Port de Beyrouth: nouvel effondrement dans les silos au deuxième anniversaire de l’explosion

Le deuxième anniversaire de l’explosion dévastatrice au port de Beyrouth a été marqué jeudi par des manifestations de proches des victimes réclamant une enquête internationale pour connaître la vérité sur la tragédie et par un nouvel effondrement de silos dans la zone portuaire. 

Le 4 août 2020, des centaines de tonnes de nitrate d’ammonium stockées sans précaution dans un entrepôt près du port explosent. Plus de 200 morts et 6500 blessés ont été dénombrés et des quartiers ont été entièrement dévastés, un évènement tragique qui a causé un traumatisme pour l’ensemble des Libanais. 

Jeudi à 18H07 (15H07 GMT) précises, moment de l’explosion il y a deux ans, des manifestants ont observé une minute de silence suivie d’applaudissements devant le port où, quelques minutes plus tôt, une nouvelle partie des silos qui contiennent des milliers de tonnes de blé et autres céréales se sont effondrés suite à un incendie.

L’effondrement s’est produit alors que trois marches distinctes arrivaient au port de Beyrouth. Un énorme nuage de fumée a couvert la zone portuaire après l’effondrement et des manifestants sur place ont porté des masques en filmant la structure avec leur téléphones portables.

«Nous avons le droit de connaître la vérité», a lancé Mireille Khoury, qui a perdu son fils dans l’explosion, devant des milliers de manifestants qui hissaient des drapeaux libanais.

Les participants ont ensuite prononcé un serment pour affirmer leur intention de continuer la lutte jusqu’à ce que l’identité du «criminel» soit révélée.

En avril, le gouvernement a ordonné la démolition des silos, mais cette opération a été suspendue en raison d’objections de proches de victimes qui veulent en faire un lieu de mémoire. Mais il y a plus de deux semaines, un incendie s’est déclaré dans la partie la plus endommagée des silos, causant l’effondrement de silos dimanche suivis par un nouvel écroulement jeudi.

L’association des familles des victimes a dénoncé dans un communiqué jeudi «l’inaction» des responsables face à l’incendie. Même «si une partie (des silos) s’effondre, nous insistons (…) sur la préservation et la protection» du reste de la structure.

L’enquête elle aussi est suspendue depuis des mois en raison d’obstructions politiques. L’enquêteur principal, Tarek Bitar, a été empêché de poursuivre sa mission par une série de poursuites intentées contre lui et par une campagne dirigée par le puissant mouvement armé du Hezbollah qui accuse le juge de partialité.

«La justice libanaise doit pouvoir travailler et mener à son terme son enquête en toute transparence, à l’abri de toute interférence politique», a indiqué jeudi le porte-parole du Quai d’Orsay lors d’un point presse.

Quoiqu’il en soit, pour des ONG et des experts indépendants de l’ONU «il est clair aujourd’hui plus que jamais que l’enquête nationale ne peut rendre justice». Et qu’une enquête internationale «sans délai» est nécessaire.

SOURCE : AFP