse-là, li dire moi pas gagne tracas madame, sa bane symptômes là normal sa », raconte cette patiente. Son opération le lendemain se passe sans anicroche. Toutefois, les symptômes persistent même après cette intervention. « Normalement, mo genou prend plusieurs mois pou bien après l’opération. Mais mo pas habitué senti moi malade kumsa. Mo kapave manzé boire tou normalement. Mo ti pé pensé que c’est peut-être chloroforme ki ti pé provoque sa  », poursuit-elle.

 

Le choc

Au fil des jours, la santé de Nousrat se détériore. Les vertiges, nausées, vomissements, mal de ventre et palpitations se multiplient. « Mo ti commence gagne la fièvre extra souvent et mo ressenti ène grand fatigue », confie-t-elle. Elle se rend alors chez un médecin du privé qui lui prescrira des tests sanguins. Les résultats sont accablants. Elle est testée positive à l’hépatite B. C’est le choc. Nousrat a l’impression que son monde s’écroule autour d’elle. « Docteur là ine demane moi si mo fine éna banne partenaires. Mone dire li ki mo fine toujours reste fidèle avec mo bonhomme. Lerla li dire moi éna deux zafer ki fine kapave contamine moi, c’est soit avec seringue, soit avec sa transfusion sanguine là », relate Nousrat, les larmes aux yeux. Pour avoir le cœur net, Nousrat décide de consulter un deuxième médecin. Les tests de l’hépatite B se révèlent, une fois de plus, positifs.

Depuis, la famille vit dans la tourmente. Munie de ses résultats sanguins, Nousrat s’est rendue à l’hôpital de Candos, jeudi, en vue de chercher des explications. « Mo fine zoine surintendant l’hôpital. Li fine dire moi ki mo bizin resté pou mo gagne mo banne traitements. Ene lotte docteur ine dire ki bizin rode sa donneur là pou faire banne tests. Zotte dire moi madame pas bizin fer sa vine ène scandale », souligne-t-elle. Cependant, la quarantenaire a préféré rentrer chez elle. « Mo palé reste l’hôpital encore. De par zotte négligence, mo fine attrape ène malade. Mo peur tension mo regagne kitsoz si mo reste là-bas »,  dit Nousrat. Les questions se bousculent dans sa tête. « Kouma eski zotte kapave mette disang ki contaminé avec moi ? »  ne cesse-t-elle de se lamenter. Elle n’hésite pas à dénoncer les autorités concernées pour avoir failli à leur tâche.

 

Combat quotidien

Mme Hosenally doit lutter quotidiennement contre les nombreux désagréments. « Docteur fine défane moi boire médicaments. Ene panadol mo pa kapave pran. Tou banne  douleurs ki mo gagner, mo bizin manze mo coup », se plaint-elle.  Elle peut cependant compter sur le soutien de son époux, Mamade, et de ses quatre enfants. D’ailleurs, Mamade a dû également faire des tests de l’hépatite B  afin de s’assurer qu’il n’a pas été contaminé. Ses tests se sont heureusement révélés négatifs. « Mo faire mo madame confiance 100%. Nou fine toujours reste ensam. Mo pa comprend kuma lôpital fine kapave fer ène zafer kumsa »,  dit-il. « Nous irons jusqu’au bout afin de dénoncer l’amateurisme des services hospitaliers », poursuit-il. Mamade doit passer le plus clair de son temps à s’occuper de son épouse. « Mo pa trop kapave travaille parski madame pa kapave fer narien », confie-t-il. Le budget familial en pâti. D’autant que les quatre enfants du couple vont tous au collège. Pour corser l’addition, l’allocation sociale dont bénéficiait Nousrat a été supprimée tout récemment. La famille ne compte pas rester les bras croisés. Elle compte saisir la justice afin de demander réparation.

 

Deux courageuses filles

Les quatre enfants du couple Hosenally, à savoir deux filles et deux fils,  ont du mal à digérer la maladie de leur mère. Ils font toutefois preuve de beaucoup de courage et de patience.  L’état de santé de leur maman oblige, Mariam, 17 ans, et Mariha, 13 ans, outre le temps qu’elles doivent consacrer aux études, s’adonnent aux travaux ménagers tous les jours. « Avant mo alle l’école, mo fini nettoye lakaz et mette linges laver », avoue la courageuse Mariha. Sa sœur aînée se charge, elle, de préparer le repas pour la famille. Leurs études en souffrent énormément. Elles arrivent souvent tard à l’école et ne peuvent prendre des leçons particulières. Mais peu importe ! Leur priorité, disent-elles, demeure la santé et le bien-être de leur mère et de la famille. Les deux autres enfants de Mamade et Nousrat Hosenally, collégiens également, sont

 

C’est quoi l’hépatite B ?

L’hépatite B est une maladie virale et infectieuse. Elle provoque une inflammation du foie. L’hépatite B se transmet par les sécrétions et liquides corporels, notamment les sécrétions génitales, la salive, et le sang. L’infection initiale par le virus de l’hépatite B passe souvent inaperçue mais peut se manifester dans sa forme typique par de la fièvre, la fatigue, des courbatures et douleurs articulaires, des douleurs de la tête ou abdominales, des nausées, puis survient un ictère, coloration jaune des téguments.