À 29 ans seulement, Suhail Lidialam, Deputy Assistant Superintendent of Police (DASP), insuffle un vent de fraîcheur au sein de la cellule de communication de la force policière mauricienne. Propulsé à la tête du Police Press Office (PPO) ce mardi, il succède au Chief Inspector Shiva Coothen, désormais affecté à l’Emergency Response Service (ERS). Originaire de Port-Louis, ce professionnel accompli malgré son jeune âge, incarne une nouvelle génération d’officiers alliant formation académique solide et vision moderne de la communication publique.
Un parcours riche et diversifié
Ancien élève du collège Sir Abdool Razack Mohamed à Port-Louis, il est titulaire d’un BA en langue française de l’Université de Maurice, ainsi que d’une maîtrise en communication et relations publiques obtenue à l’Université de Technologie de Maurice.
Avant d’intégrer les forces de l’ordre, il a travaillé dans le secteur privé comme journaliste web. En 2019, il rejoint l’institution et suit une formation à la Police Training School ainsi qu’au sein de la Special Mobile Force (SMF). Il complète son apprentissage à l’Indian Police Service Academy d’Hyderabad, en Inde, avant d’être affecté dans différentes unités à travers l’île.
Le jeune DASP rappelle par ailleurs qu’il a déjà été en poste au PPO entre 2020 et 2021, en pleine période de pandémie : une expérience qui lui a permis de mesurer concrètement les défis de la communication de crise.
« Un honneur et une responsabilité »
« La responsabilité que m’a attribuée le commissaire de police – et je tiens à le remercier pour sa confiance – est pour moi un honneur et un privilège », confie-t-il avec humilité. Cette nomination s’accompagne d’une pleine conscience des responsabilités qui lui incombent. « Être porte-parole d’une organisation telle que la police, c’est une responsabilité envers l’organisation elle-même, mais aussi envers le public », souligne-t-il. Conscient de la mission qui l’attend, il insiste sur l’importance d’un équilibre : informer la population tout en préservant le devoir de réserve inhérent à l’institution policière.
Depuis sa prise de fonction, il reconnaît être « submergé de sollicitations ». Mais loin de s’en plaindre, il y voit une source de motivation : « Je suis passionné par l’information et la communication. Je pense pouvoir faire du bon travail ici. »
Restaurer la confiance du public envers la police
Ses priorités s’articulent autour d’une réforme structurelle des échanges avec le public, affirme-t-il sans détour. Son projet vise à structurer la diffusion de l’information en interne pour améliorer la précision et l’efficacité des messages transmis aux citoyens. Conscient qu’il y a « une image de la police à redorer », il fait de la restauration de la confiance de la population le cœur de sa mission. Son objectif est de combler le déficit d’information et de créer un lien de proximité : « L’institution fait beaucoup, mais faute d’échanges adaptés, ces initiatives passent souvent inaperçues. Mon rôle est de combler ce manque. »
Pour y parvenir, sa stratégie est double. D’un côté, il aspire à une modernisation résolue, notamment par l’usage responsable des plateformes digitales et des réseaux sociaux, « impératifs en 2025 » pour leur instantanéité, tout en respectant le code déontologique. De l’autre, cette modernisation s’accompagnera d’un retour aux fondamentaux, privilégiant la simplicité : améliorer l’accueil par les agents en première ligne, assurer un meilleur suivi des dossiers et créer des « ponts entre les citoyens et la police ».
L’équilibre délicat entre transparence et devoir de réserve
Sa jeunesse constitue un atout dans cette démarche modernisatrice, mais Suhail Lidialam prône un usage responsable des outils numériques, respectant « le code déontologique et le devoir de réserve de la police ». Sa stratégie repose sur des échanges bidirectionnels renforcés : « Il faut bien plus de dialogue avec nos partenaires, les médias. J’aspire à échanger avec les journalistes pour recueillir leurs retours et partager mes observations sur ce qui a été publié, ce qui a été dit, ainsi que sur les points perfectibles et ceux qui ne le sont pas. »
Loin de toute recherche de notoriété personnelle, il place la police au centre de sa démarche : « L’institution reste la priorité. Je m’exprimerai quand il faudra. » Cette approche mesurée s’accompagne d’une volonté de moderniser les méthodes traditionnelles avec des « interventions directes » et des échanges plus structurés.
Un appel à la collaboration
Son message aux médias se veut pragmatique et respectueux : « J’espère travailler en étroite collaboration avec la presse. Avoir une bonne relation basée sur le respect mutuel. Je respecte votre job, vous respectez le mien. » Quant au public, il insiste sur l’importance de rétablir la confiance : si la population perçoit la police comme une institution crédible et ouverte, dit-il, cela facilitera le travail des policiers sur le terrain.
Avec ce jeune DASP aux commandes du PPO, la police mise sur un profil moderne, conscient des enjeux contemporains du dialogue institutionnel. Entre respect des traditions et innovation numérique, Suhail Lidialam entend poser les bases d’une nouvelle ère où la force policière pourra enfin faire entendre sa voix avec clarté et crédibilité.
