Parlementeur Rutnah

Par Zahirah RADHA

Au no 7 où il a été élu aux côtés de sir Anerood Jugnauth et Vishnu Lutchmeenaraidoo, on le surnomme Salman Khan, célèbre acteur bollywoodien connu surtout pour son charme et son charisme. Mais à voir les actions de Ravi Rutnah contre notre publication samedi dernier, on est plus tenté de l’appeler soit Gulshan Grover soit Johnny Lever. Voyez-vous, entre le ‘villain’ et le comique, on hésite encore. ‘Villain’ parce que le député du ML s’est permis de menacer un de nos journalistes au téléphone avant de courir au poste de police de Grand-Baie pour consigner une déposition contre lui pour menaces et insultes. Comique puisque, queue entre les jambes, le ‘Ti Roquet’ a dû revenir sur ses pas en quatrième vitesse quelques heures plus tard pour retirer sa plainte, Sunday Times ayant, entretemps, mis en ligne la conversation que l’élu avait eue avec le reporter en question. Un enregistrement qui suffisait largement pour exposer le mensonge et la mauvaise foi de Ravi Rutnah à l’encontre de notre hebdomadaire.

On le connaissait assez théâtral dans ses démarches, mais la vile tentative du parlementaire, ou plutôt parlementeur, Rutnah de nous accuser à tort pour des raisons qui lui sont propres était carrément grotesque. Tout comme il l’avait été quand il avait accusé l’Express d’avoir ‘hacked’ son mail. Sauf que là il est allé beaucoup plus loin. Pour quelles raisons s’est-il senti aussi acculé, au point d’avoir recours à une action aussi extrême, alors que le reporter n’a même pas eu le temps de lui poser de question ? Aurait-il des choses à nous cacher ou est-ce un nouveau genre de mégalomanie chronique qui est à la base de ce déraisonnement et de ces menaces qui ne font pas honneur à un homme sensé et responsable et de surcroît député et avocat? Le peuple pourra-t-il faire confiance à cet élu menteur qui porte également atteinte à sa profession en consignant une fausse déposition contre un hebdomadaire qui ne cherchait qu’à informer ses lecteurs sur un cas de conflit d’intérêts allégué ?

Ravi Rutnah a le droit d’avoir une haute opinion de lui-même. Mais ce n’est pas parce qu’il est au pouvoir qu’il peut penser que tout lui est permis. Les bluffs et les abus ont une limite. Surtout quand ils visent à nuire et à intimider. Raison pour laquelle la direction de Sunday Times a cru bon de loger une plainte pour « false and malicious denunciation in writing » contre le député du no 7. Qu’il sache qu’on ne courbera pas l’échine devant ses manigances outrancières. La bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe, dit-on. Nous nous attendons maintenant à ce que la police fasse son travail en toute indépendance et sans ingérence politique ou autre. Tout comme le fera sans doute la Cour suprême qui sera appelée, demain, à statuer sur la demande du frère de Ravi Rutnah de rendre exécutoire à Maurice un jugement contre ce dernier par la Central London County Court en date du 21 mai 2009.  Ses erreurs, passées ou présentes, finiront tôt ou tard par le rattraper. Dommage que ce soit ce genre de personne qui nous représente à l’Assemblée nationale.