Plaine-des-Roches est un petit endroit idyllique situé au nord-est du pays. Ici, les villageois profitent d’un climat modéré. Cet endroit compte environ 5 000 habitants, dont 3 000 électeurs qui vivent en harmonie. Ce qui surprend, c’est l’accueil chaleureux, comme si on faisait partie de la famille. Cette localité doit son son nom aux roches de basalte, abondantes ici, vestiges d’une activité volcanique vieux de vingt-cinq mille ans.

 

Bancharam Kaviraj et Bijaye Sooknah, conseillers du village de Plaine-des-Roches, décrivent cet endroit comme paisible et tranquille. Mais les deux responsables du village déplorent l’attitude négligente des autorités,qui se renvoient la balle dès qu’il s’agit de nettoyer ou d’effectuer des travaux d’entretien dans le village. Par ailleurs, ils se disent concernés par le fait que certaines personnes ont tendance à prendre pour acquis l’environnement et jettent sans aucune gêne des ordures en certains endroits.

Ils auraient l’intention de construire une grotte ici, à proximité du pont de Plaine-des-Roches pour permettre aux habitants de foi catholique de se recueillir.

 

« Lutchmeenaraidoo ti promette nous…mais linn bliyer »

Depuis que la British American Tobacco a fermé ses portes à Maurice, les planteurs de tabac de Plaine des Roches ont dû cesser leurs activités. Certains d’entre eux ont été contraints de s’orienter vers la culture des légumes pour subvenir aux besoins de leurs familles. « Banne planteurs dans l’endroit ti réuni. Nous ti dimanne enn rencontre avec ministre agriculture mais jamais linn donner. Lutchmeenaraidoo ti vinn rencontre bannes planteurs et li ti donne so promesse ki li pou aide nous et ki li pou get la demande mais linn bliyer », déclare un des planteurs. Frustrés, ces derniers ne savent plus à quel saint se vouer. Parmi les planteurs, il y a ceux qui sont propriétaires des “Tobacco barns”, qui servaient à sécher les feuilles de tabac.

 

Plaine-des-Roches et ses alentours sont connus pour leurs cavernes naturelles qui servent d’habitat à plusieurs espèces animales, comme les hirondelles. Cependant, ces cavernes deviennent de plus en plus un ‘eyesore’ à cause des détritus jetés çà et là. Ce sont les animaux, dont certains en voie de disparition, qui en font les frais.

Cela, malgré maints efforts de la part des responsables du village pour conscientiser les visiteurs sur les conséquences de leurs actes. Les responsables du village rêvent de recréer la magie d’antan, et nous confient qu’auparavant,l’endroit recevait beaucoup plus de visiteurs et plusieurs films, dont Stone Boys et Chandi Sona, ont été tournés près de cette caverne.

 

Feu Michel Legris, qui a interprété les tubes Mo Capitaine ou encore Dalma Dalma, vivait ici avant sa mort. Ce célèbre ségatier, décédé à l’âge de 83 ans, était un habitant de longue date de Plaine-des-Roches. Thérèse, sa veuve, âgée de 76 ans, nous a accueillis dans la maison du couple. « Li mank nous boukou.

Li ti kouma enn papa pou moi. Li ti envi ki so bannes zenfan vinn aussi celebre ki li mais zotte pan ressi », nous dit-elle,avec un soupçon de regret. Dans le salon des Legris, les trophées, les photos et les prix remportés par Michel Legris durant sa carrière de ségatier brillent de mille feux.

 

La Plaine-des-Roches/Roches Noires HealthTrack est un parcours de jogging et de marche. C’est le lieu privilégié des villageois où jeunes et moins jeunes viennent se dégourdir les jambes après une dure journée de travail ou pendant le week-end.Le hic : un manque d’éclairage le soir décourage les locaux de profiter de la brise nocturne.

Autre bémol, certains motocyclistes utiliseraient eux aussi ce raccourci, créant un danger pour les piétons et abîmant le parcours de santé.

 

Le chemin qui mène au Health Track nécessite un revêtement routier. Les habitants, dont Mme Persand, font face au problème d’accumulation d’eau depuis un certain temps, due aux mauvaises conditions du chemin.

Un groupe hôtelier serait responsable des dégâts, mais ce sont les habitants jouxtant le parcours qui en font les frais.

 

Visham Denatunelie, 36 ans, extrait des rochers sous la terre. « Bizin ène gros machine la chaine de 27 tonnes pou tire sa roche là. Li sorti bloc par bloc, lerla nous bizin taille li, ek éna fois lave li ek karcher si bizin », nous explique Visham Denatunelie. Les rochers se vendent par lot et pour un lot,il faut compter 30 rochers.

Les prix varient en fonction de la qualité du produit. Cependant, même si on peut penser qu’à Plaine-des-Roches, les rochers abondent, Visham nous dira le contraire. Il est ainsi contraint d’aller extraire les rochers à Alteo car il n’y en aurait plus à Plaine-des-Roches, dû à l’exploitation excessive dans le passé.

Le Dil Se Royal Snack a déjà conquis les cœurs des villageois et de ceux vivant dans les endroits avoisinants.

Il y a six ans, le propriétaire, Dilshad, et son épouse Yasmeen avaient décidé d’ouvrir un snack. Leur spécialité, le briani, fait vite l’unanimité parmi les habitants, qui en raffolent.

 

La mosquée Ahle Bait Jamah Masjid de Plaine-des-Roches est considérée comme un petit joyau aux yeux des habitants. Ce lieu de culte a été construit par Raffick Fokeerbux, il y a 20 ans. Rénovée récemment, cette mosquée se démarque des autres de par son architecture orientale, des inscriptions en arabe inscrites sur les marbres et les fenêtres, ses minarets, et surtout, le lustre. Cet imposant luminaire dont l’installation avait nécessité une main-d’œuvre étrangère, est fixé à l’intérieur de la mosquée.

Ce lieu de culte serait fréquenté par les locaux ainsi que par les musulmans des régions avoisinantes.

 

À Plaine-des-Roches, nous avons fait la rencontre des triplés Fokeerbux, Soobhan et Coorban, âgés de 91 ans. Soobhan, père de 11 enfants, compte 19 petits-enfants et 5 arrière-petits-enfants.

Ce nonagénaire,qui compte 77 ans d’expérience comme laboureur à l’usine sucrière Mon Loisir, nous confie comment il a eu une vie difficile. « Mo ti pe vann dipain 1 sou avant mo alle lekol. Kan monn koumans travay, mone travay 10 sous la zournée. Lontan, avec 15 sous, nou ti pe gagne 20 lives douri, dholl ek poisson salé », se remémore-t-il.