[Political Financing Bill] Fezal Jeerooburkhan dénonce l’hypocrisie du gouvernement et insiste sur l’importance de consultations élargies

Extrait des Kistnen Papers ayant trait aux dépenses du MSM au no. 8 pour les dernières élections générales de 2019

Le ‘Political Financing Bill’ (projet de loi sur le financement politique) a été présenté au Parlement mardi. Selon le Premier ministre Pravind Jugnauth, légiférer est le moyen le plus efficace d’assainir le financement politique, en évitant les abus et l’infiltration d’argent sale dans le circuit politique. Pour lui, ces textes de loi « témoignent de la volonté de renforcer la confiance dans notre système et de consolider notre démocratie ».

Fezal Jeerooburkhan, observateur politique, souligne qu’un tel projet de loi, crucial pour notre démocratie, est en gestation depuis plus de deux décennies. Malgré plusieurs rapports coûteux, aucune volonté politique réelle n’a permis d’aboutir. Il déplore l’absence de consultation des acteurs principaux, des forces vives et des citoyens. Il souligne la nécessité d’une consultation publique avant la présentation du projet, impliquant notamment la Commission électorale et la société civile. Cette démarche devrait, selon lui, être entreprise bien avant les élections législatives, permettant ainsi de diffuser et vulgariser les règlements auprès des candidats potentiels et des électeurs.

« Les règlements préconisés doivent être diffusés et vulgarisés auprès des candidats potentiels et des électeurs bien en avance. Cette consultation permet au parlement d’obtenir l’avis de la population, ainsi que celui de spécialistes et de groupes d’intérêt sur ce projet de loi. Finalement, le but de cette loi est de garantir que les résultats des élections reflètent au mieux la volonté du peuple et que ces derniers ne soient pas influencés par les bribes électorales, le blanchiment d’argent sale, la fraude, la corruption, ainsi de suite », explique-t-il.

L’observateur politique met en garde contre les risques liés au financement privé des partis, préconisé par le projet de loi. Il évoque les relations étroites entre politiciens au pouvoir et grandes entreprises, craignant des échanges de faveurs opaques. Selon lui, ce système pourrait favoriser la fraude, la corruption, le blanchiment d’argent, et aggraver les inégalités socio-économiques.

« Nous connaissons bien les relations incestueuses entre les politiciens au pouvoir et les grandes entreprises, le gros capital et les quelques fortunés (blue eyes boys/girls) qui arpentent les couloirs du PMO et des ministères à longueur de journée. La plupart sont à l’affut comme des rapaces pour saisir la moindre occasion qui se présente pour s’enrichir avec ou au détriment des fonds publics. Ils sont disposés à soutenir leurs poulains politiciens dans l’opacité totale pendant les élections avec des gros pactoles qui peut facilement dépasser les dizaines de millions de roupies sachant bien qu’après les élections ils bénéficieront des centaines de millions de roupies à travers les nouvelles politiques économiques concoctées en leur faveur, les contrats juteux, les terres de l’État, les prêts bancaires qui seront volontairement ‘written off’, les ‘emergency procurements’, les ‘spécial purpose vehicles’ ou les compagnies d’État, etc. Le financement privé occulte favorise la fraude, la corruption, le blanchiment d’argent, le business de la drogue, l’émigration des jeunes professionnels, et même les assassinats comme on l’a constaté pendant la Covid-19 », dit-il.

Fezal Jeerooburkhan exprime des doutes quant aux véritables intentions derrière ce projet de loi. Il rappelle l’échec d’une initiative similaire en 2019, abandonnée faute de majorité parlementaire suffisante. La résurgence du projet à quelques mois des élections lui semble motivée par des raisons purement politiques. Il s’interroge sur la volonté réelle des politiciens de renoncer aux financements occultes, de révéler leurs sources de financement, de refuser l’argent sale, et de soumettre leurs comptes à un audit public. Pour lui, cette démarche relève de l’hypocrisie.