Plusieurs zones d’ombre au parfum de scandale

Voici une affaire qui risque d’éclabousser le gouvernement et divers départements d’au moins trois ministères et un District Council en particulier.  Cette affaire aux allures de scandale semble de loin être anodine mais en se rapprochant des détails, plusieurs zones d’ombre surgissent, suscitant ainsi des interrogations dans le milieu des affaires et irrite plus d’un au sein même du gouvernement.  Ces deux projets, dans le même périmètre produiront une quantité importante de pollution de l’air mais aussi de la terre… Pourtant les habitants de Rose-Belle et Bananes ont objecté à ces projets.  Cependant, le promoteur, un ressortissant indien semble jouir d’une bonne relation avec un membre influent du PMO.  Zoom sur cette affaire hors du commun qui pue… la corruption !

Deux EIA en temps record

C’est en ce début d’année que le promoteur indien, un dénommé Vishal Sahi, directeur des compagnies EURO CASTINGS Ltd et Advance Oil Ltd, s’est attiré les regards.  Vers la fin de l’année dernière, le promoteur indien a soumis deux projets sous deux compagnies différentes au ministère de l’Environnement. Selon nos informations, les dossiers de Vishal Sahi ont été traités en un «temps record ».  De source bien informée on apprend qu’un Fast Track Committee aurait travaillé sur les dossiers afin que le ministre de l’Environnement puisse signer les documents importants dans l’octroi des EIA Licences aux projets de Sahi.  Cependant, dans le giron, on parle du fait que le ministre aurait été induit en erreur par ses officiers.  Mais les faits sont là, EURO CASTINGS Ltd et Advance Oil Ltd ont leur EIA pour faire en premier lieu la construction d’une fonderie de Scrap Metal et par la suite sur le même terrain une raffinerie de Waste Oil.

Pire encore, dans les listes de conditions rattachées aux EIA Licences, un fait attire l’attention.  36 conditions pour le projet de Recycling of Waste Oil et 37 pour le projet Scrap Metal Foundry and Rolling Mill. Deux projets aux pôles opposés, deux projets complètement différents l’un de l’autre mais presque toutes les conditions sont similaires, à l’exception de quelques-unes.

Correspondance et transfert mystérieux

Des personnes avisées ne comprennent pas comment le ministère de l’Environnement ait pu accorder ces EIA Licences alors que le «proposed place of development » se trouve non-loin d’une réserve naturelle.  En dehors de cela, il n’est un secret pour personne que les fonderies sont sources de pollution continue et la raffinerie d’huile est tout aussi dangereuse pour l’écologie.  Il faut noter que le domaine naturel, Domaine de la Grave, se trouve non-loin des lieux.

Par ailleurs, selon une source proche de ce dossier, cette affaire a suscité beaucoup de remous récemment.  Des habitants et plusieurs autres personnes expliquent que les projets vont se faire là où il existe selon eux, une Scenic View.  Mais où est passé cette Scenic View ? Selon notre source, une correspondance mystérieuse sortie de nulle part aurait poussé les officiers du District Council de Grand-Port à la faire disparaitre.

Alors que les procédures de permis étaient enclenchées pour Vishal Sahi, un haut gradé du District Council a été transféré de Grand-Port à Rivière-Noire. Est-ce que ce transfert est lié à cette affaire ? Selon nos informations, oui.  Plusieurs habitants que nous avons pu solliciter pour notre enquête font état des plaintes et contestations faites au niveau du District Council.  On évoque pas moins de 15 objections liées aux projets de Vishal Sahi. Mais à l’heure actuelle, les lettres d’objections auraient disparu des dossiers.   Le haut cadre est alors celui qui a fait état des objections aux parties concernées avant d’être transféré.

Enter le ministère de l’Industrie…

Selon les règlements des Consumer Protection (Scrap Metal) Regulations de 2007 à la section 5(1)(a)(i) il est clairement stipulé que, « in the case of an individual, the applicant is a citizen of Mauriitus, or, in the case of a body corporate, its management and control are vested in persons who are citizens of Mauritius ».  Une simple recherche au bureau du Registrar of Companies permet cependant de révéler un fait troublant… Vishal Sahi est l’unique directeur et shareholder de la compagnie et l’homme n’est pas comme le veut la loi, un « citizen of Mauritius ».   Pourtant, la condition 6 du Scrap Metal Foundry and Rolling Mill stipule clairement que… « a Scrap Metal Dealer Licence shall be obtained from the Ministry of Industry, Commerce and Consumer Protection ». 

Le fait que Vishal Sahi n’est pas un citoyen de Maurice, comment a-t-il pu obtenir son Scrap Metal Dealer Licence entre temps ? Et si oui, sous quelles conditions ? Et si non, l’EIA Licence octroyée à sa compagnie sera-t-elle caduque ?

Existe-t-il un deuxième bail caché ?

Le 22 mai 2018, une correspondance est échangée entre le Rose-Belle Sugar Estate Board et le ministère de l’Agro-Industrie. La lettre fait alors mention du fait que le ministre de l’Agro-Industrie, Mahen Seeruttun a approuvé entre le 2 février et le 6 avril 2018 des Lease Agreements pour trois compagnies dont EURO CASTINGS LTD de Vishal Sahi.  Cependant, après avoir obtenu une copie du Lease Agreement en date du 14 août 2018, on constate que le promoteur a obtenu un terrain de 8 442 m2 dans la région de l’Abbatis/ Beemanique soit 2,5 arpents.  Selon nos calculs, pour les 20 ans de Lease, Vishal Sahi devra s’acquitter d’un paiement de Rs 5,9 millions répartis en plusieurs tranches sur les 20 ans.

Cependant, un autre détail tout aussi surprenant surgit du document.  Où est-ce que Vishal Sahi compte-t-il faire construire sa raffinerie d’huile ? Pour un expert dans le domaine, les 2,5 arpents ne sont pas suffisants pour cela et dans le lease agreement, aucune mention de la raffinerie n’est faite…ça va se savoir…

Qui se cache derrière Vishal Sahi ?

Avec tous ces détails troublants, une question taraude l’esprit de plus d’un. Le ressortissant indien doit vraiment avoir une bonne couverture.  Qui est ce membre influent du gouvernement qui a des connexions très fortes au PMO qui a pu faire bouger ce dossier ?  Tout compte fait, ils sont nombreux à réclamer une enquête des autorités compétentes dans cette affaire qui pourrait faire couler beaucoup d’encre…