[Octroi de visas pour le hadj 2025] L’enquête révèle des manipulations flagrantes à l’ICC

  • Certains membres souhaitent un changement de présidence à la tête du board, les irrégularités ayant été commises alors qu’elle était justement censée mettre de l’ordre dans l’organisation du pèlerinage pour rompre avec les pratiques du passé

L’enquête instituée par les autorités mauriciennes pour faire la lumière sur les allégations de manipulations dans l’organisation du pèlerinage à La Mecque a révélé des pratiques frauduleuses flagrantes au sein de l’‘Islamic Cultural Centre’ (ICC). Selon nos informations, les documents officiels obtenus dans le cadre de cette investigation exposent un système de favoritisme qui a permis à certains pèlerins de contourner illégalement la liste d’attente.

L’affaire la plus révélatrice concerne deux sœurs dont les numéros d’enregistrement ont été manipulés de manière spectaculaire. Leurs positions sont passées de 38 014 et 38 015 à 8915 et 8916 respectivement, leur permettant ainsi de devancer près de 30 000 personnes sur la liste d’attente officielle. Cette manipulation a été découverte fortuitement lorsque l’une des bénéficiaires avait adressé une lettre à l’ICC demandant une considération spéciale, arguant que leur mère et leur oncle figuraient parmi les 1500 pèlerins autorisés à partir cette année.

Des cas multiples de ‘fictitious numbers’

L’enquête a également mis en évidence l’utilisation de « fictitious numbers » – des numéros d’enregistrement fictifs attribués à des personnes qui avaient déjà effectué le pèlerinage les années précédentes. Un document révèle plusieurs cas troublants. Ainsi, des pèlerins ayant déjà accompli le Hadj en 2010, 2013, 2014 et 2023 se sont vu attribuer de nouveaux numéros fictifs. Ces numéros appartiennent en réalité à d’autres personnes inscrites légitimement sur les listes d’attente. Ce système semble avoir été mis en place pour permettre aux bénéficiaires d’effectuer à nouveau le pèlerinage, au détriment de nouveaux candidats. Une pratique qui est, dit-on, anti-islamique alors que le hadj est un des cinq piliers de l’Islam.

Des questions surgissent ainsi sur l’ampleur de la fraude. Combien d’autres cas similaires existent-ils ? Qui, au sein de l’ICC, était au courant de ces pratiques ? Ces manipulations ont-elles été orchestrées par des individus isolés ou s’agit-il d’un système organisé impliquant plusieurs niveaux hiérarchiques ? Depuis combien d’années ces manipulations ont-elles cours ? Quels étaient les véritables critères utilisés pour bénéficier de ces faveurs ? Y a-t-il eu des contreparties ? L’enquête en cours permettra-t-elle de faire la lumière sur toutes ces questions ?

Par ailleurs, la présidence du conseil d’administration de l’ICC, confiée à un haut fonctionnaire du ministère du Logement et des terres soulève un certain mécontentement. La proximité et la complicité alléguée de ce dernier avec l’ancien Deputy Prime Minister, Steve Obeegadoo, ainsi que la mauvaise gestion de certains dossiers liés à la politique du logement dérange de plus en plus. Certains des nouveaux membres du board déplore également son indisponibilité, arguant qu’il est toujours « last come, first go » lors des réunions de l’ICC. D’ailleurs, ces membres se demandent s’il serait toujours apte à diriger l’ICC après la découverte de ces manipulations flagrantes, commises sous sa présidence alors qu’il était censé justement d’y mettre de l’ordre. Le fait qu’il est maintenant affecté auprès du ministre responsable du hadj n’arrange pas les choses, selon les voix dissidentes, d’autant que ce dernier a affiché sa volonté inébranlable de vouloir mettre de l’ordre dans l’organisation du pèlerinage. Toute cette affaire révèle l’ampleur du défi du gouvernement actuel dans sa mission de « rompre avec les pratiques du passé » et de restaurer la transparence dans l’organisation du pèlerinage.