Pravind et Kobita Jugnauth sortent leurs griffes contre Top FM et Akil Bissessur

Le Premier ministre Pravind Jugnauth et son épouse Kobita ont entamé des poursuites légales contre l’avocat Akil Bissessur et Kris Kaunhye, le directeur de Top FM et de Top TV, pour diffamation. Le couple Jugnauth réclame Rs 500 millions de dommages dans une ‘plaint with summons’ en date du 17 octobre. L’affaire sera appelée en Cour suprême dans les semaines qui viennent.

Pour rappel, cette affaire a comme toile de fond une vidéo d’enquête de Top TV sur le film Serenity, tourné à Maurice. Selon la vidéo, les producteurs du film ont empoché Rs 215 millions comme frais de remboursement sous le Film Rebate Scheme, dont une partie aurait renfloué les caisses de l’hôtel Maradiva où Sanjeev Ramdenee, le beau-frère du PM, est le gérant, et où l’épouse de Pravind Jugnauth serait actionnaire. Qui plus est, la vidéo de Top TV a été retirée de Facebook le 11 octobre, deux heures à peine après sa publication. Toutefois, ce qui retient l’attention, c’est que la poursuite intentée par le couple Jugnauth se base non sur la vidéo elle-même mais sur deux interviews radiophoniques diffusées par Top FM, où les défendeurs ont exprimé leurs points de vue sur cette affaire.

Le couple Jugnauth n’aurait pas digéré les allégations selon lesquelles lui ou ses proches auraient empoché de l’argent illictement, ou que le PM aurait abusé de son poste de PM pour faire bénéficier son beau-frère, commettant ainsi un délit. Le PM considère aussi comme diffamatoires les allégations selon lesquelles il aurait agi en dictateur et aurait essayé de porter atteinte à la liberté d’expression ou à celle de la presse en faisaint retirer les posts de Top TV sur Facebook. Il affirme que le préjudice qu’il a subi est d’autant plus grand vu que les allégations ont été faites en pleine campagne électorale.

Akil Bisessur devait être présent sur les ondes le 14 octobre, dans une émission animée par Habib Mosaheb. Il devait affirmer lors de l’entretien que le PM a « peut-être » commis des « corruption offences » et s’est demandé si une partie des Rs 215 millions remboursées a bénéficié à l’hôtel Maradiva. Pour rappel, Akil Bisessur est allé consigner une plainte à l’ICAC la semaine écoulée en son nom personnel, sous la Section 43 du Prevention of Corruption Act (PoCA), qui autorise tout citoyen de notifer la commission anticorruption de tout acte de corruption. Il avait ainsi demandé à l’ICAC d’enquêter sur le PM, son épouse Kobita et son beau-frère Sanjeev Ramdenee pour « corruption offences ».

 Kris Kaunhye était lui présent sur les ondes le 11 octobre. Il  devait alléguer que des compagnies et des « mercenaires » ont été payés jusqu’à trois millions de dollars pour enlever les posts « susceptibles de nuire à la réputation du gouvernement » sur Facebook. Il a aussi affirmé que « la population est témoin d’une véritable censure » et a dénoncé une « préparation d’une dictature », exemplifiée par la mainmise sur le bureau du DPP, ou les amendements à I’Information & Communication Technology (ICTA).