Parcours d’un combattant

Rashid Soobadar  

Il compte de longues années de service dans le monde de l’éducation, de la politique ainsi que la diplomatie mauricienne. Rashid Ally Soobadar a été enseignant, politicien, député, ministre, diplomate, bref une riche carrière. Ce dernier s’apprête à s’envoler pour le Pakistan où il exercera en tant qu’ambassadeur de Maurice.  Sa principale mission : travailler pour apporter plus d’investisseurs à Maurice.

Marwan Dawood

Enfance difficile

C’est le 16 septembre 1944 que Rashid Soobadar voit le jour à Montagne Ory, Moka. Quelques après, la famille Soobadar émigre à Port-Louis plus précisément à Cassis où elle va  s’installer.  Son père était commerçant et vendait des légumes au marché de Port-Louis. Rashid Soobadar n’avait pas une enfance facile mais ses parents ont tout fait pour donner à ses enfants une bonne éducation. En grandissant il connaîtra la triste bagarre raciale de 1968, c’est alors que sa famille va élire domicile au Ward 4 dans la capitale. «Les moments que j’ai connus avant que Maurice n’accède à l’indépendance ont été les moments les plus difficiles pour nous les Mauriciens, surtout que j’étais très jeune et je ne savais pas vraiment ce qui se passait à l’époque », raconte-t-il.

Rashid Soobadar a fait ses débuts à l’école primaire de Cassis avant de faire ses études secondaires au collège Tutorial de Curepipe. Par la suite c’est en Inde qu’il va se rendre pour ses études tertiaires.  Parmi les filières qu’il a étudiées se trouve un MA en Diplomatie Internationale à l’Université Jawarhalal Nehru de New Delhi.

L’enseignement : son domaine de prédilection

À son retour à Maurice, Rashid Soobadar intègre l’équipe d’enseignante  au collège Impérial de Curepipe. Il y restera pendant 40 ans.  Pour lui son travail ne s’arrête pas à enseigner l’alphabet aux jeunes. Explication : « L’enseignement est une grande et noble profession. Ce n’est pas un travail facile, bien au contraire. Les enseignants doivent faire beaucoup d’efforts pour préparer l’avenir des jeunes. Cet avenir justement repose en grande partie sur le travail que nous faisons en tant qu’enseignant. Nous n’avons pas droit à l’erreur ».

Pour Rashid Soobadar, il est nécessaire que les jeunes puissent s’épanouir grâce à l’éducation. « Le secteur de l’éducation a connu beaucoup de progrès depuis l’indépendance du pays en 68. Nous avons un système d’éducation adéquat au développement des jeunes et notre système répond aux attentes de ces personnes. Il y a eu l’introduction de l’éducation gratuite qui a aussi contribué à faire de ce notre pays ce qu’il est aujourd’hui avec du progrès sur toutes les lignes dont l’économie-sociale ». Après sa retraite, Rashid Soobadar lancera avec son frère deux collèges dans la capitale, le premier City College et l’autre le collège Labourdonnais.

Les évènements de mai 75 vus par Rashid Soobadar

Notre invité cette semaine a beaucoup vu durant toute sa longue carrière notamment les manifestations estudiantines de mai 75. Pour lui, à l’époque, les jeunes avaient réussi à comprendre les enjeux auxquels ils étaient confrontés. Ces évènements selon Rashid Soobadar étaient un bouleversement énorme sur le plan social. «Les jeunes voyaient qu’il y avait un système injuste et inégale et ils ont réagi. Puis il y a eu des politiciens qui en ont profité pour rebondir sur la scène politique. De ce fait il y a eu un redressement dans le monde de l’éducation. On ne peut oublier que l’éducation est un atout majeur pour l’avancement de ce pays», révèle Rashid Soobadar.

Incursion dans le monde politique

Nous sommes au début des années 80. Le pays connaît des moments difficiles sur le plan socio-économique. Rashid Soobadar se jette dans l’arène politique au sein du PSM, mené par Harish Boodhoo. En 1982, Rashid Soobadar goûtera à sa première victoire électorale avec l’alliance MMM-PSM dirigée par sir Anerood Jugnauth, Paul Bérenger et Harish Boodhoo. Victoire sans appel de 60-0. Rashid Soobadar est élu député de la circonscription numéro 8, Quartier-Militaire/Moka.

Un an plus tard, l’alliance gouvernementale connaîtra une cassure avec le départ du MMM et on assistera à la naissance du MSM sous le leadership de sir Anerood Jugnauth. En 1983, le pays retourne aux urnes et Rashid Soobadar obtient une nouvelle investiture sous la bannière PTr-MSM-PMSD, toujours au No 8.  Il sera une nouvelle fois élu et deviendra ministre de l’Administration régionale. En 1986, il prend ses distances de la politique active mais apporte toujours son soutien au MSM jusqu’à présent.

Cependant, Rashid Soobadar garde des souvenirs malheureux de la cassure de 83. « Certains politiciens ont trahi la confiance du peuple. Il y avait beaucoup d’espoirs en 82 mais il y avait trop de querelles au sein du gouvernement ce qui engendra cette cassure », raconte-t-il.

Parcours diplomatique

En 2005 Rashid Soobadar s’envole pour cinq ans pour l’Égypte. Il devient alors l’ambassadeur de Maurice au Caire. Pendant cinq ans, Rashid Soobadar va œuvrer pour l’avancement économique du pays. «Maurice avait une très bonne réputation en Egypte.  J’ai connu le soulèvement du peuple égyptien lorsqu’ils ont renversé le président d’alors Hosni Mubarak et la prise de pouvoir du groupe Muslim Brotherhood. C’était des moments difficiles. Mais nous avons travaillé pour le développement des relations bilatérales sans pour autant faire un tam tam. Auparavant l’accès aux étudiants mauriciens en Egypte n’était pas ouvert mais depuis que nous avons travaillé là-bas, nous avons des jeunes qui étudient et qui font la fierté de Maurice en Egypte ».

Une nouvelle mission attend de pied ferme Rashid Soobadar. Récemment le gouvernement mauricien a décidé de le nommer ambassadeur du pays au Pakistan. Rashid Soobadar est conscient du défi qui l’attend mais se dit prêt à le relever. « C’est une nouvelle étape de ma vie. Le Pakistan est un grand pays qui accueille beaucoup de Mauriciens. C’est avec beaucoup de fierté que je vais représenter mon pays. J’aurais comme mission une chose bien précise c’est de promouvoir Maurice comme une destination sure pour l’investissement étranger.  Nous avons une très vieille relation avec ce pays et nous pouvons en profiter pour faire la promotion de notre pays ».

Rashid Soobadar explique qu’entre Maurice et le Pakistan il y a des «belles opportunités» d’échanges à la fois bilatérales et économiques.  «Nous travaillerons sur des investisseurs potentiels et développer notre capacité d’Economic Diplomacy. Ce sera mon cheval de bataille. Développer la route Pakistan-Maurice-Afrique. Nous travaillerons en étroite collaboration avec les différentes chambres de commerce pour l’avancement et le bien-être économique du pays ».  Rashid Soobadar aura également sous sa responsabilité diplomatique l’Iran qui voit ses sanctions internationales enlevées.  «Nous pourrons exploiter l’Iran pour des bénéfices économiques et touristiques », conclut Rashid Soobadar.