Patrimoine en danger : Des excavations sur La Citadelle sans aucune autorisation

  • Outre de violer la section 17 de la « National Heritage Fund Act », ces travaux pourraient aussi provoquer un glissement de terrain

Des travaux d’excavations effectués sur la colline de Fort Adelaïde, plus connue comme La Citadelle, sur la partie située à la rue Arsenal à Port-Louis, interpellent. Qui a autorisé ces fouilles, entreprises au lendemain de la proclamation des résultats des dernières élections générales selon certaines sources ? Personne ne semble avoir la réponse, bien que certaines mauvaises langues prétendent que ces travaux ont eu la bénédiction d’un proche du pouvoir, plus précisément celui d’un candidat déchu aux élections du 7 novembre. La présence d’une « base » orange sur ce lieu exact pendant la campagne électorale ne fait qu’alimenter ces dires.

L’initiateur de ces travaux a-t-il enfreint la loi ? La Citadelle, il faut le savoir, fait partie des 368 sites classés comme patrimoine national à Maurice. Ainsi, aucune excavation ou construction n’est permise sur le site ainsi que dans ses alentours sans l’autorisation préalable du « National Heritage Fund » (NHF), outre les permis habituels. Or, une responsable de cette instance assure n’avoir reçu aucune demande en ce sens, hormis celle concernant des travaux, incluant une campagne de nettoyage, que le ministère du Tourisme voulait y faire pour attirer plus de touristes. Même son de cloche du côté des autres autorités compétentes, dont la municipalité de Port-Louis. Si, selon nos sources, celui qui veut s’approprier cet espace prétend avoir eu le feu vert du ministère du Logement et des terres, tel ne serait pas le cas.

Celui qui a initié ces fouilles pourrait ainsi avoir commis une offense sous la section 17 de la « National Heritage Fund Act (2003) ». Celle-ci stipule que « any person who unlawfully 1(a)  alters, damages, destroys, defaces, digs up, moves, changes, covers, conceals or in any other way disfigures a national heritage; (b)  removes any part of a national heritage; or (c)  otherwise contravenes this Act, shall commit an offence ». Le contrevenant est ainsi passible d’une amende ne dépassant pas Rs 100 000 et une peine d’emprisonnement ne dépassant pas deux ans.

Défiguration et possible glissement de terrain

Mais ce qui est encore plus grave, c’est que ces travaux, outre de défigurer le site de ce patrimoine national, risquent même de provoquer, selon certains experts, un glissement de terrain vu qu’il s’agit d’une colline. Ce qui pourrait s’avérer néfaste pour le voisinage, d’autant que c’est un lieu hautement résidentiel. Certains poussent le bouchon plus loin en disant qu’un permis EIA (Environment Impact Assessment) est nécessaire avant que tout projet n’y soit initié. D’où la nécessité que ces travaux soient stoppés le plus vite possible par les autorités.

Consternation

Interrogée, l’ancienne PPS de la circonscription no. 2, Roubina Jadoo-Jaunbocus, dit être au courant de la situation. « Je me sens concernée par ce qui se passe. Mais je peux vous assurer que je n’ai encouragé personne à commettre un tel acte. À ma connaissance, aucune autorité n’a donné le permis nécessaire pour de tels travaux. C’est un terrain de l’État, mais aussi un patrimoine national et nous devons le protéger et préserver. D’ailleurs, on avait fait une demande pour construire un chemin allant vers La Citadelle, mais tant qu’on n’a pas le feu vert, on ne peut le faire car c’est un ‘protected site’.