Percuté sur un passage pour piétons :  Salman Emambux meurt quatre jours plus tard

Dans la soirée du jeudi 18 février à Centre-de-Flacq, Salman Emambux, 23 ans, traversait la rue sur un passage pour piétons pour se rendre à la mosquée lorsqu’une voiture l’a percuté de plein fouet. Quatre jours plus tard, soit le lundi 22 février, il devait rendre l’âme à l’hôpital de Flacq. La vie s’est arrêtée chez la famille Emambux à l’annonce de cette nouvelle. La conductrice de la voiture a été interpellée pour homicide involontaire et a comparu en cour avant d’être libérée sous caution, selon la police. Toujours selon elle, l’enquête suit son cours.

Le désarroi  s’est installé chez les Emambux depuis cet accident. La conductrice n’est jamais venue envers eux pour au moins exprimer ses regrets.

La famille Emambux avait appris cet accident dans la soirée du jeudi 18 février par Jamshid, 56 ans, un oncle de Salman. Ce dernier s’est confié à nous sur les circonstances de l’accident, survenu à la route St. Remy à Centre-de-Flacq.

Ce jeudi, alors qu’il était sur le point de fermer sa tabagie qui se trouvait dans l’immeuble de Vogue, il a entendu un bruit mais n’y a pas prêté attention. « J’ai trouvé une femme en face de ma tabagie, de l’autre côté de la rue, qui tremblait comme une feuille. Je suis allée lui parler, et elle m’avait dit qu’elle avait provoqué un accident. Je l’ai suivie et à ce moment, j’ai vu Salman par terre », nous raconte Jamshid, encore sous le coup de l’émotion.

Selon nos recoupements, Salman traversait la rue sur le passage pour piétons quand il a été percuté par la voiture, qui roulait apparemment à vive allure. Le pare-brise de la voiture a ainsi volé en éclats.

Selon les dires de Jamshid, la conductrice voulait appeler le SAMU mais Jamshid a refusé et devait lui demander d’emmener elle-même son neveu à l’hôpital. Un ami de Jamshid était également présent sur les lieux ce jour-là. Les deux hommes devaient installer Salman sur la banquette arrière de la voiture, et Salman a ainsi été transporté à l’hôpital de Flacq.

Il y a une caméra de surveillance sur l’immeuble de ‘Bank One’, qui se trouve près du lieu de l’accident. Jamshid déplore que les images de la caméra n’aient pas été visionnées par la police à ce jour. Selon lui, il y a d’autres caméras couvrant la scène de l’accident, mais dont les images n’ont également pas été visionnées.

Un soutien important dans la vie de ses parents

Au domicile des Emambux à Centre-de-Flacq, l’atmosphère est lourde et l’émotion palpable alors que les proches s’apprêtaient à effectuer l’enterrement du jeune homme. Le regard perdu de ses parents laisse entrevoir leur douleur.

Le cadet d’une fratrie de deux enfants, Salman a un frère aîné qui s’est établi depuis assez longtemps en Angleterre. Il était considéré comme la « main droite » de ses parents, en particulier de son père, qui est diabétique et qui vient d’être d’amputé d’un pied. Salman offrait toujours son aide à sa mère pour que la famille puisse joindre les deux bouts.

Selon ses proches, malgré qu’il fût légèrement attardé, le jeune homme était débrouillard. Profondément religieux, Salman ne ratait jamais ses prières. Il suivait des cours sur l’Islam et répandait souvent la parole islamique à l’intention de ses proches et de son entourage. Il appelait même à la prière (‘Azaan’) dans sa maison avant de partir pour la mosquée.

Selon un proche, il y a deux ans de cela, Salman s’est rendu en Angleterre pour un mois. Il se sentait agacé car il n’y avait pas de mosquée.

« Extra bon garçon sa », nous décrit Asifah Emambux, la mère de Salman en larmes. Elle a eu le cœur brisé quand elle avait appris que Salman avait rendu l’âme. Elle repense sans arrêt à la dernière image de son fils qu’elle a gardée en tête, avant qu’il ne sorte ce soir-là. « En ti moment mo vini la, Maa. Nou manze sorbet ensam », tels étaient les derniers mots de Salman à sa mère juste avant que l’accident ne se produise.

Cette mère conserve beaucoup de souvenirs de son fils et se rappelle que Salman adorait déguster le farata. Souvent, il demandait à sa mère d’en préparer.

Le jour de l’accident, c’est la belle-sœur d’Asifah qui est venue lui annoncer  que Salman avait eu un accident. Croyant au début que c’était un accident sans gravité, elle devait vite déchanter. À l’hôpital, elle devait voir que Salman luttait pour sa vie.

Jamshid se souvient de Salman comme d’un garçon bien gentil et gai. « Tout le temps, il venait à la masjid  et sa présence était une illumination. Quand il n’est pas là, nous constatons qu’il manque quelque chose », dit le quinquagénaire.

Selon sa grande tante, ‘poupou’ Koraisha, Salman est irremplaçable car c’était un garçon bien dévoué envers ses parents. Il était un soutien important dans la vie de son père. « Depuis son enfance, je veillais sur lui. Bien souvent, il venait chez moi. C’était un  enfant bien ordonné », poursuit Koraisha, qui était dans un état de choc quand elle avait appris la mauvaise nouvelle.

Elle insiste que Salman était un garçon qui se montrait toujours très prudent et empruntait toujours le passage pour piétons pour traverser la rue. Elle se demande à quelle vitesse la voiture roulait pour que la conductrice n’ait pas remarqué son neveu et pour que son pare-brise ait volé en éclats.

Faiza, une autre tante paternelle, indique que le père de Salman souffre beaucoup de l’absence de son fils car ce dernier était là tout le temps pour le soutenir. D’ailleurs, quelques heures avant son accident, Salman avait échangé quelques mots avec Faiza. C’était la dernière fois qu’elle le voyait en vie. « Nous demandons justice pour notre neveu », nous dit-elle.